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Maintenant, c’est la police qui veut qu’on relâche des coupables !

Une voiture de police qui poursuivait un automobiliste blesse un policier. Sept policiers impliqués (et assermentés) imputent l’accident au conducteur qu’ils viennent d’arrêter (et de frapper. Ah, ça, quand un saigne, tous ont les nerfs…).

Le mensonge éventé, les policiers sont condamnés à six et douze mois de prison ferme.

Pour avoir blessé un policier, le conducteur (pas innocent pour autant) risquait une condamnation à perpétuité.

Devant le palais de justice de Bobigny, les passants ne la ramènent pas : 200 policiers manifestent, certains en tenue. Ils ont le droit ? Ils embouteillent la rue. Ils ont le droit ? Sirènes hurlantes pour troubler le tribunal. Ils ont le droit ? Ils contestent une décision de justice. Ils ont le droit ? Le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux et le Préfet de Seine-Saint-Denis font de même. Ils ont le droit ?

A ces questions un démocrate, un juriste, un gardien, non pas de l’ordre (sic), mais de la Constitution, répondent non. Le parquet de Bobigny (adepte des trois petits singes) laisse couler, puis fait appel de la condamnation. Le ministre de la Justice se tait devant ces violations répétées de la loi de la base au sommet.

On parie que les sept mercenaires finiront par écoper d’un sursis, d’un blâme, d’un avertissement, de la suppression d’une prime, de six mois de retard dans l’avancement, d’une mutation à Bagnolet ou au ministère, de 3 points de moins au permis ou de l’interdiction d’acheter des huîtres* au commissariat ?

On parie que, inspirés par cet exemple, leurs collègues feront monter la crainte (et la haine) du flic dans la République ?

Théophraste R. (anti-John Wayne).

* Je ne cite que les huîtres, pour ne pas alourdir la peine qui aurait pu s’étendre au foie gras, chocolat, Bourgogne, etc.

URL de cette brève 1436
https://www.legrandsoir.info/maintenant-c-est-la-police-qui-veut-qu-on-relache-des-coupables.html
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Commentaires
12/12/2010 à 16:45 par Bernard Gensane

Les policiers peuvent manifester à condition que la manifestation soit déclarée dans les règles. Ils doivent manifester sans armes, et pas dans les voitures de service qui appartiennent à l’État, donc à nous.

De par leur statut militaire, les gendarmes n’ont aucun droit, ce qui ne les a pas empêché de manifester armés et en voiture (crevant, la marche à pied !) lorsque Jospin était Premier ministre.

Hortefeux marche sur les traces du prince Poniatowski, ministre de l’Intérieur de Giscard qui ne se privait pas de commenter des décisions de justice (sans avoir été condamné pour racisme, cela dit). Lors de l’affaire Patrick Henry, il déclara que, s’il était juré, il se prononcerait pour la peine de mort. A noter que lorsque Giscard l’avait nommé ministre, il avait créé un précédent : dans l’ordre protocolaire, le ministre de l’Intérieur passait avant le ministre de la Justice.

Après avoir sévi dans les hautes sphères, Poniatowski travailla comme représentant de commerce (de luxe) de Sony. Puis il mourut, comme tout le monde.

#65402 
13/12/2010 à 02:30 par B.Bec

« Ah, ça, quand un saigne, tous ont les nerfs… »

Il manquerait pas un mot quelque part dans la phrase ?

B.Bec
http://www.bbec.lautre.net/www/spip_truks-en-vrak/

#65411 
13/12/2010 à 08:03 Théophraste R.

« Ah, ça, quand un saigne, tous ont les nerfs… » Il manquerait pas un mot quelque part dans la phrase ?

Ben non, il ne manque rien.

Je parlais des policiers et quand un (policier) saigne, tous (les policiers) ont les nerfs. Ellipses.

On pourrait dire aussi, si l’on avait mauvais esprit : "Quand un ment, tous mentent".

Ou (mais c’est bien lourd et ça ne deviendra jamais un cri de ralliement universel) : un mousquetaire pour tous les mousquetaires, tous les mousquetaires pour un mousquetaire.

Si vous ne me croyez pas, allez montrer ce billet au commissariat de Bobigny, ils confirmeront ma théorie de partage corporatiste de la douleur. :-))

#65414 
13/12/2010 à 10:08 par emcee

C’est à n’y rien comprendre ... ou plutôt si.

L’"intelligentsia" au pouvoir n’avait, il y a peu, pas de mots assez durs pour dénoncer le "laxisme" des juges du tribunal de Bobigny. A tel point qu’ils ont changé les chevaux de tête.

De quoi se plaignent-ils donc ? Des policiers qui commettent des faux en vue de faire inculper un pékin à leur place (à une lourde peine, qui plus est), me semble tout à fait répréhensible et condamnable dans une république et un Etat de droit.

Oui, mais voilà ...

#65416 
14/12/2010 à 20:54 par pascal

pourquoi le préfet n’a pas mobilisé les CRS pour disperser cette manifestation non autorisée ?
pourquoi devant ce laxisme sarkozy ne l’a pas limogé,ou déplacé ?
il l’a fait pour le préfet de corse juste parce-que des manifestants sont entrée dans la propriété d’un de ces amis .
Troublé l’ordre publique et le bon fonctionnement de la justice me semble beaucoup plus grave, d’autant plus qu’en c’est des représentants de l’ordre qui la trouble...

#65439 
15/12/2010 à 21:13 par gus de nantes

les loups ne se mangent pas entre eux ....

les animaux malades de la peste .....

donc ici on voit qu’un pouvoir totalitaire et autocratique se permet tout , pendant ce temps la l’opposition , aveugle , sourde , muette , souffrant aussi d’autisme est heureuse de nous annoncer son rassemblement ,
les journalistes de la presse financière continuent a parler des prises d’otages de la CGT ,
pendant ce temps la les bavures sans nombres se perpétuent dans un chuintement discret ,

tirer sur un enfant qui pousse une poubelle ,manifester pour protéger ceux qui bafouent leur métier , changer les quartiers en zone de chasse pour frustrés

arretez moi si je me trompe , mais ? elle est ou l’égalité ? quand un type blesse un fonctionnaire de police , fusse dans l’exercice de son métier , si il aggrave son geste accidentel par de coupables actions ne faut il pas lui interdire la profession ?

non il est nécessaire de manifester afin de bien nous faire comprendre a tous que de merveilleuse personnes sont au pouvoir , qu’ils se veulent au dessus des lois ......... a quand une petite rafle ? allez un effort messieurs,je suis sur qu’il vous reste encore pleins d’autres bonnes idées afin de "sauver la france du péril ......(vous compléterez selon les besoins de la cause)"

#65461 
16/12/2010 à 01:13 par mediacideur

Le communiqué du Syndicat de la Magistrature :

« L’affaire de Bobigny », dans laquelle sept policiers viennent d’être condamnés pour une véritable machination ayant consisté à accuser sur procès-verbal une personne d’un crime qu’elle n’avait pas commis, révèle une dérive institutionnelle exceptionnellement grave qui met en cause plusieurs services de l’Etat.

Parmi ceux-ci, le procureur de la République de Bobigny porte une responsabilité éminente, à au moins trois titres. Tout d’abord, le jour où les faits ont été découverts, il a, contre l’avis de ses propres services, refusé de désigner un juge d’instruction indépendant, seul à même de conduire une enquête exhaustive et dépassionnée, préférant renvoyer directement les policiers devant un tribunal : cette décision, difficilement admissible, répondait d’évidence à des considérations étrangères à la bonne administration de la justice… Ensuite, il n’a pas hésité, en contradiction totale avec le code de procédure pénale, à imposer au vice-procureur d’audience les peines qu’il devait requérir, peines qui étaient sans commune mesure avec la gravité de l’affaire. Ce faisant, le procureur entendait visiblement masquer cette gravité, mais il a surtout empêché les prévenus de se préparer aux peines qui ne manqueraient pas d’être prononcées. Enfin, vendredi 10 décembre, en annonçant immédiatement, sans prendre le temps de la réflexion, qu’il faisait appel de la décision du tribunal - ce qui est rarissime lorsque les réquisitions du parquet sont dépassées -, il a contribué à jeter le discrédit sur cette décision de justice, et à donner le sentiment d’une soumission totale du ministère public à la police et au pouvoir exécutif.

Les policiers qui ont manifesté bruyamment après l’audience, à bord de leurs véhicules de service, se sont également déshonorés, épaulés en cela par des syndicats qui sont désormais, de façon presque systématique, à l’unisson de la place Beauvau. En soutenant de la sorte leurs collègues qui avaient très gravement failli, ils ont donné l’image d’une police qui ne supporte pas de rendre des comptes et se prétend au-dessus des lois - alors même que certains de ses membres venaient de trahir la confiance que leur portaient le peuple et les magistrats. Le Syndicat de la magistrature n’oublie pas, toutefois, que les policiers qui ont manifesté n’étaient qu’un faible nombre et qu’ils ne représentent heureusement pas l’ensemble de la profession.

Le ministre de l’intérieur et le préfet de la Seine-Saint-Denis ne sont pas en reste. En jugeant légitime la scandaleuse réaction des policiers, et en laissant entendre que la peine prononcée est disproportionnée, ils viennent de démontrer leur inféodation totale à la police et de manifester une conception singulièrement médiocre de leurs fonctions. Plutôt que de prendre acte d’une condamnation qui les obligeait à admettre d’évidents et graves dysfonctionnements, d’appeler au calme et au respect des institutions, ils ont choisi de céder à la pression policière et de se livrer à un nouvel exercice de style démagogique.

Le Syndicat de la magistrature constate avec regret que le corporatisme policier est désormais susceptible de disqualifier le fonctionnement de la justice, et d’aiguiller les déclarations des plus hautes autorités, qui se sentent sans doute plus à l’aise avec l’Etat de police qu’avec l’Etat de droit.

Il rappelle qu’au fondement de toute société se trouve un principe de confiance envers les actes effectués par la police, confiance sans laquelle il ne peut exister ni justice, ni République.

Qu’on y prenne garde : lorsque les conditions de jugement d’une affaire aussi grave prennent de telles proportions, lorsque des policiers et leur ministre se permettent de telles réactions, c’est un peu du pacte démocratique qui s’en va.

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