RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Equateur : raz-de-marée « bolivarien » à l’Assemblée constituante, Hans-Peter Renk.




Photo : Ochoa, AP.






solidaritéS, 10 octobre 2007.


Fin novembre 2006, le candidat « bolivarien » Rafael Correa gagnait le second tour des élections présidentielles en Equateur. Lors de sa campagne, il avait promis une nouvelle Constitution pour en finir avec une classe politique et un modèle économique néolibéral totalement discrédités. Et le 15 avril 2007, 82% des Equatorien-ne-s ont approuvé la convocation d’une Assemblée constituante de 130 membres.


Malgré le tir de barrage des partis de droite et des médias [1], les estimations de l’organisation indépendante « Participation citoyenne » donnent à « Alianza Pais » - la coalition qui soutient Rafael Correa - plus de 60% des suffrages (soit 70 sièges sur 130). Les trois principaux partis de droite - Parti socialchrétien, Société patriotique [2]et Parti rénovateur institutionnel d’action nationale [3] - ne remportent qu’une trentaine de sièges. A gauche, le Mouvement populaire démocratique (d’origine maoïste) remporte 3 sièges (les résultats définitifs seront publiés le 22 octobre).

La nouvelle constitution entrera en vigueur en 2008 et tous les pouvoirs devront être « relégitimés », conformément aux « nouvelles règles du jeu » : après la victoire d’Hugo Chávez à l’élection présidentielle de 1998, le Venezuela avait connu un même processus pour « réformer l’Etat et refonder la République » (Hugo Chávez, décret pour la convocation d’une Assemblée constituante).


Le programme de Rafael Correa

« Correa plaide pour une révolution citoyenne, consistant en "une transformation radicale, profonde et rapide" du système politique, économique et social. Entre autres mesures, il a l’intention de freiner le capital spéculatif, d’imposer des mesures protectionnistes en interdisant les monopoles notamment dans le secteur bancaire, de redistribuer les "terres non productives ou mal cultivées" , d’augmenter les investissements publics, de donner la priorité au marché intérieur, etc. Parmi les grandes orientations du nouveau gouvernement, figure un axe majeur : la restructuration de la dette publique tant extérieure qu’intérieure, une étape indispensable pour entamer un processus de transformation vers un autre modèle de développement socialement juste » [4]

La dette équatorienne s’élève à 16800 millions de dollars : pour faire face aux besoins sociaux, le gouvernement a réduit la part du budget affecté au paiement de cette dette et soldé sa dette de 11,4 millions de dollars envers le FMI. Le représentant de la Banque mondiale - avec laquelle l’Equateur a fait de très mauvaises expériences - a été expulsé du pays.

D’autre part, le président équatorien et les forces politiques qui l’appuient refusent l’ingérence de l’impérialisme étatsunien dans la région :

- pas d’intégration à l’ALCA (aire de libre-échange des Amériques) néo-libérale et priorité donnée à l’intégration régionale ;
- non-renouvellement de l’accord de 1999 (échu en 2009) permettant aux USA de disposer d’une base militaire à Manta (utilisée dans le cadre du « plan Colombie » contre les FARC) ;
- refus de s’impliquer dans le conflit interne en Colombie, en fonction des intérêts US.

Autres axes : le renforcement du contrôle d’Etat sur l’industrie pétrolière, la renégociation des contrats avec les sociétés étrangères, la rentrée de l’Equateur dans l’OPEP et la coopération en matière énergétique avec la République bolivarienne du Venezuela et le Brésil. Enfin, l’Equateur est partie prenante du projet de « Banque du Sud » lancé par le Venezuela et l’Argentine, afin de rompre la dépendance envers les institutions financières internationales.


Un chemin vers le « socialisme du XXIe siècle », semé d’embûches

Comme le relève le Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde (CADTM) - dont le président, Eric Toussaint, participe à l’élaboration du projet de « Banque du Sud » - dans un communiqué daté du 1er octobre 2007, saluant la victoire « bolivarienne » en Equateur, « le chemin des réformes sociales est semé d’embûches. Plusieurs présidents de gauche ont été élus en Amérique latine ces dernières années en proposant de rompre avec la politique néolibérale de leur prédécesseur, mais très peu ont réellement mis en oeuvre leurs promesses. Le CADTM espère que Rafael Correa ne vacillera pas et réalisera une politique démocratique de justice sociale » [5]. Battus dans les urnes à maintes reprises, les partis de droite et les oligarchies économiques n’acceptent pas la défaite : ils accusent le président de vouloir instaurer en Equateur une « dictature à la Chávez » et brandissent la menace de sécession des provinces côtières (comme leurs homologues boliviens tentent de le faire à Santa Cruz, ou leurs homologues vénézuéliens dans l’Etat de Zulia, à la frontière avec la Colombie).

Le chemin vers le « socialisme du XXIe siècle » n’est donc pas parsemé de roses. La mise en échec de ces manoeuvres déstabilisatrices dépendra en dernière instance des capacités de mobilisation du mouvement social équatorien.

Hans-Peter Renk


- Source : solidaritéS www.solidarites.ch




C’ est une première : l’Équateur renonce à exploiter une partie de ses réserves pétrolières !



Equateur : une future Constitution arôme Correa, par Samuel Schellenberg.


Message du Président Rafael Correa aux Belges : s’ ils vivaient une situation difficile, les Belges seraient les bienvenus en Equateur.







[1Eduardo Tamayo G, Les médias contre la « révolution citoyenne », www.risal.collectifs.net (subdivision. Pays, Equateurs).

[2Parti de l’ancien président Lucio Gutiérrez, élu en 2002 par la gauche, mais ayant immédiatement viré à droite, et renversé en 2005 par un soulèvement populaire.

[3Parti du milliardaire Alvaro Noboa, adversaire de Rafael Correa lors des élections présidentielles en 2006.

[4Cécile Lamarque, Victoire de la gauche en Equateur : quelles perspectives ? (24.5.2007), www.cadtm.org.

[5Communiqué du 1.10.2006, www.cadtm.org Rafael Correa


URL de cet article 5617
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
La Colombie [sans Ingrid ni Pablo] – Un récit de voyage
Cédric Rutter
On ne peut pas évoquer la Colombie sans penser à Ingrid Betancourt ou à Pablo Escobar. Pourtant, les interlocuteurs rencontrés par Cédric Rutter au cours de son voyage n’ont jamais parlé d’eux. Ce pays ne se limite pas au trafic de drogue et à la guérilla des Farc. Cette zone stratégique et magnifique, porte de l’Amérique du sud entre deux océans, abrite des communautés et des individus en demande de paix dans une démocratie fragile. Ils ont tant à enseigner et à dire. L’auteur les a écoutés et nous (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Une idée devient une force lorsqu’elle s’empare des masses.

Karl Marx

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.