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De Kaboul à Islamabad, la griffe Moucharraf, Pierre Barbancey.




Moucharraf-Bush






L’ Humanité, 28 décembre 2007.


Le président pakistanais est le meilleur allié de Washington alors qu’il est allié avec les islamistes qui soutiennent les taliban.


C’était en août 2007, à Kaboul. Le président pakistanais, Pervez Moucharraf et son homologue afghan, Hamid Karzaï, tous deux largement soutenus par les États-Unis et les pays occidentaux, insistaient sur la nécessité d’établir entre eux la confiance pour mieux lutter contre le terrorisme qui déstabilise leur région. C’était un engagement auquel les pressaient les 700 chefs tribaux et religieux de la Jirga (une assemblée coutumière). Les mêmes déclaraient unanimement que les gouvernements et les peuples des deux pays « n’autoriseront pas de sanctuaires, d’entraînement et de centres pour les terroristes dans leur pays ». Une promesse qui semblait plus un voeu pieu puisque les dignitaires des zones frontalières pakistanaises, spécifiquement visées par cette déclaration, avaient boycotté la réunion. Il s’agit des représentants du Waziristan Nord et Sud où se sont repliés, selon Washington et Kaboul mêmes, les taliban renversés en Afghanistan en 2001.

Cela, Pervez Moucharraf le sait bien. En 2002, déjà , il affirmait vouloir prendre des mesures fortes contre les groupes djihadistes et réglementer les madrasa (les écoles religieuses) qui leur servent de terreau. Cinq après, c’est le contraire qui s’est produit. Les groupes officiellement interdits opèrent ouvertement dans les plus grandes villes du Pakistan, à commencer par Karachi, toujours avec le soutien des réseaux de mosquées et de madrasa. Des madrasa qui ont formé et envoyé des combattants djihadistes en Afghanistan et au Cachemire indien. Ce manque de conviction de la part de Moucharraf n’est pas étonnant. Il vient de sa dépendance vis-à -vis de la droite religieuse, et en particulier de la Jamiat Ulema-e-Islam, qui contrôle le plus grand réseau de madrasa, dites « déobandies » (du nom d’une des organisations dont elles dépendent), que le président pakistanais sait utiliser pour contrer le Parti populaire du Pakistan, jusque-là dirigé par Benazir Bhutto, et la Ligue musulmane, de Nawaz.

La Jamiat fait partie de la coalition au pouvoir dans la province pakistanaise du Balouchistan depuis octobre 2002. La Jamiat est aussi un des parrains des taliban afghan, à l’origine organisation pachtoune. Les taliban, qui combattent en Afghanistan, utilisent le Balouchistan comme une base d’opérations, de repli, aussi bien que de zone de recrutement à partir du réseau de madrasa contrôlé par la Jamiat. Les taliban savent également exploiter le sentiment sécessionniste qui existe parmi les 41 millions de Pachtounes qui vivent des deux côtés de la frontière afghano-pakistanaise et qui n’ont aucune confiance dans une armée pakistanaise dominée par les Punjabis. Il faut également noter l’activité de l’ISI (Inter Services Intelligence), les redoutables services de renseignement pakistanais, véritable État dans l’État, financé par la corruption et le trafic de drogue, très présent dans ces régions.

Pervez Moucharraf, Machiavel pakistanais, utilise ainsi, à ces propres fins, des groupes qui le soutiennent pour déstabiliser la région tout en apparaissant comme le leader indispensable pour empêcher un basculement vers l’islamisme religieux. Il écrase ainsi les forces laïques du Balouchistan, qui seraient pourtant les meilleurs combattants contre l’intégrisme. Autant dire que les promesses de la Jirga afghane le font sourire.

Pierre Barbancey


 Source : L’ Humanité www.humanite.fr




Pakistan. Benazir Bhutto assassinée, par Vincent Présumey.


Après l’assassinat de Benazir Bhutto, l’administration Bush se rue à la défense de Moucharraf, par Keith Jones.






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Thomas Frank. Pourquoi les pauvres votent à droite ? Marseille : Agone, 2008.
Bernard GENSANE
Rien que pour la préface de Serge Halimi (quel mec, cet Halimi !), ce livre vaut le déplacement. Le titre d’origine est " Qu’est-ce qui cloche avec le Kansas ? Comment les Conservateurs ont gagné le coeur de l’Amérique. " Ceci pour dire que nous sommes en présence d’un fort volume qui dissèque les réflexes politiques, non pas des pauvres en général, mais uniquement de ceux du Kansas, dont l’auteur est originaire. Cela dit, dans sa préface, Halimi a eu pleinement raison d’élargir (…)
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C’est un paradoxe que la nation qui a tant fait pour intégrer les droits de l’homme dans ses documents fondateurs se soit toujours opposé à la mise en place d’un cadre international pour protéger ces mêmes principes et valeurs.

Amnesty International - "United States of America - Rights for All" Oct. 1998

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