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Au Brésil, Nestlé capitule face aux défenseurs de l’eau « pour tous ».


Neuchatel - Grâce à ses relais suisses, le Mouvement citoyen pour l’eau mené par Franklin Frederick obtient gain de cause dans sa lutte contre Nestlé à Sao Lourenço.


Le Courrier, jeudi 27 Avril 2006.


« Nestlé a enfin lâché notre source ! » A la tête du Mouvement citoyen pour l’eau de Sao Lourenço, petite ville de l’Etat brésilien du Minas Geraïs, Franklin Frederick a affirmé, hier à Neuchâtel, que cette surprenante nouvelle était la résultante d’une précieuse solidarité internationale.

En 2002, Attac-Neuchâtel avertit la population de Bevaix : Nestlé tente d’acheter la source de Treyttel. Devant la levée de boucliers, l’entreprise abandonne le projet. Exemplaire de la lutte contre la privatisation de l’eau, l’histoire de Bevaix parvient à Frederick Franklin, militant brésilien qui défend une cause similaire à celle d’Attac.

Dès lors, des liens solides sont tissés entre le Brésil et les mouvements suisses d’Attac, de la Déclaration de Berne, de Greenpeace et la Fédération des églises protestantes de Suisse. De nombreuses informations sont échangées, qui permettent d’y voir plus clair.


Fermez purement les robinets !

« Nestlé fait croire qu’elle rachète des sources isolément. Mais sa stratégie est globale et mondiale », certifie Frederick Franklin, pour qui l’eau est une base économique essentielle : « En cas de privatisation, impossible pour le tiers monde de développer une politique autonome. Cette pratique nous assujettirait : on comprend pourquoi l’Organisation mondiale du commerce et le Fonds monétaire international la soutiennent. »

Le militant rappelle qu’en 1997, au Pakistan, Nestlé a lancé une eau spécialement conçue pour les pays du tiers monde, Pure Life. La façon de la produire est toujours identique. La fabrique est construite sur la source. L’eau est le plus souvent pompée, puis enrichie en sels minéraux, « ce qui laisse croire que celle du robinet n’est pas potable ».

C’est exactement ce qui s’est passé à Sao Lourenço. Les eaux thermales y abreuvaient et guérissaient gratuitement la population depuis des décennies. En 2000, dans ce parc protégé pour ses dizaines de sources aux vertus thérapeutiques, Nestlé fore illégalement un puits de 150 mètres de profondeur. La nappe phréatique est endommagée, des fontaines tarissent. Et Pure Life de conquérir le marché brésilien !


« Le patron de Nestlé a menti »

Frederick Franklin tente alors d’avertir la presse. En vain : Nestlé y est annonceur principal. Il prend contact avec la multinationale, qui se montre d’une terrible arrogance. En 2004, à l’Open Forum de Davos, il se confronte à Peter Brabeck. « Le grand patron de Nestlé a menti. Il a alors promis que l’entreprise cesserait ses activités à Sao Lourenço : rien n’a été fait. Dans un autre débat, il a assuré que l’usine de Sao Lourenço employait 250 personnes. Alors que 20 ouvriers entretiennent cette installation entièrement mécanisée. »

Finalement, c’est la plainte déposée par Frederick Franklin auprès du procureur de Sao Lourenço qui a eu raison des agissements de Nestlé. « Une sacrée victoire ! » En effet, voici trois semaines, les avocats de Nestlé ont signé un accord sur trois points : l’arrêt définitif de la production de Pure Life, l’arrêt du pompage et une réparation des dégâts sont garantis.


Le combat continue...

Le militant reste pourtant inquiet : « Je suis certain que l’entreprise a ainsi évité la mise en lumière qu’aurait obligée un procès. Et ce pour mieux s’en prendre à d’autres sources. »

Au Brésil, la lutte est donc loin d’être terminée. Et Frederick Franklin la sait fort délicate.

Le citoyen conclut : « Lula da Silva avait signé un partenariat avec Peter Brabeck pour le programme « Faim zéro » visant à éradiquer la famine au Brésil, s’achetant ainsi la faveur du gouvernement comme de la population. Sachez que, durant ces quatre années, c’est en fait la Suisse qui a été mon terrain de combat. »

Isabelle Stucki


 Source : Le Courrier www.lecourrier.ch


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Le Goût amer de Nestlé Pure Life.<BR>
Quand Nestlé organise un désastre écologique.



Le véritable coût d’une salade : vous payez 99 cts, l’Afrique paye 50 litres d’eau potable, par J. Laurance - The Independent.

Les prochaines guerres auront pour enjeu les ressources « naturelles », par Michael Klare.

Ressources en eau : la pénurie organisée, par Elisabeth Chesnais.




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