RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
18 

Barbarie made in Germany

"Connaissez-vous l’histoire des Herero et des Nama ? Ces peuples de Namibie ont été décimés par les Allemands parce qu’ils refusaient de se soumettre à la loi coloniale. Le film L’homme mesuré raconte ce génocide oublié, considéré comme le premier du XXème siècle."

Sait-on que l’Allemagne, responsable de l’élimination méthodique de peuples jugés inférieurs, avait jeté les bases de la solution finale bien avant les nazis ?

Serge Bilé, journaliste à RFO, dévoile cet aspect totalement méconnu de l’histoire du peuple Allemand.

« C’est un pays que peu de gens réussiraient sans hésiter à situer sur une carte du monde. Un pays dont on ne parle quasiment jamais. Un pays oublié. Seul avec son drame.

C’est là pourtant que tout a commencé, là qu’est né le nazisme bien avant l’heure, là qu’ont été expérimentés les premiers camps de concentration bien avant la Seconde Guerre mondiale, là qu’ont été jetées les bases de la solution finale bien avant l’avènement d’Adolf Hitler.

Ce pays, immense et désertique, c’est la Namibie dont l’effroyable histoire a été jusqu’ici éclipsée par celle de son puissant voisin, l’Afrique du Sud, avec lequel il partage une frontière et des douleurs communes.

Quand les premiers colons allemands débarquent sur ses côtes, en 1870, la Namibie est une mosaïque de peuples divisés entre Ovambo, Kavango, Nama ou encore Herero. Une désunion dont joueront d’ailleurs les Allemands pour s’aventurer et s’installer à l’intérieur des terres.

Des Allemands qui découvrent très vite les richesses du sous-sol namibien avec sa profusion de cuivre et surtout de diamants. Pour exploiter ces gisements et étouffer toute velléité de contestation, le chancelier Otto von Bismarck nomme en 1884 un gouverneur civil chargé d’administrer la nouvelle colonie.

Cet homme, dont le nom de famille, nous est devenu, depuis, tristement commun, c’est Heinrich Göring, le père de Hermann Göring, qui deviendra plus tard l’un des plus hauts dignitaires nazis.

Henrich Göring a recours, pour remplir sa tâche, à des méthodes expéditives : déplacement des populations parquées dans des réserves raciales et réduites en esclavage, exécutions sommaires en cas de résistance et confiscation systématique des terres et du bétail.

Une ségrégation et une barbarie auxquelles s’opposera vigoureusement un petit peuple de bergers, les Herero, conduit par un chef obstiné et courageux, Samuel Maharero. Il préconise pour bouter les Allemands hors du pays, de créer le plus large front possible.

« Toute notre docilité et notre patience envers les Allemands ne nous servent à rien, car chaque jour ils nous fusillent pour rien", écrit-il le 11 janvier 1903 aux autres chefs de tribus pour les exhorter à la révolte. "Mes frères, n’en restez pas à votre premier refus de participer au soulèvement, mais faites en sorte que toute l’Afrique combatte les Allemands. Mourons plutôt ensemble au lieu de mourir de mauvais traitement, en prison ou encore d’autres manières. »

Sa missive restera sans réponse. Las, les Herero décident, un an plus tard, le 11 janvier 1904, de se lancer seuls dans la bataille. Ils attaquent une garnison allemande à Okahandja, tuent une centaine de colons et détruisent leurs lignes de télégraphe et de chemin de fer.

Une véritable humiliation pour les Allemands, qui n’auront de cesse de se venger, épaulés par des renforts qui ne tarderont pas à arriver. Trois mille hommes et un nouveau commandant en chef connu pour sa brutalité et sa poigne de fer, le général Lothar von Trotha.

Von Trotha confirme sa réputation en lançant dès le 2 octobre 1904, aussi incroyable que cela puisse paraître, un ordre d’extermination (Vernichtungsbefehl) à l’encontre des Herero.

« Moi, général des troupes allemandes, adresse cette lettre au peuple Herero. Les Herero ne sont dorénavant plus des sujets allemands. Tous les Herero doivent quitter le pays. S’ils ne le font pas, je les y forcerai avec mes grands canons.

Tout Herero aperçu à l’intérieur des frontières allemandes (namibiennes) avec ou sans arme, avec ou sans bétail, sera abattu. Je n’accepte aucune femme ni aucun enfant. Ils doivent partir ou mourir. Il n’y aura aucun prisonnier mâle. Tous seront fusillés. Telle est ma décision pour les Herero. »

Une décision immédiatement mise à exécution avec une minutie et une stratégie diaboliques. Hommes, femmes et enfants herero sont systématiquement exterminés. Les survivants sont pourchassés, pris en tenaille et repoussés méthodiquement vers le désert où ils mourront d’épuisement, de faim et de soif. Les Allemands avaient pris soin auparavant d’empoisonner l’eau des puits...

La révolte matée, dans le camp des bourreaux, c’est la jubilation, comme l’atteste ce rapport de mission d’une patrouille allemande : « Le blocus impitoyable des zones désertiques pendant des mois a parachevé l’œuvre d’élimination. A l’arrivée de la saison des pluies nous avons trouvé des squelettes gisant autour de trous secs, profonds de douze à quinze mètres, que les Herero avaient creusés en vain pour trouver de l’eau.

Les râles des mourants et leurs cris de folie furieuse se sont tus dans le silence sublime de l’infini. Le châtiment a été appliqué. Les Herero ont cessé d’être un peuple indépendant. »

Le bilan est effrayant : soixante mille morts, soit plus de 80% de la population herero éliminée en quelques mois. Un véritable génocide. Mais en Allemagne, quelques voix finissent par s’élever en réalisant que cette boucherie allait priver la colonie de...main-d’œuvre. L’ordre d’extermination de von Trotha est finalement levé.

Les quinze mille survivants herero, essentiellement des femmes, sont faits prisonniers et regroupés dans ce que les Allemands appellent déjà des konzentrationslager, des camps de concentration. Le terme est utilisé officiellement pour la première fois dans un télégramme de la chancellerie daté du 14 janvier 1905.

Dès leur arrivée dans ces camps de travaux forcés clos par de hauts barbelés, les herero sont tatoués de ces deux lettres : GH, pour Gefangener Herero, ce qui signifie Herero prisonnier.

La suite c’est un témoin britannique de ce drame, Hendrik Fraser, qui la raconte : « Lorsque je suis entré à Swakopmund, j’ai vu beaucoup de prisonniers de guerre herero. Les femmes devaient travailler comme les hommes. Le travail était harassant. Elles devaient pousser des chariots chargés à ras bord sur une distance de dix kilomètres. Elles mouraient littéralement de faim. Celles qui ne travaillaient pas étaient sauvagement fouettées. J’ai même vu des femmes assommées à coups de pioche. Les soldats allemands abusaient d’elles pour assouvir leurs besoins sexuels. »

Autre témoignage, tout aussi terrifiant, celui d’un chef herero, Traugott Tjienda, espédié lui aussi dans l’un de ces camps : « Notre peuple qui sortait du bush fut astreint immédiatement au travail. Les hommes n’avaient plus que la peau sur les os. Ils étaient si maigres qu’on pouvait voir à travers leurs os. Ils ressemblaient à des manches à balais. »

Malnutrition, mauvais traitements, exécutions sommaires des malades et des plus faibles, au bout d’un an, ce sont pas moins de 7 862 Herero, soit la moitié des détenus, qui meurent en captivité.

Mais le calvaire ne s’arrête pas là. Les Allemands, trop heureux de disposer dans ces camps d’une main-d’œuvre gratuite, en profitent pour réaliser toutes sortes d’expérimentations anthropologiques, scientifiques et médicales, transformant du coup ces malheureux prisonniers herero en véritables cobayes humains.

Des recherches qui seront conduites sur place par l’un des généticiens racialistes allemands les plus influents de l’époque, le docteur Eugen Fischer. Il dissèque à la chaîne des crânes et des corps de pendus herero et expédie quelques cadavres dans les universités allemandes afin de partager ses expériences avec ses premiers disciples. Il mène également des travaux de stérilisation sur les femmes herero pour s’assurer que les rapports sexuels qu’elles entretiennent avec les colons ne menacent pas la pureté du sang allemand. C’est la meilleure façon, à ses yeux, d’empêcher la mixité raciale qui conduit inévitablement, selon lui, à la « disparition de la population blanche ».

De retour en Allemagne, Eugen Fischer dirige, à l’avènement de Hitler, l’Institut d’anthropologie, d’hérédité humaine et d’eugénisme de Berlin. Il collabore naturellement avec les SS, épaulé par son fidèle assistant, Joseph Mengele, le futur bourreau d’Auschwitz.

Fischer et Mengele appliqueront par la suite dans les nouveaux camps de concentration et d’extermination conçus par les nazis tout ce qu’ils ont appris et expérimenté impunément en Namibie. Mais cette fois à une plus grande échelle.

Quant aux Herero, ils n’ont depuis le drame de 1904 cessé de se battre pour la reconnaissance et la réparation de leur génocide oublié et nié jusqu’ici.

Un génocide dont personne, en fait, ne s’est réellement soucié à l’époque, sans doute parce que ceux mêmes qu’il frappait étaient africains.

Mais voilà, trente-cinq ans plus tard, avec l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, c’est le monde entier qui paiera le prix de cet abominable mépris. »

Serge Bilé, Noirs dans les camps nazis

BONUS

Les Allemands peuvent-ils exister sans obéir, avant-hier au Kaiser, hier au Führer, aujourd’hui à l’oligarchie politico-financière ?

Cette nation, qui est responsable de deux guerres mondiales, prend le leadership européen en mobilisant toutes ses forces vives dans une guerre économique impitoyable. Le fameux modèle allemand est fondé sur un état d’urgence permanent et un colossal effort imposé aux travailleurs. « Pour renforcer sa compétitivité et exporter, l’Allemagne a libéralisé son marché du travail et précipité une part croissante des salariés dans la précarité : absence de salaire minimum, travail à temps partiel, "mini jobs" sans assurance maladie ou petit boulots payés 1 euro de l’heure. Aujourd’hui, près d’un travailleur allemands sur cinq est pauvre ».

Plus de soixante-dix ans après la mort d’Adolf Hitler, l’Europe se retrouve sous la domination d’un « Ordre Nouveau » qui évoque celui du dictateur nazi. Rappelons que l’Ordre Nouveau nazi était fondé sur la subordination des États européens à la « Grande Allemagne ». L’actuelle exploitation économique de l’Europe s’apparente sous certains aspects au plan nazi.

6 août 2023

»» https://bouddhanar.blogspot.com/2012/02/barbarie-made-in-germany.html
URL de cet article 38820
  

La Guerre d’Espagne - Révolution et contre-révolution (1934-1939)
Burnett Bolloten
« La révolution espagnole fut la plus singulière des révolutions collectivistes du XXe siècle. C’est la seule révolution radicale et violente qui se soit produite dans un pays d’Europe de l’Ouest et la seule qui ait été, malgré l’hégémonie communiste croissante, véritablement pluraliste, animée par une multitude de forces, souvent concurrentes et hostiles. Incapable de s’opposer ouvertement à la révolution, la bourgeoisie s’adapta au nouveau régime dans l’espoir que le cours des événements changerait. (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’abstrait n’a pas d’image, c’est son défaut ontologique. Seul le réel est filmable. Pas la réalité.

Ignacio Ramonet

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.