Auriez vous oublié que la brave vieille a veillé sur vos enfants, les a lavés, nourris, dorlotés, consolés, les a conduits à la crèche, à l’école, quand vos occupations d’esclave salarié sous-payé vous retenaient des heures ou des jours loin d’eux ? Oublié aussi l’argent quelle vous prêta en période de vache maigre : voiture cassée, déficit bancaire, cantine et loyers impayés ?
Et comment pouvez-vous effacer de votre mémoire l’amour que vous porte le brave toutou, compagnon de jeu et gardien de vos enfants, avertisseur anti-cambrioleurs, fidèle des fidèles qui saute de joie quand vous rentrez chez vous, qui pleure vos absences et qui plus d’une fois tint à distance des fâcheux ?
Ah, et puisque j’y suis, n’abandonnez pas vos ouvriers sur le bord de la route ! Ne leur dites pas le vendredi qu’ils seront malvenus le lundi, ô amnésique qui ne veut plus savoir qu’ils ont payé votre résidence secondaire, votre limousine noire aux vitres teintés, le 4X4 de votre épouse, les longues études, les leçons de piano et d’équitation de vos enfants, le farniente en famille sur des plages de sable blanc.
Personne ne vous aurait dit que nous vivons dans un pays civilisé où des lois protègent les citoyens contre les actes de barbarie ? Que les sévices infligés aux faibles et aux personnes dépendantes sont punis avec une particulière sévérité ? Personne ? Malheureux ! Priez pour l’application stricte de ces lois. Sinon, demain, les vieux cracheront par terre à votre approche, les chiens lèveront la patte sur le revers de votre pantalon et les prolos chercheront sur Internet la recette du cocktail Molotov, élément de dialogue dont se passent volontiers les démocraties.
Théophraste R. (Pour legrandsoir.info).