Gail Champion
Mercredi 1° Décembre 2010
Des millions d’euros destiner à développer quelques unes de régions les plus pauvres d’Europe ont été absorbés par des organisations criminelles, y compris la mafia italienne.
Selon une enquête menée par la BBC, différentes compagnies fantômes ont obtenu de manière frauduleuse des fonds venant de l’Union Européenne (UE) pour le développement de projets concernant l’énergie.
Pour certains critiques, cela signifie que l’Office Européen de Lutte contre la Fraude ("OLAF", pour son sigle en français) n’atteint pas ses objectifs qui sont d’éviter le vol et le gaspillage des ressources.
A l’ OLAF, on insiste sur le fait que c’est aux états membres de l’UE que revient la responsabilité principale de la prévention des abus de ce genre.
Augmentation de la fraude.
"Beaucoup d’argent a été consacré à stopper la mafia, chose qui ne devrait pas arriver. Nous devons continuer à améliorer notre système financier et administratif et mieux contrôler les zones de risque sur le terrain. C’est ce que nous sommes en train de faire maintenant." a fait remarquer Nicholas Ilett, directeur de l’OLAF.
Les « Fonds de Cohésion » de l’Union Européenne (http://www.touteleurope.eu/fr/actions/economie/aide-au-developpement-des-regions/informations-pratiques/infos-pratiques-vue-detaillee.html) sont accordés par la Commission Européenne depuis Bruxelles. Pour la période comprise entre 2007 et 2013 ils ont eu une subvention de plus de 450 000 000 000 de dollars, distribués à 27 pays pour 650 000 programmes.
Selon les données de la même Commission Européenne, rien que pour 2009, la fraude et les irrégularités ont représenté environ 1 600 000 000 de dollars, chiffre qui suppose une augmentation de 100 % par rapport à l’année antérieure.
Récemment, l’ex-chef de la mafia Antonio Birrittella, qui collabore maintenant avec la police, a raconté à la BBC comment son organisation a obtenu une partie de cet argent.
"Un régal pour la mafia"
"Ces fonds étaient un régal pour la mafia, faciles à obtenir, surtout ceux qui étaient en relation avec l’installation de parcs d’éoliennes et de projets d’énergies renouvelables", a-t-il assuré.
"La mafia est propriétaire de nombreuses entreprises qui remportent des contrats pour construire des exploitations d’énergie éolienne. Alors, elles demandent de l’argent pour de fausses transactions et émettent des factures pour le double de leur valeur réelle." a-t-il ajouté.
Selon Birrittella, l’organisation criminelle utilise l’intimidation pour obtenir les lots de terrain susceptibles d’accueillir les éoliennes et menacent les entreprises qui ne veulent pas payer les extorsions exigées.
"Elle commence par incendier les installations et par attaquer les camions et les machines. Ensuite, elle passe aux appels menaçants. A la fin, normalement, elle obtient ce qu’elle veut", commente-t-il.
Le commerce du vent.
Selon le juge régional anti-mafia Roberto Scarpinato, de nombreux parcs éoliens ont été développés par la mafia avec de l’argent de l’Union Européenne et ont servi ensuite à financer un empire de blanchiment d’argent.
De part le versement des millions obtenus de l’UE au moyen d’entreprises fantômes, les organisations donnent l’impression d’agir légitimement et, de cette façon, elles parviennent à attirer davantage de fonds publics.
"Ils prennent la même quantité d’argent et la font passer d’une entreprise à une autre, comme si chacune avait pu disposer de ce capital. Ils ont réalisé cette opération de nombreuses fois, et c’est comme cela qu’ils obtiennent des subventions", dit Scarpinato
Après le début de ce fonctionnement, beaucoup d’exploitations éoliennes ont été vendues ensuite à d’authentiques compagnies énergétiques qui n’ont rien à voir avec la mafia.
Une confiscation record.
Les détails de la quantité d’argent gérée par la mafia commencent petit à petit à voir le jour.
Les autorités italiennes ont récemment confisqué des biens pour une valeur d’environ 2 000 000 000 de dollars à l’organisation criminelle, parmi lesquels se trouvaient 43 entreprises d’énergie solaire et éolienne.
Depuis Bruxelles, Nicholas Ilett assure que le Fonds de Cohésion comporte un système d’audit.
Hill Newton Duna, parlementaire européen du Parti Libéral Démocratique du Royaume Uni, rend hommage au travail de l’OLAF, mais se plaint que ce soit un "petit service avec peu de moyens", sans possibilités d’agir quand il trouve des preuves de fraude.
Source : http://www.bbc.co.uk/mundo/noticias/2010/12/101130_mafia_europa_fondos_cohesion_pea.shtml
Traduction : Eole