@irae Le 25 mars 1871 le comité central de la garde national écrit un appel à la vigilance et à la réflexion qui sera diffusé par affiches aux électeurs parisiens la veille des élections municipales du 26 mars. Voici ce qu’il dit :
« CITOYENS
Notre mission est terminée : nous allons céder la place dans votre Hôtel-de -Ville à vos nouveaux élus, à vos mandataires réguliers. Aidés par votre patriotisme et votre dévouement, nous avons pu mener à bonne fin l’œuvre difficile entreprise en votre nom. Merci de votre concours persévérant ; la solidarité n’est plus un vain mot : le salut de la République est assuré. Si nos conseils peuvent avoir quelque poids dans vos résolutions, permettez à vos plus zélés serviteurs de vous faire connaître, avant le scrutin, ce qu’ils attendent du vote aujourd’hui.
CITOYENS
– Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre propre vie, souffrant des mêmes maux.
– Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne considèrent que leurs propres intérêts et finissent toujours par se considérer comme indispensables.
– Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un discours, à un effet oratoire ou à un mot spirituel.
– Évitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère.
– Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du Peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue.
– Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter.
– Nous sommes convaincus que, si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèreront jamais comme vos maîtres. »
Tout Français devrait connaître ce texte salutaire.
Le 18 mars 1871 au petit matin, des troupes régulières dépêchées par le gouvernement d’Adolphe Thiers cherchent à s’emparer des canons de la Garde nationale parisienne regroupés sur la butte Montmartre. Alertés, les Parisiens s’assemblent pour les empêcher de le faire. La troupe fraternise avec la foule. C’est le début de la Commune de Paris. Le même jour, à 15 heures, le gouvernement décide de quitter Paris, avec toutes les forces armées et les fonctionnaires. Le lieu de repli est Versailles. Le 2 avril, l’armée de Versailles lance l’offensive sur Paris. Du 21 au 28 mai, elle se livre au massacre des insurgés parisiens. Plusieurs milliers y perdent la vie lors de la « Semaine sanglante ».
Dans un documentaire diffusé sur France 3 le 7 mai 2018, Emmanuel Macron évoque la réception de Vladimir Poutine à Versailles. Il justifie le choix du lieu en affirmant « Versailles, c’est là où la République s’était retranchée quand elle était menacée ». Les républicains d’autrefois se plaisaient bien souvent à valoriser la continuité étatique de la monarchie centralisée. Aujourd’hui, Emmanuel Macron se complaît dans le rôle de monarque présidentiel. Lui et sa cour se moquent des valeurs républicaines. D’ailleurs, soyez-en sûr, ces gens ne démissionneront pas, sauf si la pression sur eux devient trop forte.