L’aveu d’Olivier Dartigolles
Confrontée à un échec généralisé (pas seulement sur les plans électoral et organisationnel mais aussi sur le plan de l’effondrement du rapport des forces entre le Capital et le Travail), cette direction du PCF ne peut que reconnaître le désaveu populaire à répétition qu’elle subit – comme l’a récemment fait le porte-parole du PCF dans Le Figaro du 14 janvier 2016…. – mais jamais pour l’attribuer à la politique qu’elle mène délibérément et que caractérisent le suivisme à l’égard de la social-démocratie, la ligne euro-béate de « réorientation progressiste de l’euro », la liquidation de l’outil de masse et de classe qu’était encore le PCF, malgré les premiers glissements idéologiques survenus alors, jusqu’au refus du traité de Maastricht inclus (septembre 1992).
Au contraire, ce serait toujours de la faute au PCF en soi, de l’histoire qu’il porte en lui malgré sa direction actuelle, de ce qu’il véhiculerait de négatif au regard d’une prétendue « crise de confiance qui touche les partis ». Singulier raisonnement qui conduit à mettre en accusation le PCF ouvrier, patriote… et marxiste-léniniste des années 1930 / 1970 (à l’époque où ce parti était à la fois le premier parti dans la classe ouvrière et dans la nation, ce qui dura jusqu’à la période du programme commun) et qui dédouane les directions mutantes actuelles ; car en fait d’ « élargissement » et de « rénovation », ces directions ont conduit à la baisse dramatique des effectifs organisés, à l’écroulement électoral et au recul généralisé dans la bataille d’idées contre le Capital.
La direction liquidatrice prétend que, pour s’adresser au peuple, il faudrait au fond moins de Parti, alors qu’il en faut évidemment plus et mieux. C’est largement parce que nous n’avons plus de PCF digne de ce nom que les forces de la réaction s’avancent. C’est aussi parce que le PCF n’a cessé, sous couvert de « rénovation », de se social-démocratiser, que le PS a eu les mains libres – il ne demandait d’ailleurs que ça ! – pour se rapprocher ostensiblement de la droite et du patronat, et que la droite elle même, de plus en plus délestée de tout contrepoids politique progressiste, a pu se lancer dans ses fascisantes surenchères avec le FN.
« Il faudra tout explorer, sans tabou », nous dit alors Olivier Dartigolles, toute honte bue, alors que par avance, depuis plus de vingt ans, est éludé le bilan désastreux de la mutation-dénaturation et du ralliement destructeur du PCF au principe de la « construction » européenne. Et Dartigolles d’évoquer la possibilité d’un changement de nom du parti : « Communisme reste un joli mot. On y trouve le terme commun. Réfléchir autour de cette notion pourrait être l’un de nos grands défis, pour s’opposer aux divisions, aux inégalités. »
Nous y voilà ! Ils garderont peut-être le mot « communisme », puisqu’il faut bien gérer la « marque » et tenter d’empêcher que les vrais communistes, actuellement membres ou non membres du PCF, ne reprennent à leur compte l’héritage communiste français ; ou bien la direction du PCF conservera en guise d’alibi le mot « commun »… ou bien pourquoi pas, elle gardera seulement l’expression « com », ce fétiche de tous les « porte-parole », de tous les démagogues, de tous les partis bourgeois qui remplacent le contenu de classe, les analyses marxistes, l’organisation en classe ouvrière, par les « relations publiques »…
Encore et toujours : « rénover » pour mieux liquider !
Mais surtout, on peut gager que ces messieurs remettront en question les mots « Parti » et le mot « français » du sigle PCF.
Le Parti ? C’est « ringard » pour les petits bourgeois que les dirigeants du PCF à la dérive souhaitent flatter, toujours dans le sens du poil, à chaque nouvelle vague de cet anticommunisme qui tourne aujourd’hui à la répression maccarthyste dans un nombre croissant de pays d’Europe. Tellement « ringard » en effet que, pendant que les travailleurs de France n’auraient plus de parti à eux – avec tout ce que cela implique d’implantation dans les entreprises, de liens vivants avec le syndicalisme de classe et de masse, d’organisation à la fois démocratique et centralisée pour faire face au Capital de référence assumée à l’histoire du Mouvement ouvrier et communiste international et français (Commune de Paris, Révolution d’Octobre, Congrès de Tours, Front populaire, Résistance patriotique armée, combats héroïques de l’Armée rouge, œuvre des ministres franchement communistes de 1945/47, luttes de l’après-guerre pour la paix, la démocratie, l’indépendance nationale, le progrès social, contre le colonialisme et les croisades antisoviétiques…), les forces réactionnaires, elles, se doteraient sans états d’âme de puissants partis réactionnaires et fascisants pour écraser le mouvement populaire, liquider l’indépendance et l’existence même des nations, pour menacer la paix du monde et pour reprendre jusqu’au dernier tous les acquis sociaux, démocratiques, laïques, etc. qu’a arrachés au prix du sang le mouvement ouvrier et démocratique français.
La France ? Cela fait des années que la fausse gauche et ceux qui la suivent laissent les fascistes souiller la Nation sans la défendre en répudiant l’idée de souveraineté nationale et en soutenant les illusions paralysantes du Parti de la Gauche Européenne sur l’impossible « réorientation progressiste de l’UE ». C’est au contraire quand le PCF des Cachin, Thorez, Duclos, Frachon, Croizat, Sémard, Danielle Casanova, etc. puis, de manière moins conséquente, celui de Georges Marchais, mettaient la classe ouvrière au cœur de la nation en unissant dans les luttes le drapeau rouge au drapeau tricolore, que le PCF était devenu, pour le bien du peuple français, le premier parti de France avec une solide influence dans les milieux intellectuels (Politzer, Aragon et Elsa, Eluard, Langevin, Wallon, Picasso, Léger, Lurçat, Jean Vilar, etc.). Comment s’étonner au contraire, alors que la référence à la classe ouvrière a depuis longtemps été rayée des statuts du PCF (ainsi que celles au centralisme démocratique, à l’internationalisme prolétarien, au marxisme-léninisme…) et que le PCF a de fait substitué à la bataille pour le produire en France les fumées de l’ « Europe sociale » (introuvable !) et du « service public européen », si le dangereux FN s’implante dangereusement dans nombre de localités communistes ou ex-communistes, Nord-Pas-de-Calais, Région parisienne, etc. ?
En revanche on peut parier que les dirigeants de l’actuel PCF-PGE ne toucheront jamais au « tabou » majeur : l’affiliation de leur nouveau mouvement « pour le communisme » (cette notion qu’ils veulent vider de tout contenu de classe précis) au Parti de la Gauche Européenne, que préside M. Pierre Laurent, ainsi que l’adhésion de ce mouvement aux mythes réformistes paralysants de la « réorientation sociale, démocratique et pacifique » de l’UE, cette prison des peuples dont la capitulation finale d’Alexis Tsipras, soutenue par Pierre Laurent, a prouvé qu’elle est totalement antinomique de progrès social, de solidarité internationale et d’indépendance nationale.