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« Le post-capitalisme est possible. L’Amérique latine montre la voie », par Manuela Cartosio.





Il manifesto, Brescia, jeudi 30 novembre 2006.


D’Amérique latine, une leçon d’économie pour un nouveau monde possible.


Donnée hier à la faculté d’économie de l’université de Brescia, par Wim Dierckxsens, économiste hollandais transplanté depuis 1971 en Amérique centrale. Il enseigne à l’université de San José au Costa Rica, et milite au Forum mondial des alternatives. Son dernier livre - La transition au post-capitalisme. Une alternative pour la société du 21ème siècle - vient d’être traduit par la Fondation Guido Piccini (grande figure de l’antifascisme brescian).


«  Au-delà du courage de la parole, nous devons avoir celui de l’écoute ». C’est avec cet avertissement à prêter attention à la « civilisation des pauvres » que don Renato Piccini a introduit la leçon de Wim Dierckxsens. Et la Cgil (plus grand syndicat italien, NDT), qui, avec la municipalité de Brescia et la Fondation Piccini, a organisé le colloque, a montré que, du courage, elle en a. Ce n’est pas indolore pour un syndicat engagé contre le déclin industriel, de se confronter avec quelqu’un qui soutient que seule la croissance zéro -et « même au dessous de zéro », a précisé Wim Dierckxsens - sauvera le monde. Miel pour nos amis de Carta-hebdomadiare (altermondialiste, NDT), fiel pour une assemblée de tute blu (les salopettes bleu des métallos, NDT) qui risquent le licenciement.

Wim Dierckxsens déclare l’objectif : « Mettre l’économie au service de la vie, au lieu de sacrifier la vie à l’économie ». C’est possible, affirme depuis plusieurs années le mouvement alter mondialiste. « C’est urgent, c’est obligatoire » ajoute-t-il, lui. « Je suis un rêveur ? Oui. Je suis un loco ? Oui, si être fou signifie ne pas accepter l’état de faits existant ». Il y a une forte charge utopique et éthique dans la pensée de Wim, observe le maire de Brescia, Paolo Corsini (Ds), mais son idée que seule une « économie du suffisant et du nécessaire » garantit l’équité entre les êtres humains et évite la catastrophe écologique est « rationnellement » fondée. Dino Greco, secrétaire de la Chambre du travail, va plus loin : « Comme Marx, Wim analyse le capitalisme réel ». Et il en tire une vérité incontournable : pourvu qu’il se développe, le capitalisme « raccourcit la vie » des marchandises qu’il produit, oblige à jeter ce qui est encore utile et à acheter ce dont on n’a pas besoin. A une vitesse de plus en plus grande, qui ne laisse pas à la nature le temps de se reproduire.

La recette noblement déclinée par le keynésianisme, et plus vulgairement par le consumérisme est en crise. Pour en sortir, la « consommation responsable » ne suffit pas, il faut une « production responsable ». Le néolibéralisme, réponse du capital à la crise du keynésianisme, est déjà en crise, à son tour. En proclamant qu’il n’y a pas de place sur terre pour tout le monde, il dicte la loi du « sauve qui peut », prétend que les exclus, deux tiers de l’humanité, s’y résignent, ajoute Wim Dierckxsens. « Mais, de cette façon là , personne ne s’en sortira ». Les sociétés transnationales se battent entre elles pour se répartir les marchés, les Etats-Unis sont tellement faibles qu’ils doivent faire des guerres pour que le dollar ne s’effondre pas et pour garder le contrôle sur les matières premières. L’entrée de la Chine et de l’Inde chez les géants de l’économie va augmenter les conflits.

Wim Dierckxsens voit se profiler à l’horizon une récession économique terrible, et il découvre les germes d’une issue de secours pour tout le monde, « même pour le Nord riche », dans ce qui est en train de se passer en Amérique latine. Brésil, Argentine, Bolivie, Vénézuéla, Chili, Equateur, ont rompu avec cette cage de l’annexion, ils ne sont plus l’arrière-cour des Etats-Unis. Ils font sauter l’Alca, ils revendiquent une souveraineté alimentaire, ils se révoltent contre la privatisation des biens communs ; les indios -considérés comme « superflus » par les transnationales- deviennent les protagonistes des luttes sociales et des élections. L’Amérique latine ne se contente pas de vouloir sa part de gâteau, prétention par ailleurs sacro-sainte. Elle le fait, « en indiquant une direction vers le post-capitalisme ». Montrer la direction, souligne Wim Dierckxsens, n’équivaut pas à dire que la route est déjà tracée et dégagée. Les difficultés sont énormes et la route se construit « en marchant ».

Quelques remarques sur la chronique brûlante. Sortir de la dollarisation est la première chose que devra faire le nouveau président de l’Equateur Rafael Correa, « et ce sera dur parce que le parlement reste aux mains de la droite ». En Bolivie, Evo Morales peine, « mais laissons lui du temps ». Au Venezuela, Chavez va triompher dans les élections de dimanche, et on hurlera aux embrouilles. « Les embrouilles, elles ont eu lieu au Mexique ». Chavez n’a pas bonne presse en Europe : populiste, machiste, bruyant... Voila en résumé la défense de Wim Dierckxsens : « Sur les deux premières, on peut discuter, quant à la troisième, il me semble qu’il ne se contente pas de parler ».

Manuela Cartosio


- Source : il manifesto, 1er décembre 2006 www.ilmanifesto.it

- Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio



Les USA encaissent un nouveau coup : La Bolivie, Le Venezuela et Cuba signent le Traité de Commerce des Peuples.




- Dessin : José Mercader


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