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A propos de l’appel de 36 économistes pour le Front de gauche....

L’appel des économistes a l’intérêt de présenter les solutions du Front de Gauche face à la crise.

Il y a toute une série de convergences dans la formulation d’objectifs généraux pour « le contrôle des banques et de la finance », « une hausse coordonnée des salaires et des prestations chômage », « un salaire minimum en Europe », la nécessité de « réhabiliter les services publics », de « remettre en cause le dumping fiscal », d’affirmer l’objectif du « plein emploi et des droits sociaux », enfin d’affirmer les principes « de convergences par le haut » et de non régression sociale »…

Mais, au-delà de ces objectifs généraux, ce document montre assez clairement ses limites tant sur le plan revendicatif que sur le plan politique d’une rupture avec le système capitaliste.

Pour ne prendre que quelques exemples :

Lorsque le document aborde la question salariale pour la concrétiser, en termes d’augmentation du salaire minimum en France, la proposition tourne autour d’une augmentation de « 180 euros net » ce qui ferait un salaire minimum net d’environ 1200 euros net et de 1600 euros brut…Ces revendications sont bien en dessous des propositions du NPA d’une augmentation de 300 euros et d’un SMIC 1500 euros net !

Le texte ne mentionne pas la revendication d’interdiction des licenciements.Il ne reprend même pas la proposition d’une loi d’interdiction des licenciements pour les entreprises qui font des profits, proposition qu’a repris dernièrement le Front de Gauche. Le document ne mentionnant pas les questions de la propriété, il est logique que cette revendication -l’interdiction des licenciements- qui débouche sur des incursions dans la propriété des entreprises, ne soit pas retenue, par les économistes du Front de Gauche.

La référence à la réhabilitation des services publics reste fort générale et ne s’accompagne pas d’une exigence : la nécessité d’un mouvement de « déprivatisation » de tous les secteurs de l’économie qui ont été privatisées ces dernières décennies par des gouvernements de droite comme de gauche. Dans les principaux secteurs de l’économie, les services publics doivent prendre le caractère d’un monopole pour résister à la concurrence et à la libéralisation. Cette question n’est pas abordée par le Front de Gauche.

Enfin, la proposition d’un « pôle de banques publiques » environnées de banques privées n’est pas à la hauteur d’une réponse globale face à la crise. D’abord, comme l’histoire l’a montré, dans la concurrence entre les banques privées et les banques publiques voire nationalisées, ce sont les banques privées qui l’emportent soit en imposant des « critères privés » aux banques publiques -recherche du profit maximum, généralisation des produits financiers, dérégulations- soit même en poussant à la reprivatisation des banques publiques dès qu’elles sont suffisamment rentables. Face à la crise économique actuelle, il faut une solution radicale : la constitution d’un seul système financier et bancaire publique sous contrôle des travailleurs du secteur et des usagers. La question du contrôle populaire étant fondamentale pour que de nouvelles nationalisations ne ressemblent pas aux banques nationalisées des années 80 qui fonctionnèrent comme des banques privées.

En fait, le caractère « modéré » des propositions des économistes du Front de Gauche s’inscrit dans une analyse de la crise actuelle du capitalisme, résultant avant tout de la « financiarisation » et de la « dérégulation néo-libérale », alors que la crise actuelle découle des lois fondamentales du système capitaliste, de la recherche du profit maximum, de l’interpénétration des multinationales et des marchés financiers, de la concurrence effrénée entre capitaux privés.

S’attaquer à la financiarisation, à la dérégulation, et déployer des plans de relance par la consommation constitue une des dimensions d’une réponse à la crise mais ce n’est pas suffisant et, surtout, cela n’assure pas la défense durable des intérêts des travailleurs ni ne règle la crise du système.

Donnons là aussi un exemple :

les économistes du Front de Gauche exigent l’éradication des paradis fiscaux, mais lorsque l’on sait l’imbrication des politiques financières des grandes multinationales et des banques qui échappent à tout contrôle, nous savons que pour s’attaquer aux paradis fiscaux,il faut s’en prendre aux pouvoirs des multinationales. Lorsque le fonctionnement financier de Michelin, Adidas, et Total reposent sur des banques installées dans des « paradis fiscaux », nous savons tous que pour frapper les paradis fiscaux, il faut s’affronter aux grands groupes capitalistes. C’est d’ailleurs la raison fondamentale qui explique, que malgré les grandes déclarations, les gouvernements servant les intérêts des grands groupes économiques, ils ne s’attaquent pas aux « paradis fiscaux ». Or comme nous l’avons déjà indiqué, le document des économistes du Front de Gauche fait l’impasse sur les questions de la propriété capitaliste, sur les problèmes de l’appropriation publique et sociale des principaux secteurs de l’économie. En ne posant pas ce problème, on s’interdit de prendre des mesures radicales contre la crise.

Cette question de la propriété constitue aussi une question centrale pour relancer les services publics, notamment au travers de grands travaux centrés sur les besoins sociaux et écologiques. Répondre aux problèmes du changement climatique, sur le plan des transports, du logement, de la relocalisation des productions, du changement du mode de production et de consommation exige une planification sur le moyen et long terme. Le marché capitaliste dominé par la concurrence des capitaux et des grandes multinationales ne peut répondre à ces exigences. C’est la coordination et la planification démocratique des choix et des priorités socio-économiques, décidée et prise en charge par les salariés et les citoyens, qui doit réorganiser la vie économique.

Les réponses actuelles à la crise exigent d’abord un plan de mesures d’urgences qui fassent payer la crise aux capitalistes et pas aux travailleurs : augmentation de salaires, interdiction des licenciements, relance des services publics. Mais ces mesures d’urgence ne pourront s’imposer que si on les combine à des perspectives de réorganisation globale qui substituent à la logique du profit celle des besoins sociaux, qui remettent en cause la propriété privée du capital et des grandes entreprises en la remplaçant par la socialisation des secteurs clé de l’économie.

Ces objectifs ne pourront se réaliser qu’avec des changements socio-politiques d’ampleur et une mobilisation sociale exceptionnelle mais c’est la seule manière d’imposer une issue à anticapitaliste à la crise.

Les économistes du front de gauche reprennent, eux, une série de mesures voulant s’attaquer à la crise… mais sans remettre en cause le système capitaliste, sa logique, ses équilibres, du coup les mesures avancées restent limitées, elles ne constituent pas des objectifs efficaces pour bloquer l’offensive capitaliste, et surtout elles ne s’inscrivent pas dans une dynamique de transformation sociale radicale.

Nous voyons bien qu’au-delà des politiques d’alliances avec le Partis socialiste, et des différences sur la question des institutions, il y a aussi, entre le NPA et le Front de gauche, deux approches sur l’analyse de la crise et les réponses à y apporter.

NPA

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