Voici le texte qui va être diffé par No Pasaran et la Fédération
Anarchiste à la manif de ni putes ni soumises.
Le ghetto du genre
Des sans-voix prennent la parole pour dénoncer le machisme au quotidien. «
Ni putes ni soumises » : des femmes refusent l’alternative, à laquelle est
confrontée toute femme dans nos sociétés, accepter la domination ou être
stigmatisée comme « salope », « traînée »... La violence sexiste s’exprime
au grand jour dans les quartiers pauvres, mais elle est transversale à toute
la société.
Depuis quelques années, le retour des idées réactionnaires, conjugué au
mépris affiché envers le mouvement féministe, a fait stagner, voire reculer
la condition des femmes en France. Il y a toujours 2 millions d’hommes qui
battent leur compagne (pour 400 qui la tuent chaque année) et 48 000 viols
(déclarés) par an. Il y a davantage de chômeuses que de chômeurs, et celles
qui travaillent sont payées, à qualification égale, 25 % de moins que leurs
collègues masculins. Les tâches domestiques sont, quant à elles, toujours à
la charge quasi-exclusive des femmes.
Dans les quartiers où la précarité est la plus grande, la virilité et le
sexisme sont des moyens d’exister socialement. Fruits d’un système
économique fondé sur l’exclusion et d’une volonté politique qui veut isoler
une classe « dangereuse », les banlieues du capitalisme sont victimes d’un
apartheid social. Les filles (et quelques garçons qui ne correspondent pas
aux normes) y deviennent les cibles du machisme le plus brutal.
Face à ces oppressions, les méthodes sécuritaires sont une fausse réponse.
Les commissariats ne font pas toujours bon accueil aux femmes qui viennent
déposer plainte suite à un viol, quand ils ne sont pas directement le cadre
d’agressions sexuelles. Contrairement à ce que veulent nous faire croire les
gouvernants, qu’ils soient du PS ou de l’UMP, la présence policière n’est
pas un remède à la pauvreté, et encore moins la solution au sexisme.
N’oublions pas que les lois qui ne sont pas accompagnées d’un changement des
mentalités, sont inefficaces. Le Parti socialiste qui s’est tant gargarisé
du texte sur la parité préfère payer des amendes plutôt que de l’appliquer
lui-même. Comment croire que les socialistes (présents au travers de SOS
Racisme dans les Maisons des Potes) ne tentent pas d’instrumentaliser la
Marche des femmes de quartiers, comme ils l’ont fait pour la Marche des
beurs dans les années quatre-vingt ?
L’autonomie des femmes est la condition de leur émancipation. La prise de
conscience qu’a initié la Marche des femmes des quartiers est précieuse, à
l’heure où les jeunes femmes ont encore peur de s’affirmer féministes. Des
espaces de parole et de solidarité sont nécessaires : faisons-les vivre !
Revendiquons une réelle éducation à la sexualité et à l’égalité entre les
sexes. Mais la disparition de l’oppression des femmes ne pourra se faire
sans remettre en question le cloisonnement entre le masculin et le féminin.
Non, il n’y a pas de fatalité biologique mais une construction des genres
masculin et féminin. On fabrique des femmes dominées en leur apprenant la
coquetterie, la douceur et la servitude, et des hommes dominants en leur
enseignant la violence, la compétition et l’exclusion.
A bas les ghettos du genre !
Libérons-nous des carcans pour vivre nos vies comme nous l’entendons !