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Rodolfo Walsh : Pour qui travaillent les intellectuels ? Connaissez Rodolfo Walsh ? Ramón Pedregal Casanova.








Rebelion, 1er juin 2007.


Il est fort possible que beaucoup de lecteurs ignorent qui fut Rodolfo Walsh. Je suis à peu près sûr que la plupart des gens qui lisent ne connaissent pas son ouvre littéraire emblématique « Opération Massacre ». Ce dont je suis sûr c’est qu’en Espagne les éditeurs gardent leurs distances à son encontre.

Pourtant, un écrivain comme Rodolfo Walsh, considéré comme un des plus grands d’Amérique du Sud, serait une bonne affaire pour n’importe quel vendeur de livres, mais voilà . le problème c’est que l’ouvre de Rodolfo Walsh enseigne aux lecteurs ce que les multinationales du papier imprimé ne veulent pas qu’ils sachent.

Rodolfo Walsh était journaliste et écrivain et il ne perdit pas une minute et il ne la leur fit pas perdre aux autres. Il investit ses énergies créatrices dans un travail susceptible d’agrandir chez les travailleurs leur capacité de comprendre la réalité. Les non-travailleurs savent et font déjà ce qui les intéresse.

Avez-vous entendu un membre quelconque d’un gouvernement ou bien quelque industriel déclarer ce que Rodolfo Walsh écrivit le 1º mai 1968 dans son « Message au peuple d’Argentine » ? : « Le camp de l’intellectuel c’est la conscience, par définition, oui, la conscience. Un intellectuel qui ne comprend pas ce qui se passe à son époque et dans son pays est une contradiction ambulante et celui qui le comprend mais qui n’agit pas, celui-là il aura une place dans l’anthologie des lamentations, mais non dans l’anthologie vivante de son pays ».

Rodolfo Walsh fut un des fondateurs de l’Agence de Nouvelles Clandestines (ANCLA) dans laquelle il travaillait pour faire connaître ce que les militaires et leurs collaborateurs faisaient. : les disparitions, les exécutions, les tortures que ses recherches révélaient, les accusations de militaires et de policiers comme bras armés de la Dictature. ce fut pour lui un travail permanent.

Ses enquêtes de journaliste ont pour titres : "Opération Massacre", " Affaire Satanowsky ", « Qui a tué Rosendo ? ». Il a aussi écrit des pièces de théâtre comme « La bataille », « La grenade », (une satire des militaires et du pouvoir en Argentine) et des récits comme ceux qui ont été réunis dans le volume « Les Irlandais » que vous pouvez trouver aux éditions El Aleph.

Il a été un défenseur de la révolution cubaine et il s’est appliqué à cette tâche avec toutes ses facultés intellectuelles. C’est lui qui décoda les messages codés que la CIA des Etats-Unis et ses mercenaires s’échangeaient lorsqu’ils préparaient l’invasion de la Baie des Cochons. Le travail de Rodolfo Walsh a permis aux révolutionnaires libérateurs de savoir quand ?, par où ? et comment ? les hordes fascistes allaient débarquer et de leur préparer l’accueil qui convenait.

La question : « Pour qui travaillent les intellectuels ? » aurait-il dû la poser plus tôt ? Puis-je la poser maintenant ?

Rodolfo Walsh avait compris que sa capacité intellectuelle devait servir pour produire de la réflexion et des changements sociaux profonds en faveur des classes laborieuses ; la valeur de son travail intellectuel, il en fit don à la cause de la justice et comme exemple de son choix il nous a laissé la marque de son engagement dans la lutte contre l’impérialisme ; il a assisté en tant que journaliste au conflit de 1974 qui continue encore dans la plus tragique et pleine actualité : l’invasion sioniste de la Palestine et la résistance du peuple palestinien.

Au mois de mai 1974, Rodolfo Walsh se trouvait à Beyrouth après un bombardement par les Israéliens de la population et il interrogea les gens dans la rue et les dirigeants de la Résistance palestinienne. L’enquête qu’il mena alors éveille le plus grand intérêt chez tout lecteur d’aujourd’hui et il a été publié dans le journal argentin « Noticias » en juin de cette année-là . Aujourd’hui, ce document est disponible intégralement sur Internet à l’adresse suivante : www.nacionapache.com.ar

Je cite quelques lignes du début :

- ".

- Comment t’appelles-tu ?

- Zaki

- Quel âge as-tu ?

- Sept ans.

- Est-ce que ton père vit encore ?

- Il est mort.

- Que faisait ton père ?

- Il était fédayin.

- Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ?

- Fédayin.

Ce garçon blond aux cheveux coupés ras et vêtu d’un uniforme rayé qui répond ainsi, dans une école pour orphelins, au sud de Beyrouth, au Liban, résume la meilleure alternative qui, après 26 années de frustrations, reste à trois millions de Palestiniens dépouillés de leur patrie : devenir des fédayins, des combattants de la Révolution Palestinienne.

"Des Palestiniens ? J’ignore ce que c’est" déclara un jour l’ex Premier Ministre d’Israël, Golda Meir.

On connaît l’efficacité de l’argument, déjà utilisé en Algérie, au Viet Nam, dans les colonies portugaises, pour nier l’existence des mouvements de libération. « moudjahidine » connais pas. « Liberation Front ?" never heard of it. " FRELIMO ?" nao conhece "

L’ennemi n’existe pas et tout est en ordre. Chacune de ces dénégations a fait courir un fleuve de sang, mais n’a pas arrêté le cours de l’Histoire.


Rodolfo Walsh a laissé écrite sa dernière accusation des militaires putschistes sous le titre : « Lettre Ouverte de Rodolfo Walsh à la Junte Militaire ». Elle est datée du 24 mars 1977.

Le lendemain, un commando de 14 assassins dont les noms et prénoms ainsi que leurs grades dans l’armée et la police sont connus, lui tendit une embuscade et ils le criblèrent de balles en pleine rue. Après, ils ont emporté son corps et ils l’ont fait disparaître comme ils ont fait avec des milliers d’autres Argentins.

"Lettre Ouverte." commençait ainsi :

«  1. - La censure de la presse, la persécution des intellectuels, le saccage de ma maison de Tigre, l’assassinat de mes amis les plus chers et la perte d’une fille morte en vous combattant, tels sont quelques-uns des faits qui m’obligent à opter pour cette forme d’expression clandestine après avoir pensé librement en tant qu’écrivain et journaliste pendant presque trente ans. »

Continuez de la lire sur Internet : www.literatura.org

Connaissez Rodolfo Walsh. La Justice et la Mémoire Historique, deux concepts inséparables, grandissent avec lui.

Ramón Pedregal Casanova


 Source : Rebelion www.rebelion.org

 Traduction : Manuel Colinas

 Transmis par Cuba Solidarity Project









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Je n’ai aucune idée à quoi pourrait ressembler une information de masse et de qualité, plus ou moins objective, plus ou moins professionnelle, plus ou moins intelligente. Je n’en ai jamais connue, sinon à de très faibles doses. D’ailleurs, je pense que nous en avons tellement perdu l’habitude que nous réagirions comme un aveugle qui retrouverait soudainement la vue : notre premier réflexe serait probablement de fermer les yeux de douleur, tant cela nous paraîtrait insupportable.

Viktor Dedaj

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