Le mot vieux , qui peut inspirer ailleurs la considération et le respect, est péjoratif dans les pays du fitness, du botox, des produits anti-rides, des centres de bronzage, du silicone mammaire et fessier, des implants capillaires payables en billets planqués en Suisse par Jérôme Cahuzac.
Le mot professeur est discrédité par les sempiternelles calomnies qui accablent les enseignants (vacances, semaines de 12 heures, congés de maladie) et qui ont été entérinées par nombre de leurs ministres.
Le mot Russie fait peur, même si ce pays européen, pétri de culture française, amoureux de notre langue, n’a jamais envoyé un soldat sur notre sol (c’est nous qui l’avons jadis dévasté) et même s’il a contribué, au prix de sacrifices indicibles, à défaire une armée dont la botte nous écrasait.
Le mot guerre rassemble le troupeau bêlant des électeurs comme les moutons autour du berger quand rôde le loup. Donc, nous sommes en guerre contre le terrorisme et ce que dit Trump sur le Brexit est « une déclaration de guerre à l’Europe » (dixit Manuel Valls).
Le mot musulman est un épouvantail de première si on l’associe à des pays à bombarder (1) pour des raisons que je n’ai pas la place de développer ici (mais LGS l’a fait par ailleurs). Attention de ne jamais le rapprocher de : Maroc, Qatar, Arabie Saoudite, suite royale louée au Ritz, etc.
Donc, rien d’étonnant si, lors du 3ème débat organisé depuis la rue de Solférino, l’on a entendu des candidats ironiser sur les vieux professeurs, réclamer des sanctions accrues contre la Russie, approuver notre intervention aérienne en Syrie.
Cependant, grande fut ma déception de voir la Chine épargnée par les 7 pointures alignées derrière un pupitre, par ces échantillons du génie politique, ces parangons de désintéressement personnel, ces visionnaires qui aspirent à façonner notre futur avec des idées qu’approuverait n’importe quelle momie ressuscitée. J’ai compris la raison de cette lacune en voyant le marché ricaner sur les minables performances économiques du tigre de papier pékinois : sa croissance économique s’essouffle : + 6,7% l’an dernier (contre 6,9 en 2015).
Les 7 futures gloires de la République faisaient tellement de bruit avec leur bouche que je ne les ai pas entendues disserter sur notre 1,2% de croissance en 2016 et sur leur promesse de passer à, peut-être (soyons fous), 1,3% en 2017.
Théophraste R. (politologue officieux non médiatisé).
Note :
(1) Pardon, je voulais dire « pays à libérer par des frappes chirurgicales sur des objectifs militaires blottis dans des villes sans population civile ». Le lecteur aura rectifié de lui-même s’il lit le Monde et Libé.