1er novembre 2006.
En cette période de fête des morts je tombe sur une question posée par le quotidien gratuit Métro à plusieurs de ses lecteurs : Quelle est la mort idéale pour vous ?
La réponse de Maxine, 20 ans, étudiante, est admirable :
"Une crise cardiaque en plein orgasme".
Maxine a peut-être déjà étudié la question, pour répondre avec autant d’assurance !
Sait-elle, savez-vous qu’il y a dans le langage théologique chrétien un mot pour cela : épectase (du grec epéctasis, "extension, allongement").
Sait-elle que parmi les morts célèbres par épectase, nous avons eu le président de la République Félix Faure, en 1899, dans les bras de sa maîtresse.
Le plus célébre de nos "épectasiés" récents a été l’éminent cardinal et théologien Jean Daniélou, membre de l’Académie française, décédé en plein orgasme à Paris en 1974, à l’âge de 69 ans. Le plus cocasse dans cette affaire est le communiqué de l’Eglise à la suite de la mort du prélat. L’Eglise a assuré que c’est "dans l’épectase de l’Apôtre qu’il (le Cardinal) est allé à la rencontre du Dieu Vivant".
Il est des interprétations plus séculières sur l’épectase et ce qui la provoque, à savoir l’orgasme. L’écrivain George Bataille est l’inventeur de l’expression "petite mort", qui figure dans son roman "Madame Edwarda".
Le très subversif Wilhelm Reich définissait quant à lui le "septième ciel" (autre nom de la petite mort) en assurant que "la formule de l’orgasme est la formule même du vivant". Ce à quoi, comme on sait, il consacra sa vie.
"Effort vers Dieu", "formule même de la vie", chacun devrait souhaiter l’épectase, laquelle rassemble (une fois n’est pas coutume !) ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas.
Les heureux élus sont et seront toujours probablement rares, sauf à organiser la chose, ce qui pose d’autres problèmes.
Puissent les combattants de la liberté, en Afghanistan, en Irak, en Palestine et ailleurs, mourir ainsi, les armes à la main !
Gérard Jugant