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« Prisons secrètes de la Cia en Europe », Alberto D’ Argenzio.








Le procureur suisse Marty présente son second rapport : les Etats-Unis exploitent un réseau d’enlèvements, de tortures et d’emprisonnements, l’Italie savait.



Il manifesto, Bruxelles, 9 juin 2007.


Prisons secrètes et pratique de la torture en Pologne et en Roumanie, obstacles dans les enquêtes sur les enlèvements illégaux de la part des états italien, allemand et macédonien. Et derrière tout ça, un contrat entre l’OTAN et la CIA, signé en secret le 4 octobre 2001, pour couvrir et aider les services secrets américains dans ses diverses activités en Europe : en pratique presque tout le monde savait et tout le monde s’est tu. C’est le schéma dessiné hier par Dick Marty, le procureur suisse chargé le 7 novembre 2005 par le Conseil de l’Europe (organisme qui n’a rien à voir avec l’Union européenne) d’enquêter sur les opérations de la CIA. Marty a présenté hier son second rapport, un an exactement après le premier."Les Etats-Unis -dit le procureur- ont voulu imposer une guerre sans règles contre le terrorisme, une guerre qui a tourné au désastre".

En juin dernier Marty avait parlé d’un "toile d’araignée internationale" d’enlèvements, de vols aériens et de détentions, tous rigoureusement illégaux et en violation des conventions des droits de l’homme. Hier les mots les plus employés étaient "honte" et "responsabilité". Paroles adressées à de nombreuses personnes dont Romano Prodi et son gouvernement. "L’actuel gouvernement italien -a affirmé Marty dans une conférence de presse donnée à Paris- est allé plus loin que le gouvernement Berlusconi dans sa tentative d’arrêter l’enquête menée par le tribunal de Milan ». De façon plus concrète, Prodi a utilisé l’arme du secret d’état pour empêcher les juges de travailler, une arme, assure Marty, qui nous ramène "aux temps de la guerre froide ».

L’attaque ne s’arrête pas là  : "La logique aurait voulu que le gouvernement actuel fasse tout son possible pour démontrer que le gouvernement précédent a couvert ou accompli des actions illégales dans le domaine de la détention et du transfert illégal de présumés terroristes ». Au contraire, la logique italienne veut que l’ex-chef du SISMI (Services secrets italiens, NDT) Nicolò Pollari qui, selon Marty "a menti effrontément au Parlement européen" sur l’affaire Abu Omar, est devenu le conseiller du Premier Ministre. Il est normal que pour un Suisse (et pas seulement pour lui) cela puisse apparaître pour le moins curieux. Prodi pourra cependant se consoler : il est en bonne compagnie. Marty pointe en effet du doigt la moitié de la classe dirigeante polonaise, de Kwasnieski aux frères Kaczinski, en passant par les ex-premiers ministres Miller et Belka, et attaque aussi les roumains Iliescu et Basescu : "Toutes les plus hautes autorités de l’état étaient au courant de ce qui se passait sur leur territoire". En l’occurrence il s’agissait des prisons secrètes, mais le discours vaut également pour l’Italie, l’Allemagne, la Macédoine, le Royaume-Uni, la Bosnie et le Canada, avec cette différence pour les deux derniers pays, qu’ils ont reconnu leurs responsabilités. Les autres s’obstinent à nier.

Les preuves, pendant ce temps, augmentent. "Il y a suffisamment d’éléments pour affirmer que deux centres secrets gérés par la CIA ont existé en Europe entre 2003 et 2005, plus précisément en Pologne et en Roumanie" a déclaré Marty. Dans la prison polonaise de Stare Kiejkuty, passaient les grosses prises de Al Quaida, comme Abu Zubaidah et Khalid Cheik Mohammed, considéré comme un des cerveaux du 11 septembre, tandis que la Roumanie s’occupait du menu fretin. Plus d’un soupçon pèse aussi sur l’existence de centres analogues sur l’île britannique de Diego Garcia et en Thaïlande. Dans ces prisons, lit-on dans le rapport, les détenus "sont soumis à des traitements inhumains et dégradants" et à des "interrogatoires renforcés", en pratique à la torture : musique assourdissante, air conditionné étouffant ou glacial, privations sensorielles, mois d’isolement, détenus laissés entièrement nus pendant des semaines. Les sources qui permettent de formuler de telles accusations, précise Marty, proviennent de "témoignages fiables et concordants" fournis par plusieurs agents des services secrets américains et européens.

Selon Varsovie et Bucarest, il s’agit au contraire d’un tas d’ordures. "Nous attendons les preuves, car pour le moment Marty n’en a apporté aucune", affirme le porte-parole du ministre des affaires étrangères polonais. "Calomnies sans preuves, présentées avec mauvaise foi", répète durement en écho la sénatrice roumaine Norica Nicolai. Profil bas à Bruxelles où le commissaire Frattini rappelle seulement que la lutte contre le terrorisme doit être menée à l’intérieur des lois et des conventions internationales. Ce qui est en cause est une question qui touche le coeur des valeurs de l’UE : les pays impliqués et qui continuent à se taire, pourraient perdre leur droit de vote. Mais les institutions européennes (commission, parlement, états membres) ne semblent pas avoir une grande envie de sortir de la loi du silence.

Alberto D’ Argenzio


 Source : il manifesto www.ilmanifesto.it

 Traduit de l’italien par Elisabeth Cadic-Njeim et Marie-Ange Patrizio.

 Lire aussi : Faut-il combattre la tyrannie avec les instruments des tyrans ? par Dick Marty.




« Comment la Cia "sous-traitait" la torture » / La série noire du témoin Murray, P. Lombroso - S.Finardi.

Débat d’amnésiques sur la torture, par Naomi Klein.


L’histoire des "escadrons de la mort" guatémaltèques, par Robert Parry.






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L’Histoire m’acquittera
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L’Histoire m’acquittera (en espagnol : La Historia me absolvera) est un manifeste d’auto-défense écrit par Fidel Castro en octobre 1953, à la veille de son procès (il est jugé pour avoir attaqué la caserne de Moncada le 26 juillet 1953, en réaction au coup d’état de Batista). Fidel Castro est diplômé en droit, il manie la plaidoirie, exercice qu’il connaît bien, avec aisance : il y explique ses actes et son implication dans le soulèvement contre Batista mais surtout, il y développe ses (…)
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« Citoyens,

Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres.

Le Comité Central de la Garde Nationale »

Texte de l’affiche apposée avant l’élection de la Commune de Paris, 25 mars 1871.

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