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PERPLEXITES CONCERNANT NOTRE ACTION SYNDICALE AU SUJET DE LA MASTERISATION DES

Deux camarades du SNESUP, A. Nef (Paris IV) et C. Pébarthe (Bordeaux 3) ont fait parvenir aux adhérents la réflexion suivante :

Préalable
Le Ministère ne cherche pas à faire des économies (l’argument budgétaire est un
prétexte) mais à détruire les institutions républicaines d’enseignement. La
concomitance de la réforme du lycée, du baccalauréat, de la licence et du
master n’est pas due au hasard et la réforme de la formation des enseignants
doit être lue dans ce cadre, elle achève le tableau. Elle reflète un plan
mûrement réfléchi dont l’application ne faiblit pas. En s’en prenant
directement aux moyens de diffusion du savoir, le gouvernement attaque l’un des
principaux fondements de la République. Il prive la grande majorité des
citoyens d’un accès au savoir qui est à l’origine de toute démarche
intellectuelle critique. Ce n’est pas un hasard non plus si l’inégalité
foncière du système de formation (CPGE, grandes écoles) demeure intacte et
sortira même renforcée de ces réformes.

La méthode est toujours la même depuis un an mais notre syndicat ne semble pas
en tirer de conclusions stratégiques : nous ne sommes plus dans la co-gestion
plus ou moins pacifiée d’un enseignement supérieur que tout le monde veut
conserver, nous sommes face à une entreprise de destruction qui s’affuble de
quelques oripeaux du changement, y compris en reprenant des mots d’ordre
syndicaux que l’on vide de leur sens et que l’on dénature profondément (telle
la revalorisation des carrières enseignantes, la valorisation du doctorat ou
l’allègement de la charge d’enseignement des nouveaux MCF).
Le ministère agit en plusieurs étapes : il lance des bruits divergents et
terrifiants pour entretenir l’idée que l’on ne peut lutter, mais aussi pour
rendre plus difficile l’analyse et empêcher toute riposte construite.Tout en
définissant le cadre général de la destruction de manière autoritaire, il fait
en sorte que les propositions viennent des universités elles-mêmes, qui
prennent en charge la décomposition du cadre national de l’enseignement
supérieur, comme elles le font depuis le LMD, sous prétexte de prendre les
devants pour éviter le pire.
Nous voulons tout de même attirer l’attention sur un point qui devrait
intéresser le Snesup : si le cadre national explose, que restera-t-il du
syndicalisme national : RIEN ; la particularité des situations rendra toute
lutte générale sur les principes que nous défendons inutile.

Statut/contractuels/chef d’établissement
Il est clair que la logique de la mastérisation est antithétique avec celle des
concours et que, du coup, les aspirants enseignants vont avoir à négocier avec
les établissements directement pour obtenir des contrats et non des postes de
fonctionnaires (au mieux sur le modèle de la fonction publique territoriale :
c’est-à -dire un concours permettant l’inscription sur une liste d’aptitude
pendant une durée limitée et donnant droit de faire acte de candidature auprès
des établissements). La situation de l’Italie ou de l’Angleterre sont, de ce
point de vue, bien connues et il est grave que le Snesup fasse comme s’il ne
raisonnait pas dans un contexte européen. Une telle évolution accentuera la
précarisation des personnels enseignants déjà en plein développement.

Un recul indéniable des conditions de travail.
Croire à la revalorisation promise semble bien naïf, le gouvernement l’a déjà 
dit : il ne s’agira que de passer d’un échelon à un autre plus rapidement en
début de carrière. Revalorisation signifiait il n’y a encore pas bien longtemps
 : revalorisation du point d’indice pour tous, c’est-à -dire une véritable
augmentation de salaire. Devons-nous nous rendre complices d’une opération de
communication et accepter au nom d’une pseudo-revalorisation une réforme qui
détruira nos statuts ? En outre, le « compagnonage » promis se solde clairement
par un an travaillé sans cotisation pour la retraite et l’allongement du nombre
d’années d’études nécessaires va dans le même sens.

Allongement du temps d’études : une sélection sociale de fait
Il faut d’abord dire que l’allongement du temps d’études n’est pas positif en
soi, tout dépend de ce que l’on fait des années supplémentaires d’étude. En
outre, l’allongement du nombre d’années d’études nécessaires pour pouvoir
passer les concours (5 ans) sans aide (et l’on ne peut considérer comme « aide
 » un saupoudrage de bourses) ne peut que renforcer la sélection sociale des
candidats en amont.

Les effets sur l’Enseignement Supérieur
Cette réforme va en outre entraîner une radicale réorganisation des
enseignements universitaires (déjà à l’oeuvre ailleurs en Europe). Loin de s’en
tenir aux seuls masters, elle implique la mise en place de nouvelles licences
(et c’est pour cela qu’elle suit la mise en place du LMD et le plan « réussite
en licence ») qui substitueront la culture générale au savoir. En encourageant
les étudiants à construire des parcours individuels, elle rend caduque la
notion de cursus. Lorsque, dans le cadre de cette réforme, devrait venir le
temps d’une véritable spécialisation disciplinaire (L3 ou M1), elle mettra en
place des stages en établissement et/ou encouragera la bi-valence. En quelques
années, dans les SHS, nous aurons donc assisté sans rien dire à la disparition
des mémoires de maîtrise et de DEA sans qu’une alternative réelle n’ait été
envisagée. Dès lors, la formation à la recherche ne sera réservée qu’à une
élite culturelle et sociale.

La fin des MCF grâce aux agrégés ?
Ces trois premières années ne nécessiteront plus d’encadrement par des
enseignants-chercheurs. Un certain nombre de documents accompagnant la réforme
annoncée le disent clairement : les agrégés ont désormais vocation à enseigner
dans les premiers cycles universitaires. Comment dire mieux la disparition
annoncée des MCF ? Toutefois le Snesup se tromperait en pensant que ceci
réaliserait un de ses vieux rêves : le corps unique des enseignants-chercheurs,
puisque c’est la pérennité même de ce corps et de cette fonction qui est ainsi
mise en cause.

Si être conservateur c’est vouloir maintenir les acquis et les droits obtenus
par les travailleurs, si être conservateur c’est vouloir défendre l’Ecole de la
République et l’université pour tous, alors nous sommes conservateurs.
Méfions-nous de l’alliance des « réformateurs » de tous bords qui liquidera tout
ce en quoi nous croyons. Soyons-en bien conscients, les idéologues du ministère
aujourd’hui ont pour objectif notre disparition. L’affaiblissement volontaire
et délibéré de la transmission du savoir et de son élaboration à tous les
niveaux de l’enseignement n’est pas le fruit d’un désir de réforme, mais bien
la mise en oeuvre d’une révolution, d’un projet politique libéral et
conservateur.

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