Monsieur le Président,
Nous sommes déjà en février 2012, et les cinq patriotes cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino, et René González ne sont toujours pas libérés. On ne peut pas dire de René González qu’il soit libre, il n’est pas autorisé par votre justice à rentrer dans son pays, avec tous les dangers que cela comporte pour lui.
Dans ma précédente lettre je vous écrivais que nous étions nombreux à espérer un acte de réciprocité humanitaire qui permettrait à Alan Gross de rejoindre sa famille aux Etats-Unis, et aux cinq Cubains de rentrer chez eux à Cuba.
J’ai été choquée de lire dans l’éditorial du « Washington Post » du 31 décembre 2011 :
« Â …Le gouvernement Castro voit M. Gross comme une carte maîtresse dans sa campagne pour obtenir le retour des États-Unis de cinq espions cubains. Cette façon de voir a malheureusement reçu l’aval de célébrités d’Hollywood, de Lauréats de prix Nobel et même, en quelque sorte, de l’ancien président Jimmy Carter, qui a appelé à la libération des espions lors de sa visite à La Havane en mars (en disant que leur cas devrait être "différencié" de celui de M. Gross).
Il n’y a aucune équivalence, morale ou autre, entre l’espionnage illégal des Cubains et la conduite de M. Gross. Les cinq Cubains ont été condamnés à de longues peines de prison en 2001 puisque, entre autres, ils opéraient comme des agents étrangers non déclarés et infiltraient des installations militaires US de la Floride du Sud. Ce sont des officiers reconnus comme faisant partie du service de l’Intelligence cubaine, à la différence de M. Gross, simple humanitaire qui s’est trouvé mêlé à des différents américano-cubains au sujet des efforts américains pour promouvoir la société civile dans l’île…Â »
Quel manque d’éthique, de la part d’un journaliste de qualifier les cinq Cubains d’espions , quand la charge d’espionnage n’a pas été retenue contre eux, et d’ écrire que «  malheureusement » des célébrités voient d’un bon oeil un possible échange d’Alan Gross contre les Cinq. Un vrai journaliste se doit de connaître son sujet et de le traiter avec impartialité.
Il n’y a effectivement «  aucune équivalence, morale ou autre » entre Alan Gross et les cinq Cubains. Je me garderais bien de porter le moindre jugement sur Alan Gross. Qu’il se soit fait piéger croyant faire de l’humanitaire auprès de la communauté juive de Cuba, sans connaître les tenants et les aboutissants de l’USAID, est peut-être vrai. Par contre l’USAID nous connaissons, nous savons qu’elle finance un programme dont le but est le changement de régime à Cuba. (cf article joint). Alan Gross a été arrêté avec tout un arsenal de téléphones satellitaires. Cuba, victime depuis plus de 50 ans du terrorisme, interdit l’entrée sur son territoire de tels téléphones qui peuvent être utilisés pour l’organisation d’attentats. La communauté juive de Cuba a d’ailleurs précisé n’avoir aucun contact avec cet homme, ni besoin de son matériel.
Les cinq Cubains, eux, n’ont jamais cherché à nuire au gouvernement des Etats-Unis, mais seulement à protéger leur pays en infiltrant les groupes terroristes de Floride, pour déjouer leurs plans morbides. Le ministère public nord-américain l’a d’ailleurs reconnu d’entrée :  «  la lutte contre le terrorisme est la motivation des accusés et les motivations ne doivent pas être révélées au jury » (documents officiels, Motion in Limite du ministère public, 2000).
C’est vrai que pour cette mission délicate et dangereuse, les Cinq n’étaient pas déclarés, et trois d’entre eux opéraient sous une fausse identité. Ils n’avaient pas le choix, les autorités nord-américaines étant pour la plupart complices des terroristes. Si nous en doutions, cette complicité est manifeste aujourd’hui. Après leur arrestation, les Cinq ont été séquestrés, sans communication, dans des cellules d’isolement pendant 17 mois dans le el Centro de Détention de Miami. Un jugement impartial leur a été refusé, Miami est un espace de non droit, violent, où de surcroît, l’ambiance n’était pas à la sérénité avec l’histoire du «  petit Elián González » qui surchauffait les esprits à ce moment là .
Comme si cela ne suffisait pas, les journalistes qui couvraient le jugement étaient payés par le gouvernement fédéral de Floride pour entretenir cet état de haine contre les Cubains, et influencer ainsi le jury.
Les avocats ont eu accès à très peu de documents pour défendre les Cinq, la plupart étant classés «   secret ». Gerardo Hernández a été condamné à vie pour conspiration pour assassinat, alors que l’accusation elle-même a reconnu qu’il était impossible d’étayer cette accusation. La destruction en vol des deux petits avions de l’organisation Hermanos al Rescate, aurait pu être évitée si cette organisation avait cessé ses survols du territoire cubain et tenu compte des nombreuses mises en garde.
L’éditorial du Washington Post, entretient une ambiance délétère contre Cuba, et nuit à de meilleures relations entre vos deux pays. Ce n’est malheureusement pas un cas unique.
Une fois de plus, je vous demande, Monsieur le Président, d’agir pour rendre enfin à ces cinq patriotes Cubains la liberté dont ils sont privés depuis plus de treize ans.
Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.
Jacqueline Roussie
(France)
Le premier février 2012.
Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500
Copies envoyées à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Kathryn Ruemmler, Janet Napolitano, à Messieurs. Harry Reid, Eric Holder, John F. Kerry, Pete Rouse, Donald, Rick Scott, et Charles Rivkin, ambassadeur des Etats-Unis en France.
Time to clean up U.S. regime-change programs in Cuba
BY FULTON ARMSTRONG (the Miami Herald, 25/12/2011)
FULTONA1@YAHOO.COM
As USAID subcontractor Alan P. Gross marked his second year in a Cuban prison for carrying out secret "democracy promotion" operations, White House spokesman Jay Carney demanded his immediate release and gloated : "Cuban authorities have failed in their effort to use Gross as a pawn for their own ends." The message is simple : Gross is our pawn, not the Cubans’.
The administration’s signals throughout the Gross affair have been clear. To Havana, it’s been "no negotiation." To Gross, "tough luck." And to Americans who think our 50-year Cuba policy should be reviewed, it is, "Don’t hold your breath."
When a covert action run by the CIA goes bad and a clandestine officer gets arrested, the U.S. government works up a strategy for negotiating his release. When a covert operator working for USAID gets arrested, Washington turns up the rhetoric, throws more money at the compromised program, and refuses to talk.
For three years, I was the Senate Foreign Relations Committee’s lead investigator into the political operations of the State Department and USAID in Cuba and elsewhere in Latin America. The Cuba programs "” designed to identify, organize, train and mobilize Cubans to demand political change "” have an especially problematic heritage, including embezzlement, mismanagement, and systemic politicization. Some program successes costing millions of taxpayer dollars, such as the creation of a network of "independent libraries," were grossly exaggerated or fabricated.
An oversight committee’s mandate is to ensure that funds "” about $20 million a year but surging to $45 million in 2009 "” are used effectively and in a manner consistent with U.S. law. State and USAID fought us at every turn, refusing to divulge even basic information about the programs, citing only a document of vague "program objectives."
The programs did not involve our Intelligence Community, but the secrecy surrounding them, the clandestine tradecraft (including the use of advanced encryption technologies) and the deliberate concealment of the U.S. hand, had all the markings of an intelligence covert operation. We never requested the names of their on-island operatives, but program managers claimed that "people will die" if we knew the names of even U.S.-based "partner" groups.
The programs were not a secret in Cuba. The Cuban government had them deeply penetrated. We did not know who Alan P. Gross was "” indeed, the State Department vehemently denied he was theirs after his arrest, and even some of our diplomats in Havana thought he was working for CIA. But it was clear that the Cubans had been on him. Cuban television has shown video of other contractors in action on the island.
Only Gross can say what he knew about Cuban law as he carried out his $585,000 contract, including five visits to Cuba. He has said that he was "duped." We confirmed that State and USAID had no policy in place to brief individuals conducting these secret operations that they are not legal in Cuba, nor that U.S. law does not allow unregistered foreign agents to travel around the country providing satellite gear, wide-area WiFi hotspots, encryption and telephony equipment and other cash-value assistance.
Administration policy is that Cuban recipients not be told the origin and purpose of the assistance "” unless they ask directly. Some Cubans can guess, of course, but the implications of non-disclosure, especially as new programs target children as young as 12, are significant in a country that expressly outlaws receiving U.S. funds.
USAID has emerged as a covert warrior to undermine anti-U.S. regimes worldwide "” without the burden of accountability imposed on the Intelligence Community. The regime-change focus of the programs is explicit : Rather than fund them under education and cultural authorities, the Bush and Obama administrations have insisted on citing authorities in the Helms-Burton "Libertad Act" prescribing a post-Castro future for Cuba.
Fixes have been repeatedly proposed to increase efficiencies and steer funds to help the Cuban people improve their lives, such as by taking advantage of the incipient economic adjustments that Raúl Castro has begun "” to help people help themselves, not just organize and mobilize them for protests. USAID’s firm reaction has been that the programs are not to help Cubans live better lives today but rather help them demand a better future tomorrow. Regime change.
Like the other millions of dollars we have spent to topple the Cuban government, these programs have failed even to provoke the regime, except to arrest Gross and hassle people who have accepted assistance from other on-island operators. Our policy should be based on what’s effective at promoting the U.S. national interest "” peaceful, democratic and evolutionary change "” not engaging in gratuitous provocations.
Rhetoric and actions that prolong the prison stay of an innocent American apparently duped into being a pawn in the U.S. government’s 50-year effort to achieve regime change in Cuba are counterproductive. It’s time to clean up the regime-change programs and negotiate Alan P. Gross’s release.
Fulton Armstrong has worked on the Cuba issue on the National Security Council during the Clinton administration and later as National Intelligence Officer for Latin America and senior advisor on the Senate Foreign Relations Committee.