IL EST INDECROTTABLE.
Par Jean Ortiz.
Bartolomé Bennassar a une dimension intellectuelle, scientifique, que l’on ne peut que saluer, spécialiste incontournable de l’époque moderne, de l’Inquisition... Je l’aime aussi lorsqu’il parle de tauromachie et de pêche à la truite. Mais lorsqu’il aborde la Guerre d’Espagne et le franquisme, il devient myope ou plutôt "équidistant". Il a récidivé jeudi soir dans le "Cinq-Sept" de France-Inter, chez l’impertinent Philippe Colin. Ainsi il y aurait eu des fosses communes des deux côtés (ah, les fameux « deux camps », les « deux Espagne » !), 6000 instituteurs tués par les franquistes et 6000 prêtres assassinés par les Républicains ... Match nul et la balle au centre ! Et puis le juge Garzón : "il est allé trop loin" ... Joder ! Tú también le quieres cortar la cabeza ? Jadis, dans les colonnes de "El Paàs", un éminent historien espagnol traita son ouvrage La Guerre d’Espagne et ses lendemains de "révisionniste".
Le livre fut publié en Espagne sous le titre sans équivoque : "El infierno fuimos nosostros". Il n’y eut ni bons ni méchants (je sais, c’est manichéen et nullement post-moderne) et des deux côtés y lisait-on, la volonté d’exterminer..."Durant la guerre civile s’est déchaînée, de part et d’autre, la même volonté d’exterminer l’adversaire" (La guerre d’Espagne et ses lendemains, Ed. Perrin, 2004, p. 457) Plus loin : "Un modèle à ne pas imiter est celui (du livre collectif) "Las fosas de Franco" (p. 458) Et encore : "Quelques enquêtes conduites avec un soin extrême (...) réduisent souvent le nombre des victimes, quel que soit le camp des bourreaux" (p. 465) L’ordonnance du juge Garzón recense une liste incomplète de 114 000 Républicains "disparus"... Et ceux qui mettent en accusation la transition : "ces voix ne sont-elles pas, précisément, des voix d’amnésiques ?" (p. 479)
... Les centaines d’historiens qui remettent aujourd’hui en cause le mythe de la transition "modélique", les milliers de victimes encore vivantes, la multitude de fils et petits-fils de suppliciés, les militants des associations de récupération de la mémoire, ceux qui ouvrent les fosses à la place de l’Etat : tous des amnésiques ?? Te estás pasando Bartolomé. No se puede torear asà. ¡Arràmate a la verdad ! ¡Torea de verdad y no como un pegapases ! Renvoyer dos-à -dos franquistes et Républicains (Equiparar a franquistas y a Republicanos), es puro revisionismo. ¿Cómo puedes andar todavàa con esos tópicos que huelen a rancio ? Te estás hundiendo Bartolo ; un poco más, y te ahogas...
Un abrazo, con toda la consideración que a pesar de todo te mereces,
Jean Ortiz.
Jean Ortiz est professeur à l’Université de Pau. Fils d’un combattant républicain espagnol de la Guerre d’Espagne (qui fut par la suite résistant dans l’Aveyron), il a été correspondant de "L’Humanité", en Amérique latine. Il est Maître de Conférences à l’Université de Pau et syndicaliste. Il a créé et anime depuis 1992 le Festival latino-américain "CulturAmérica" à Pau.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Sobre la gesta de los guerrilleros espanoles en Francia » (septembre 2010)
Bartolomé Bennassar est un historien et écrivain français, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Toulouse II-Le Mirail, spécialiste de l’histoire de l’Espagne moderne (XVIe et XVIIe siècles) et contemporaine, et plus secondairement de celle de l’Amérique latine aux mêmes périodes1.
Il est notamment l’auteur de « La Guerre d’Espagne et ses lendemains ». Il a également écrit de la fiction. Son roman Le Dernier Saut a été adapté au cinéma en 1970. En 1998, il est élu mainteneur de l’Académie des Jeux floraux..
Il est aussi un critique taurin reconnu.
(Wikipedia).