16 janvier 2007.
A la grande foire de la porte de Versailles, on trouve de tout, des promesses de tout et de son contraire, les projets les plus mirifiques comme ces inventions que les bateleurs vous vendent avec le talent du commercial né, et en plus souvent moins cher que gratuit...
N’avez-vous pas vu ce produit miracle qui rend serein même les plus énervés congénitaux ? Si si cela existe. Et cette autre formule qui permet à un homme politique habitué à manger dans les assiettes de l’extrême droite de la table venir manger au râtelier à gauche ? Vous en goûterez bien un peu ? Plus c’est gros, plus c’est bon en général, selon les théories du vieux penseur de la « vieille Europe » J. Goebbels. Il y a aussi des stands où l’on rase totalement gratis et où on repart avec des tongues ou des préservatifs au portrait du chef : plus un seul SDF en deux ans, tout le monde au travail, des logements pour tous, des revenus « à l’américaine » pour tout le monde, la croissance à deux chiffres et propre pour la planète en plus ; c’est pas merveilleux cette campagne libérale qui ressemble tant à la blague de l’enfer libéral (avant et après campagne) ?
Bon d’accord, on se réveille de ces fêtes un peu trop bruyantes, de ces moments d’euphorie qui suivent, brièvement, la joie d’avoir crû acheter chez le bateleur du mois, l’objet inutile le plus utile de la décennie, que dis-je, du siècle, parfois avec la gueule de bois ; les kermesses, cela n’a qu’un temps. Et tant pis si les heures sup’ après ne sont pas payées, si les salaires ne montent pas sous la pression du grand patron de la foire, celui qui loue les stands, si les retraites deviennent libellées en « stock-options » qui fondent en moins de temps qu’il ne faut à un iceberg libéral pour fondre sous l’effet du réchauffement climatique. Tant pis si sous l’effet de ces marchands de foire, les soins ne sont plus pris en charge, les inégalités se creusent, laissant le pauvre demeuré avec son rêve américain retrouver le chemin de l’ANPE ou du RMI parce qu’il a crû à un emploi que le taulier à préféré refiler à un chinois, rapport à la restriction budgétaire d’après campagne (toujours la bonne blague de l’enfer libéral). On nous aura tout promis. Et en cela, le taulier de la foire est bien le digne successeur de son ancien patron qui lui a appris tous les bons trucs de la roublardise.
Mais enfin réfléchissez bien qu’en vous rentrerez de la foirfouille de Versailles, celle dont le décor en carton pâte a tout de même coûté plus de 3 millions de nos (vos) euros : quand vous revenez avec votre presse purée miraculeux, votre épluche carottes révolutionnaire, ou votre préservatif signé du chef au goût de fiel... êtes-vous prêt pour cela à renoncer à vos écoles pour les enfants, à vos hôpitaux pour les vieux, à vos tribunaux pour la Justice, à vos policier pour la sécurité publique, à vos pompiers pour le salut publique,... ? Ne croyez-vous pas que le bateleur de la foire, celui que vous avez admiré avec jubilation vous vendre sa salade, celui là même qui voudrait désormais manger et vous voir manger à tous les râteliers... Ne croyez-vous pas que demain, il mettra le même talent à les vendre aux plus offrants, vos écoles, vos hôpitaux, vos tribunaux, vos commissariats, vos casernes... et bientôt vos emplois, voire votre voix ? N’a t’il pas lui-même un patron qui lui dit qu’il faut respecter les lois de l’offre et de la demande ? De la liberté du marché ? On fait du business non dans une foire expo ?
C’est cela la foire. Bienvenue à la foire d’empoigne où la « main invisible du marché » distribue ses gnons à chacun dans la plus grande confusion et le plus grand hasard, sauf à ceux qui sont déjà fortunés et qui le seront encore plus si par malheur la France décidait de passer à la « France d"après ».
Yves Agapé
L’UMP - Sarkozy pour la "liberté de travailler le dimanche", par Gérard Filoche.