RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

24 heures de garde à vue pour un SMS - La simple blague s’est transformée en affaire de terrorisme

ABBEVILLE : La simple blague s’est transformée en affaire de terrorisme.

« Pour faire dérailler un train, t’as une solution ? ». Pour avoir reçu ce SMS, un Abbevillois de 29 ans a passé une nuit au poste. Il en ressort profondément choqué.

Méfiez-vous de votre téléphone portable, il peut vous conduire en prison. C’est en tout cas la mésaventure dont a été victime Stéphane, 29 ans, un habitant d’Abbeville sans histoire. Pour avoir reçu un SMS jugé « tendancieux », ce jeune menuisier a passé 24 heures en garde à vue au motif de « non dénonciation de crime ». Rien de moins. « C’est totalement irréel, s’étonne encore la victime de cette mauvaise blague. Je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu. »

Sa faute ? Ne pas avoir alerté les autorités après avoir reçu sur son téléphone portable le message suivant : « Pour faire dérailler un train, t’as une solution ? » Ce SMS, envoyé par une vague connaissance de travail, a fini sur le bureau du procureur, alerté par l’opérateur de téléphonie mobile. Car l’appareil sur lequel Stéphane a reçu ce SMS était un téléphone prêté par l’opérateur, le sien étant en réparation.

« L’opérateur a le droit de consulter ces messages et le devoir d’alerter les autorités s’il estime qu’un crime ou un délit est susceptible d’être commis », précise le procureur d’Abbeville Éric Fouard.

Ainsi, jeudi 16 avril, Stéphane est invité à se présenter au commissariat d’Abbeville en milieu d’après-midi. « Ils voulaient avoir des précisions sur ce SMS. Je m’y suis rendu sans aucune appréhension, je ne voyais vraiment pas où était le mal. » Mais sitôt arrivé au commissariat, le ton change. « J’entends parler d’affaire criminelle, de terrorisme, et d’une garde à vue qui pourrait durer dix jours, raconte Stéphane. On me demande si je suis capable de choses farfelues comme, par exemple, faire dérailler un train. » Le jeune homme tombe des nues. Il donne le nom de son collègue, auteur du fameux SMS. La police perquisitionne chez ce dernier et le ramène au commissariat. « Je me disais, ils vont faire les vérifications et tout sera terminé. En fait, le cauchemar ne faisait que commencer. »

L’affaire de Tarnac en arrière-plan

Sur instruction du parquet, Stéphane est placé en garde à vue à 16 heures. « C’était un véritable choc. En deux secondes, j’ai eu l’impression de devenir un vulgaire criminel. Je me retrouve dans une belle cellule jaune qui sent la pisse, j’ai l’impression d’être traité comme un chien. » Au petit matin, les auditions se poursuivent. Les vérifications sont longues et Stéphane ne retrouve la liberté qu’à partir de 16 heures, soit au bout de 24 heures de garde à vue. L’auteur du SMS est également libéré.

Une expérience traumatisante pour le jeune menuisier. Mais une affaire presque banale aux yeux du procureur de la République, qui justifie le placement en garde à vue. « La procédure pénale est la même pour tout le monde, que le risque soit probable ou peu probable », rappelle Éric Fouard, mettant en avant le principe de précaution qui prévaut en matière de terrorisme.

D’autant que depuis l’affaire de Tarnac (Corrèze), et l’arrestation d’un groupe de terroristes présumés soupçonnés d’avoir saboté des caténaires SNCF, les autorités sont particulièrement vigilantes. « Cette actualité récente a certainement joué en sa défaveur, admet le procureur. Je comprends que, de son côté, la garde à vue puisse paraître violente mais, dans ce genre d’affaire, on ne peut prendre aucun risque. »

Ressorti libre, Stéphane ne fera l’objet d’aucune poursuite. Mais il se dit « profondément marqué » par cette affaire. « Je prie le ciel pour qu’aucun train ne déraille dans les semaines qui viennent... »

FABRICE JULIEN

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/24-heures-de-garde-a-vue-pour-un-SMS

URL de cet article 8534
   
« Les déchirures » de Maxime Vivas
Maxime VIVAS
Sous ce titre, Maxime Vivas nous propose un texte ramassé (72 pages) augmenté par une préface de Paul Ariès et une postface de Viktor Dedaj (site Le Grand Soir).. Pour nous parler des affaires publiques, de répression et d’impunité, de management, de violences et de suicides, l’auteur (éclectique) convoque Jean-Michel Aphatie, Patrick Balkany, Jean-Michel Baylet, Maïté Biraben, les Bonnets rouges, Xavier Broseta (DRH d’air France), Warren Buffet, Jérôme Cahuzac, Charlie Hebdo, (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Puisque le commerce ignore les frontières nationales, et que le fabricant insiste pour avoir le monde comme marché, le drapeau de son pays doit le suivre, et les portes des nations qui lui sont fermées doivent être enfoncées. Les concessions obtenues par les financiers doivent être protégées par les ministres de l’Etat, même si la souveraineté des nations réticentes est violée dans le processus. Les colonies doivent être obtenues ou plantées afin que pas un coin du monde n’en réchappe ou reste inutilisé.

Woodrow Wilson
Président des Etats-Unis de 1913 à 1921

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.