ACRIMED, 11 octobre 2006.
Lors de chaque période qui précède une élection, et cela depuis l’arrivée médiatique en France, en 1965, de la pratique des sondages dans la vie politique, est posée à leur propos, de manière récurrente, par les journalistes et par les hommes politiques, une double question qui tend à parasiter les campagnes électorales et les débats de fond qui sont censés être abordés lors de cette occasion importante de la vie démocratique : on s’interroge d’une part, sur la fiabilité des sondages (« les sondages se trompent-ils ? ») et, d’autre part, sur leur légitimité (« les sondages peuvent-ils remplacer - ou font-ils - l’élection ? », « faut-il ou non les interdire ? »). (...)
Sans doute, journalistes, commentateurs et responsables politiques feignent-ils une certaine distance à l’égard de ces enquêtes et rappellent-ils avec insistance que les sondages ne seraient qu’un élément parmi beaucoup d’autres dans les campagnes électorales et dans les prises de décision politiques. Manifester publiquement une forte dépendance à l’égard des sondages ou les prendre en compte de manière cynique n’est guère conforme à l’idée que nombre de citoyens se font des responsables politiques. Il reste que l’omniprésence des sondages dans les débats publics, dans la presse ou dans les conversations privées des uns et des autres trahit la place majeure qu’ils occupent en réalité. C’est pourquoi une critique de la pratique actuelle des sondages, pour avoir quelques chances d’être efficace, ne doit pas seulement en montrer les limites d’un point de vue scientifique mais doit également rendre compte des raisons sociologiques de l’engouement largement magique et irrationnel qu’ils suscitent. (...)
- Lire l’ article de Patrick Champagne sur www.acrimed.org