RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Avec des années de retard, les médias admettent brusquement que les frappes de drones ne servent à rien

Il y a deux jours, quand la nouvelle de l’assassinat présumé de Mokhtar Belmokhtar au Yémen est sortie, j’ai écrit :

Mis à part le manque de fiabilité évidente de ces rapports, on peut se demander ce que le meurtre de tel ou tel « terroriste » est censé apporter. Il y en aura toujours un autre puis un autre et un autre, et la violence ne fera qu’empirer ...

Et ensuite, des frappes de drone américaines ont tué l’ancien membre de la garde d’Al-Qaïda, Nasser al-Wuhayshi, au Yémen, et soudain les médias de masse se sont aussi mis à douter du bien-fondé de cette stratégie.

Christian Science Monitor - Les forces de l’air américaines nous débarrassent d’une série de dirigeants d’Al-Qaïda. Une tactique efficace ?
Washington Post - Pourquoi les frappes visant à « décapiter » al-Qaeada ont-elles tué des dirigeants terroristes mais pas le mouvement ?
McClatchy - La mort du chef d’Al-Qaïda relance le débat : Les assassinats ciblés font-ils une différence ?
Guardian – La mort du leader d’al-Qaida masque la réalité de frappes de drones : Elles n’apportent pas la stabilité.
New York Times – L’objectif que recherche les Etats-Unis en tuant des terroristes est hors d’atteinte.
Telegraph - Un drone américain a tué le commandant en second d’Al-Qaïda - mais comme pour l’hydre, couper une tête après l’autre ne fait que renforcer le corps.

On assiste à une prise de conscience admirablement synchronisée du problème. Les Etats-Unis « réussissent » peut-être à tuer tel ou tel dirigeant d’un gang terroriste donné, mais l’ensemble du phénomène ne cesse de croître et d’embellir. C’est le sous-titre du Telegraph qui résume mieux la situation :

« L’Amérique s’est attaquée à un ennemi fort de 5000 hommes. Elle en a tué 10 000. Il n’en reste plus que 20.000 ».

Sauf que Al-Qaïda à ses débuts ne comptait que quelques centaines d’hommes cantonnés à l’Afghanistan et au Pakistan. Une quinzaine d’années plus tard, après que la guerre des États-Unis contre le terrorisme ait fait des centaines de milliers de morts chez des civils sans aucun lien avec al-Qaeda, et des milliers de morts chez les jihadistes, Al-Qaïda et ses rejetons sévissent dans plus d’une douzaine de pays et ont fait des dizaines de milliers d’adeptes. Comme je l’ai écrit :

Le recours systématique des Etasuniens aux moyens militaires montre que, pour eux, la résolution politique des conflits n’est pas une option.

Pourtant, aucun des articles mentionnés ci-dessous ne propose la moindre solution au problème.

Alors voilà mes suggestions :

-  Arrêter les frappes de drones et apparentés, puisqu’il est évident qu’elles fabriquent toujours plus de terroristes.
-  Arrêter d’utiliser des extrémistes, comme les djihadistes et les néo-nazis, comme outil politique pour lutter contre tel ou tel dirigeant gênant.
-  Restreindre les ressources dont ces groupes ont besoin pour grandir. Cela nécessitera de faire pression sur les dictateurs saoudiens et qataris, en allant peut-être jusqu’à menacer l’existence de leurs régimes, pour qu’ils cessent de financer la diffusion de leur version radicale de l’islam et qu’ils interdisent le financement « privé » de ces groupes par des ressortissants de leurs pays.

Il est peu probable pour l’instant que de telles mesures soient prises. Mais il a fallu des années pour que les médias s’aperçoivent que les frappes de drones ne servaient à rien. Dans quelques années, les premiers pas vers la solution du problème leur apparaîtront peut-être dans toute leur évidence.

Hélas, d’ici là, la guerre contre le terrorisme aura fait beaucoup d’autres victimes.

Traduction : Dominique Muselet

»» http://www.moonofalabama.org/2015/06/years-too-late-media-recognize-fu...
URL de cet article 28819
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Palestine, photographies de Rogério Ferrari
Préface, Dominique Vidal - Texte, Leïla Khaled Rogério Ferrari n’est pas un reporter-photographe. Il ne scrute pas, ne témoigne pas, n’écrit pas d’images. Il s’emploie à rendre au plus grand nombre ce qu’il a reçu en partage : l’humanité tenace de celles et ceux à qui elle est déniée. Existences-Résistances est un alcool fort, dont l’alambic n’a pas de secret ; il lui a suffit de vivre avec celles et ceux qui en composent le bouquet. Au bout de ces images, point d’ivresse. Mais un silence. De ces silences (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

En Occident, la guerre deviendra la norme, la guerre constante. Les gens grandiront, atteindront la maturité, deviendront adultes, avec l’idée qu’il y a toujours une guerre. Alors la guerre ne sera plus une chose exceptionnelle, inhabituelle ou horrible. La guerre deviendra la nouvelle normalité.

Julian Assange

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.