Sous l’ancien régime, toutes les charges s’achetaient. Petit à petit, on créa la Fonction publique, avec l’idée que tous les citoyens postulants à un emploi étaient théoriquement égaux. Il reste aujourd’hui quelques charges vénales dont on pourrait fort bien se passer : notaires, huissiers, commissaires-priseurs.
La Fonction publique française, c’est la République française, et vice-versa. Pour le gang du Fouquet’s, ceci est intolérable et doit cesser. A commencer dans l’enseignement. Une mission parlementaire, présidée par un UMP, agrégé de l’université, issu d’une famille de gauche (les renégats font les meilleurs traîtres) vient donc de programmer la fin des concours de recrutement pour les enseignants. Ces concours datent de 1833 pour les instituteurs et 1879 pour les institutrices. L’agrégation date du début du XIXe siècle. Le CAPES date de 1950.
A terme, les concours (agrégation, capes) seront remplacés par un master. Les autorités académiques ou les établissements recruteront les enseignants sur la base d’un entretien professionnel, comme cela se pratique dans de nombreux pays, à commencer par le Royaume-Uni et les États-Unis. Au sein de la mission parlementaire qui a élaboré ce projet, la droite a voté pour, l’unique députée communiste a voté contre. Les socialistes se sont abstenus.
Le député Grosperrin (agrégé d’Éducation physique, ancien champion de France de lutte - prudence quand on l’aborde, donc), qui a présenté ces propositions, reconnaît que les Français ne sont pas « prêts » à une telle réforme et qu’il faudra une dizaine d’années pour que ce projet puisse entrer dans les moeurs. Vu ce que les Français ont avalé comme couleuvres depuis cinq ans, je dirai que l’armoire à glace franc-comtoise est pessimiste.
Il va de soi que de telles modalités de recrutement renforceront le copinage et le piston, ainsi que les inégalités régionales et entre les établissements. Les mutations, les promotions qui, jusqu’alors, s’effectuaient au sein de commissions paritaires composées pour moitié de représentants des enseignants démocratiquement élus, seront le fait de quelques petits princes.
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Le 6 juillet, nous avons appris la bonne nouvelle suivante : le rapport Grosperrin venait d’être rejeté par la commission plénière des affaires culturelles et éducatives (15 contre, 11 pour, 2 abstentions).