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Mexique : La Commune d’Oaxaca en alerte rouge, par Hermann Bellinghausen - La Jornada.





Dispositions face à une possible évacuation par la force : des tranchées ont été faites et l’occupation renforcée.



La Jornada, Ville d’Oaxaca, Etat d’Oaxaca, Mexique, 26 septembre
2006.


Assemblée Populaire des Peuples d’Oaxaca (APPO) : Nous
sommes en alerte rouge et préparés à résister.

L’Assemblée Populaire des peuples d’Oaxaca
(APPO) se déclare en alerte rouge face à une possible
évacuation. Cela, à la suite de l’agression policière
de dimanche aux abords de l’hôtel Camino Real, et du
fait que les forces de l’ordre de l’Etat d’Oaxaca sont
consignées depuis plusieurs jours. De plus, les
déclarations du gouverneur Ulises Ruiz, du
gouvernement fédéral, du Parti Révolutionnaire
Institutionnel (PRI), des chefs d’entreprises et de
membres du Congrès de l’Union, au cours de ces
dernières heures, convergent dans le sens d’un
possible usage de la force. "Nous sommes prêts à 
résister", a indiqué aujourd’hui, sur Radio Oro, un
des responsables des barricades.
Bien que les résultats de la nouvelle consultation
réalisée par la section 22 du syndicat National des
Travailleurs de l’Education pour déterminer si la
grève et l’occupation des enseignants se poursuivent
de la même manière ou si on en revient aux seuls
"représentatifs" et on reprend les classes, les
informations officieuses portées à la connaissance de
La Jornada indiquent que le maintien "total" de
l’arrêt "jusqu’à la chute du tyran" reste majoritaire
parmi les 70.000 personnels éducatifs de l’Etat,
ainsi que se sont prononcées de nombreuses délégations
d’enseignants des huit régions d’Oaxaca.
Ruiz "désespéré"

On estime que l’arrêt total de travail est suivi par
approximativement 80% des enseignants, a indiqué
aujourd’hui le porte-parole de la section 22, Daniel
Rosas Romero. "Il y a des réunions sans arrêt à tous
les niveaux du gouvernement" pour traiter l’affaire, a
t-il précisé, et il a fait état des "actions
désespérées" de Ruiz Ortiz devant la perspective que
la marche, sur le point de quitter le territoire
oaxaquègne, serve de rélévateur du soutien populaire
dans les quatre entités étatiques traversées avant
d’atteindre la ville de Mexico. Il a aussi reconnu l’
"effort colossal" des marcheurs, qui maintiennent leur
"ferme revendication" de la chute du gouverneur.
Rosas Romeros a accusé le gouvernement et les
dirigeants du PRI de chercher "l’affrontement entre
la population et les enseignants", qui poursuivent une
lutte "civile" et "pacifique". Il a souligné que le
corps enseignant et l’APPO constituent "une même
organisation" et exprimé sa crainte que se déchaîne la
répression et une "chasse aux sorcières" contre les
dirigeants.

Si dans la journée la ville est apparemment
tranquille, la nuit venue les tranchées sont actives
dans de nombreux quartiers et les occupations en cours
par les enseignants et l’APPO sont renforcées dans le
Centre Historique et les locaux gouvernementaux. Le
matin du mardi, en parcourant les barricades des
différents quartiers de la ville et les communes de
l’agglomération, on perçoit une plus grande tension
que les nuits précédentes. Dans les quartiers Lopez
Portillo et Bravo Ahuja, les gardes, composés surtout
d’adultes, hommes et femmes, ont dénoncé les menaces
d’individus armés à bord de véhicules ; samedi
dernier, la garde nocturne a essuyé des tirs de l’un
de ces véhicules. Ce type d’agression contre les
équipes de sécurité du mouvement est constant.
Depuis dimanche ont été renforcés les campements
chargés de protéger la radio La Ley, dans le quartier
Reforma, et la Radio Oro, qui est proche du jardin
Conzatti. D’après les représentants de l’APPO, il est
prévu que ces lieux seraient les premiers à être
évacués par la police, dans le but d’ "interrompre les
communications entre les occupants et avec la
population, qui est tenue informée 24 heures sur 24".
Ils craignent à nouveau que ces points soient attaqués
par la police, de même que les occupations du Centre
Historique et des installations gouvernementales par
les enseignants et l’APPO. Les barricades nocturnes
ont adopté les sifflets pour lancer des signals
d’alarme, notamment quand des automobilistes
s’approchent des braseros, des tranchées et des
artères bloquées.

Pronunciamento

Le Congrès National Indigène (CNI) "reconnaît, salue
et est partie de la lutte des frères des 16 peuples
indigènes d’Oaxaca. La destitution d’Ulises Ruiz,
qu’on ne peut ajourner, mettra fin à la situation
imposée ; elle précédera le respect et la
reconnaissance de l’autonomie et de la libre
détermination de nos peuples indigènes d’Oaxaca et
l’annulation des mégaprojets de privatisation du sud
du Mexique".

Dans la Déclaration de Cheran, le CNI exige la
libération immédiate des prisonniers politiques
indigènes de San Salvador Atenco et Oaxaca par ceux
qui "continuent d’être une répugnante illustration des
méthodes de ’gouvernance’ dans notre pays. Ils ne
peuvent continuer à être les otages politiques des
politiques libérales imposées sur nos terres et
territoires"

L’APPO en état d’alerte rouge et prête à résister
De leur côté, les dirigeants patronaux de Oaxaca ont
demandé au gouvernement de Vicente Fox l’intervention
"immédiate" de la Police Fédérale Préventive comme
solution au conflit politique social dans l’entité.
Les dirigeants locaux du patronat assurent que la
présence de la force publique fédérale "n’est pas pour
réprimer mais pour rétablir l’état de droit et par
conséquent l’ordre".

Pour sa part, la mission d’observation de la
Fédération Internationale des Droits de l’Homme a
considéré que la fusillade de dimanche dernier (qui ne
fut pas bien évidemment pas un "affrontement", comme
on a voulu le faire croire officiellement, mais des
tirs venus de la police) "constitue une provocation
qui ne fait qu’approfondir le conflit avec les
enseignants et le peuple".

Partie prenante de l’effervescence populaire qui se
réactive une fois de plus, le Front des Quartiers
Populaires a effectué cet après-midi une marche du
quartier de Volcanes au zocalo (place centrale) de la
capitale oaxaquègne. Durant le meeting, la nuit venue,
les manifestants ont déclaré soutenir que la reprise
des cours ne devait intervenir qu’ "après le départ
d’Ulise Ruiz", ont salué les enseignants et les ont
appelés "à décider de continuer la lutte". Parmi les
affiches et pancartes déployées, il y avait celle
tenue par une petite fille disant : "Je veux les cours
de mon maître, pas d’un traître".

Hermann Bellinghausen, envoyé de La Jornada à Oaxaca.


 Source : La Jornada
www.jornada.unam.mx/2006/09/27/005n1pol.php

 Documents traduits de l’espagnol par Gérard Jugant.
Copyleft sous réserve de reproduction honnête et
véritable, non commerciale, et de mention des sources en espagnol et en
français, ansi que des auteurs et traducteurs



Mexique : Situation dans l’Etat d’Oaxaca, par Gérard Jugant.




 Photo : Roberto Garcà­a Ortiz


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