Je nous tire un sort :
"Les Zaporogues, cependant, partaient en expédition navale. Deux cents barques furent mises à flot sur le Dniepr, et bientôt l’Asie Mineure vit ces guerriers à tête rasée et à long toupet porter le fer et la flamme sur ses rivages florissants ; elle vit les turbans de ses populations musulmanes éparpillés, tels ses fleurs innombrables, à travers ses champs ensanglantés et flottant le long de ses rives ; elle vit passer, en nombre incalculable, des pantalons bouffants tachés de goudron et desbras musclés armés de cravaches noires. Les Zaporogues dévastèrent ses vignes et dévorèrent ses raisins ; ils laissèrent dans les mosquées des montagnes de fumier ; ils garnirent leurs bottes et ceignirent leurs tuniques maculées de précieux châles de Perse. Et longtemps après leur départ, on retrouvait encore sur les lieux de leur passage des brûle-gueule de Zaporogues. Ils s’en rretournèrent le coeur joyeux. Un vaisseau turc les prit en chasse et, d’une salve de ses dix pièces, dispersa comme un vol d’oiseaux leurs frêles embarcations."
Nicolas Gogol, Taras Boulba (p. 495 des Oeuvres complètes).