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Colombie : lettre des FARC à Piedad Cordoba

A Madame la Docteure Piedad Córdoba

Bogotá

Salutations Cordiales

Mus par un même impératif éthique nous nous adressons à vous pour vous exprimer en ces temps décisifs de votre vie politique notre solidarité inconditionnelle face à la brutale atttaque du ministère du la justice contre votre effort humanitaire en faveur de la paix colombienne.

La décision du procureur Alejandro Ordóñez est une véritable aberration juridique et politique qui est due à la pression maladive, à la haine et à la vengeance de l’ex-président Uribe Vélez, chef indiscutable, impuni jusqu’à maintenant, du paramilitarisme et de la para-politique en Colombie.

Le pays ne peut pas permettre que soit banalisée l’absurde criminalisation de la recherche de la solution politique au conflit. Ordóñez agit à l’encontre du droit. Il est plus prévaricateur que procureur. En inhabilitant pour 18 ans la sénatrice, prétendant la condamner à la mort politique, non seulement il outrepasse ses fonctions, usurpant le rôle qui revient au Conseil d’État. Par ailleurs il appuie sa misérable décision sur les supposées informations d’un ordinateur, lesquelles ne peuvent pas constituer des preuves juridiques parce qu’elles ont été manipulées par la police.

Dans ce casi il n’y a pas de droit à la défense ni à un procès juste. Piedad Córdoba n’a perdu aucun procès. C’est un paradoxe que les fonctionnaires délinquants qui l’espionnaient pour pouvoir la mettre en cause fuient maintenant à l’étranger pour échapper à la justice.

Les actes du « prévaricateur général », qui convertit en délit la lutte pour la paix, montrent qu’il est aux ordres. La sénatrice Córdoba non seulement agissait avec l’aval de l’exécutif, mais elle le faisait dans le cadre de la Constitution, laquelle consacre la recherche de la paix comme un droit et comme un devoir.

Le terme trompeur FARC-polà­tique est une invention du chef paramilitaire qui a occupé la présidence de la République pendant 8 ans, c’est une action désespérée pour dévier l’attention, pour faire oublier sa responsabilité pénale dans le scandale de la para-polà­tique.

Le procès de la para-polà­tique porte sur des votes et sur le prosélitisme armé des groupes paramilitaires en faveur de candidats au Congrès. Le chef paramilitaire Salvatore Mancuso se vantait à l’époque de contrôler 30% du Congrès. Le paramilitarisme a également contribué à l’élection du président de la République à deux reprises, par des pressions, des fraudes électorales et des financements en dollars.

Il ne peut y avoir de procès de la FARC-politique parce que nous n’avons jamais favorisé le vote en faveur de Piedad Córdoba. Nous n’avons participé à aucun débat électoral depuis que l’intransigeante oligarchie colombienne a massacré l’Union patriotique.

Au cours de l’échannge épistolaire que nous avons eu avec la sénatrice sur le thème de l’issu politique au conflit que l’accord de paix qui surgirait de la table des conversations FARC-gouvernement doit être ratifié par une Assemblée nationale constituante. Elle donnerait une force constitutionnelle à ces accords de façon à garantir l’acclimatation de la paix. Dans le Manifeste des FARC, Plateforme bolivarienne pour la Nouvelle Colombie, nous invitons le pays à travailler à la construction d’une alternative politique, orientée vers la paix, objectif que nous réitérons aujourd’hui.

La sanction contre Piedad Córdoba est immorale et injuste, basée sur des préjugés et de viles intérêts politiques. Le pays qui aspire à la paix, lassé du bellicisme de l’État, doit se joindre à la sénatrice et l’accompagner dans sa marche résolue vers cet objectif. Si l’injustice persiste, personne ne pourra empêcher que ne se lève en Colombie un puissant mouvement pour la paix conduit pas ses filles et ses fils les plus clairvoyants.

Geste d’humanité et pour réparer l’offense faite à la sénatrice de la paix, nous libérerons cinq prisonniers : le major de la police Guillermo Solórzano, le caporal de l’armée Salà­n Sanmiguel, le marin Henry López Martà­nez et le président du conseil municipal de San José del Guaviare Marcos Vaquero et le président du conseil municipal de Garzón (département du Huila) Armando Acuña. Les FARC mènent des enquêtes pour corruption concernant ces dernières personnes. La décision est prise et la date dépendra des garanties que donnera le gouvernement pour que la sénatrice Córdoba puisse recevoir les personnes libérées.

Notre lutte pour l’Échange de prisonniers reste inchangée. Nous ne céderons pas sur la question de la libération de Simón Trinidad - archétype de l’honneur et de la fermeté du révolutionnaire des FARC -, ni sur le retour à nos campements des nôtres qui se trouvent dans les prisons du régime ou de l’empire. A eux tous notre message d’encouragement et d’espoir.

Madame la Sénatrice nous sommes d’accord avec vous, et avec l’immense majorité de nos compatriotes, pour dire que la guerre ne peut pas être le futur de la Colombie.

Secrétariat de l’État Major Central des FARC-EP

Montagnes de Colombie

Décembre 2010

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