Cher Théophraste R.,
Vous me décevez car vous participez à la curée.
Il est facile de dénigrer l’hôte élyséen.
Nonobstant la haute fonction républicaine, bat un petit cœur d’homme.
Avec ou sans casque, tel un atlante, il s’est offert pour supporter le destin de la Communauté nationale.
Alors, continûment, il se doit d’incarner la grandeur aux périls des autres.
Assidûment, il se doit de veiller aux moindres détails, même s’il en coûte.
En toute occasion, se faire le meilleur placier du savoir-faire national.
Longuement, distiller des confidences pour alimenter les autoroutes de l’info, pour mieux taire l’inavouable.
Satisfaire ses amitiés, combattre son ennemi, contenter ses amis sans décevoir ses sujets, telle est sa mission.
Ne pas ménager sa peine, user s’il le faut de moyens confondants, voire contondants.
Multiplier les commémorations avec componction, conserver cette figure piriforme qui montre,s’il est besoin, la gravité de la tâche.
Se représenter dans une ultime oblation, tel est l’unique objet de son acharnement.
Vous l’aurez compris : « la critique est aisée, et l’art est difficile ». Mais, en plus, il serait hâtif de le taxer de petit père de l’anaphore, quand domine l’antiphrase !