RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

USA - La crise immobilière fait planer la menace d’une récession, Pierre-Yves Dugua.








Le Figaro, le 1er novembre 2007.


Les économistes redoutent une contagion à l’économie réelle via la consommation, l’an prochain.


Le pic de la crise immobilière est sans doute encore devant nous. Le malaise, vieux de deux ans, a certes déjà fait baisser les prix des logements, il a provoqué un doublement du nombre des saisies et fait plonger les mises en chantier à leur plus bas niveau depuis 1993. Il a aussi coûté environ un point de croissance à l’Amérique cette année. Pour autant, sa contagion au reste de l’économie a été jusqu’à présent limitée. Pour combien de temps ?

Les maigres 2 % de croissance attendus aux États-Unis pour 2008 sont-ils crédibles ? Première source d’inquiétude, la récession du marché immobilier résidentiel empire. La chute persistante des demandes de permis de construire garantit même un prolongement du marasme en 2008. L’indicateur le plus inquiétant est la montée des invendus. Le stock de maisons anciennes est désormais équivalent à plus de dix mois de transactions. Ce record est battu tous les mois. Quant aux prix, l’indice des dix plus grandes villes a chuté de 5 % sur un an en août, son plus fort recul depuis la précédente récession immobilière de 1991. Pour ne rien arranger, voilà que l’immobilier commercial donne à son tour des signes de faiblesse. Sa bonne tenue jusqu’à présent avait limité les pertes d’emplois dans le secteur de la construction. Or, selon la société McGraw-Hill Construction, les investissements nouveaux en matière industrielle et commerciale (bureaux, hangars, hôtels) vont reculer de 7 % l’an prochain, après avoir grimpé de 11 % cette année.


Prudence soudaine des prêteurs

A cela s’ajoute l’impact du durcissement des conditions exigées par les banques depuis la crise des obligations à haut risque. Les établissements prêteurs refusent de plus en plus de financer au-delà de 90 % du prix d’achat d’un bien immobilier, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques mois. La soudaine prudence des prêteurs exclut du marché beaucoup d’emprunteurs, et pas simplement des foyers insolvables comme à l’âge d’or du subprime.

Les économistes redoutent maintenant une déprime des consommateurs - leur confiance est à son plus bas niveau depuis deux ans - et un recul de leurs dépenses. Un scénario noir dans un pays où la consommation représente 70 % de la richesse nationale. Le risque est réel puisque les plus-values immobilières latentes ont longtemps servi de gages à des prêts à la consommation. Alan Greenspan expliquait mi-septembre que « les variations de valeur du patrimoine immobilier se répercutent deux fois plus sur la consommation que les variations de portefeuille boursier ». Or la banque Goldman Sachs, pour ne citer qu’elle, prévoit une chute moyenne des prix immobiliers de 15 %, ce qui correspondrait à une dépréciation de plus de 3 000 milliards de dollars du parc résidentiel. L’impact sur la consommation s’annonce en tout cas significatif. « Par rapport aux 3,3 % de croissance des trois dernières années, la hausse des dépenses de consommation va être réduite de moitié au cours des six prochains trimestres », estime par exemple la National Association of Manufacturers (NAM). Face à ce danger, la Réserve fédérale dispose de moyens limités. Sa double baisse de taux directeurs de la mi-septembre ne s’est pas répercutée sur les taux d’intérêts à long terme. Elle n’a pas non plus éliminé les dysfonctionnements du marché obligataire, qui handicapent le financement des entreprises par le biais du papier commercial. Enfin, elle n’a pas calmé les tensions inflationnistes alors que l’envolée des cours des matières premières, notamment, retarde la désinflation attendue par la Fed.

Dans ce contexte, les exportations constituent « la » bonne nouvelle. Dopées par la chute du dollar depuis un an, elles ont augmenté quatre fois plus vite que les importations. L’Amérique en a retiré environ un point de croissance cette année, ce qui a compensé le handicap immobilier. Pourvu que ça dure.

Pierre-Yves Dugua, correspondant à Washington.



 Source : Le Figaro www.lefigaro.fr





A LIRE : Note sur l’éclatement de la bulle immobilière américaine, par Isaac Johsua.



L’Amérique droguée au crédit, Dominique Nora.


L’Amérique pauvre des super riches, Marco D’ Eramo.



Immobilier : Bulle, Krach, Boum !




URL de cet article 5640
   
Autopsie des terrorismes - Les attentats du 11-septembre & l’ordre mondial
Noam CHOMSKY
Les États-Unis mènent ce qu’on appelle une « guerre de faible intensité ». C’est la doctrine officielle. Mais les définitions du conflit de faible intensité et celles du terrorisme sont presque semblables. Le terrorisme est l’utilisation de moyens coercitifs dirigés contre des populations civiles dans l’intention d’atteindre des visées politiques, religieuses ou autres. Le terrorisme n’est donc qu’une composante de l’action des États, c’est la doctrine officielle, et pas seulement celle des (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il semblerait que la nature de l’ultime révolution à laquelle nous avons à faire face est précisément celle-ci : nous sommes en train de développer toute une série de techniques qui permettront aux oligarchies aux commandes - qui ont toujours existé et qui probablement existeront toujours - d’amener les gens à aimer leur servitude.

Aldous Huxley

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.