Página 12, 17 avril 2007.
Dix pays sud-américains se sont réunis au Venezuela les 16 et 17 avril pour ce sommet inédit. Ils ont notamment annoncé la construction pharaonique du gazoduc du Sud qui doit relier le Venezuela à la Patagonie et la création de l’OPEP du gaz du Sud.
A l’heure où l’on annonce un épuisement des énergies non renouvelables, les ministres de l’Energie d’Amérique du Sud [réunis sur l’île de Margarita, au large du Venezuela, à l’occasion du premier Sommet énergétique sud-américain] ont su faire taire leurs différences pour se rallier à un projet commun. Le Venezuela a mis les ressources de son sous-sol au service de son projet politique, lequel s’appuie sur une solide intégration avec les pays voisins. Hier, le ministre de l’Energie et des Mines et président de Pdvsa (Petróleos de Venezuela SA), Rafael Ramàrez, a cité l’exemple des accords de coopération avec l’Argentine pour décrire la forme d’intégration que propose le Venezuela. "Le gaz que possède l’Amérique du Sud doit servir à la consommation et au développement de l’Amérique du Sud", a rappelé à plusieurs reprises le ministre pendant une réunion à huis clos avec ses homologues régionaux qui a duré près de quatre heures et où les discours protocolaires ont été réduits au strict minimum.
Il n’est pas innocent que la réunion ait débuté par une longue présentation du projet de gazoduc du Sud, un chantier qualifié de "pharaonique", consistant à traverser l’Amérique du Sud depuis le Venezuela jusqu’à l’Argentine. De quoi matérialiser l’intégration de tout le sous-continent. Le premier tronçon reliera Güiria (Venezuela) et Recife (Nordeste brésilien), sur une distance de 5 000 kilomètres - dont 4 000 en territoire brésilien -, pour un coût de 11 milliards de dollars, selon une estimation d’une source appartenant à la délégation argentine. Au dire de Ramàrez, le chantier sera lancé fin 2009 et le gazoduc entrera en service fin 2013.
L’autre volet important de cette réunion a été la présentation de l’OPEP du gaz du Sud, une proposition de coordination des politiques de production, de prix et d’exportation des pays de la région en matière gazière. Même le Brésil, qu’on croyait totalement étranger à cette initiative (promue par l’Argentine, le Venezuela et la Bolivie), s’y est dit favorable. "Nous venons seulement de prendre connaissance de ce projet, a déclaré Silas Rondeau, ministre de l’Energie et des Mines du Brésil, mais nous sommes tout à fait partisans de sa mise en oeuvre". Le premier pas, le plus difficile, était franchi.
Après avoir exprimé leur soutien au projet de gazoduc du Sud et leur engagement en faveur d’une union stratégique autour d’une OPEP du gaz, les participants ont évoqué l’idée d’un "anneau énergétique" qui relierait à terme tous les pays du Pacifique. Une fois tous ces pays raccordés les uns aux autres, on pourrait imaginer que le gaz soit acheminé dans n’importe quel sens afin d’approvisionner à tout moment les pays qui en auraient besoin.
La plupart des chefs d’état des pays invités - Argentine, Brésil, Bolivie, Chili, Colombie, Equateur, Paraguay, Pérou, Uruguay et Venezuela - étaient présents à ce sommet. Seuls l’Uruguayen Tabaré Vasquez et le Péruvien Alan Garcàa se sont excusés.
Animés de grands projets, les participants du premier Sommet énergétique sud-américain ont donc accepté de laisser de côté leurs différences en ce qui concerne le développement des biocarburants. Cette question n’a été abordée qu’en passant pendant la rencontre, toujours sur un ton aimable et sans faux-semblants. Le Brésil était ainsi remercié d’avoir soutenu les deux initiatives autour desquelles s’est articulée la rencontre.
Raul Dellatorre
– Publié sur Página 12 www.pagina12.com.ar
– Source : Courrier International
www.courrierinternational.com