La première chaîne de télévision appartenait à la nation avant de lui être volée, c’est-à -dire, en langage libéral, « vendue » (ah ! que ce terme est approprié !) à un maçon fortuné qui se prétendit alors le « mieux-disant culturel ». Quand son P.D-G. Patrick Lelay révéla crûment que ses programmes doivent laisser en repos les cerveaux afin que la pub pour Coca-cola soit bien comprise, il insulta tout un peuple et l’Etat en se torchant des promesses faites. Les autres médias suivirent s’ils ne l’avaient précédé. Course débridée aux recettes publicitaires par le truchement de l’audimat.
On cherche l’information, la morale, l’éthique, la déontologie, le respect des autres, un attachement à quelque valeur morale et on trouve un compte en banque. Pis encore, pour justifier cette agression par des bouffons, on peut, l’argent aidant, faire appel à des philologues savants, capables de gloser sur l’inéluctabilité du remplacement des lieux médiatiques par des fosses d’aisance peinturlurées, par des studios entourés de gradins sur lesquels quelques robotisés applaudissent et rient à l’excès pour des choses qui les auraient laissés de marbre sans l’aiguillon des caméras.
Ah ! le public des émissions à qui l’on a dit quand il doit s’esclaffer et battre des mains (plus fort ! plus fort !), quand il doit huer, quand il doit faire sa standing ovation. Pour peu qu’on le lui demande, il pèterait à l’unisson, comme un Bidochon ! On a honte à l’idée que quelqu’un pourrait voir dans ces figurants, otages d’émissions transmises en différé, revues, corrigées, censurées, un échantillon représentatif de ce pays.
L’image que nos médias donnent de la France est déformée. Nous ne sommes pas encore tombés aussi bas.
Théophraste.