Mamadou Koulibaly (Président de l’Assemblée Nationale) explique la crise en 7 points
Mamadou Koulibaly, Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, profitant de la tribune à lui offerte dans le cadre de la cérémonie de lancement officiel des journées nationales de vaccination contre la polio à Agboville (environ 70 km au nord d’Abidjan) et dont il assurait la présidence, a expliqué la crise ivoirienne en sept points.
"(...) La guerre qui nous a été imposée s’explique par bien des phénomènes ou bien des raisons. Je n’insisterai pas sur les raisons, sur les phénomènes, mais je voudrais, si vous permettez, Mesdames et Messieurs, juste prendre le temps de vous donner un certain nombre d’éléments qui, à la fois, expliquent
cette guerre et permettent d’espérer. Ce que ceux qui nous ont attaqués disent, c’est qu’il y a de l’exclusion politique en Côte d’Ivoire. C’est vrai qu’il y a de l’exclusion politique en Côte d’Ivoire. Il y a beaucoup de gens qui vivent en Côte d’Ivoire auxquels on a refusé le droit de vote. Parce que, simplement, ils vivent en Côte d’Ivoire, on dit qu’ils ne peuvent pas voter. Mais si vous prenez le problème tel quel, vous pouvez pleurer tout le temps et vous dire où se trouve la solution, qu’est-ce qu’on va faire ? Cette exclusion politique s’explique, Mesdames et Messieurs.
Pendant tout le règne du président Houphouët-Boigny, il y avait un seul parti politique en Côte d’Ivoire et tout le monde votait. Qu’on soit Ivoirien ou non-Ivoirien, le jour du vote, tout le monde allait voter. Houphouët avait une liste de députés. Il fallait choisir la liste, il n’y avait qu’une seule, c’est lui qui mettait les noms des députés là -dessus et les ministres, c’était pareil donc, il n’y avait pas d’enjeu. Il suffisait d’aller plébisciter ce jour-là et tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire peuvent aller voter. Et, malheureusement pour nous, en 1990, plusieurs partis politiques ont été autorisés par le président Houphouët. Et, à partir de ce moment, ne pouvaient gouverner la Côte d’Ivoire que les partis qui avaient le plus de voix d’Ivoiriens. Et, en ce moment-là , la question s’est posée de savoir qui pouvait voter, qui ne pouvait pas voter. Les Ivoiriens ont cru qu’il fallait faire comme dans tous les États modernes du monde, à savoir que les Ivoiriens votent et ceux qui ne sont pas Ivoiriens ne votent pas. La tradition d’Houphouët-Boigny connaissait, en ce moment-là , un choc. 1990. Du coup, il y a eu exclusion d’une partie de gens qui votaient préalablement et brusquement à qui ont a demandé de ne plus voter. C’est un choc que beaucoup de gens qui votaient traditionnellement n’ont pas pu comprendre et accepter. On a crié à l’exclusion, c’est vrai, mais il est difficile de faire autrement quand les règles du jeu sont pareilles dans tous les pays du monde. Vous voyez que c’est un problème facile à régler. Il suffit d’expliquer aux gens que c’est un principe simple en politique.
Deuxième raison, c’est que, dans la même période de 1990, pour des raisons de politique économique simple, d’ajustement structurel, vous vous souvenez, le ministre Koumoé Koffi à l’époque cherchait de l’argent ; il n’en avait pas. Il a donc proposé de couper les salaires. Les Ivoiriens ont refusé, la solution a été trouvée par le Premier ministre d’alors Alassane Ouattara. Il a dit simplement : "Il n’est pas normal qu’il y ait autant d’étrangers en Côte d’Ivoire qui ne payent pas les frais d’installation et de vie en Côte d’Ivoire". M. Ouattara a expliqué à l’époque qu’il y avait trop d’étrangers en Côte d’Ivoire qui venaient profiter de nos écoles, de nos routes, de nos ponts et qui ne payaient aucune contribution à l’effort des Ivoiriens. Il a soutenu que ces personnes devaient payer quelque chose et que selon qu’on était de l’UEMOA (NDLR : Union économique et monétaire ouest-africaine), juste voisins, ou de la CEDEAO (NDLR : Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), voisins lointains, ou de l’Afrique, simplement voisins continentaux, ou du reste du monde, il fallait échelonner les paiements selon des critères économiques. Il espérait gagner un peu plus de huit milliards FCFA avec quelque chose qu’il a instituée, la carte de séjour. Ca a été difficile ; malheureusement on n’a pas eu les huit milliards FCFA. Mais encore, il y a eu exclusion. Tous les étrangers qui vivaient en Côte d’Ivoire, qui habituellement circulaient sans problème, désormais, il leur a été demandé de payer une carte de séjour. Choc politique une fois, choc politique encore une fois.
Exclusion, a-t-on crié, c’est vrai, mais il faut bien comprendre d’où vient la source. Il ne s’agit pas du parlement dirigé par Mamadou Koulibaly ; il ne s’agit pas du parlement qui était là encore il y a quelque temps. Il s’agit d’une politique délibérée que la Côte d’Ivoire a mise en place sous la houlette du Premier ministre de l’époque, Alassane Dramane Ouattara. Malheureusement, cela nous crée des problèmes aujourd’hui. La carte de séjour nous a fait fabriquer l’accusation de xénophobie puisqu’on demande aux étrangers de payer une carte différente de la carte d’identité des nationaux.
Mais attention à ceux qui crient aujourd’hui à la xénophobie. Quelque part, ils étaient à l’origine de la mise en place de ce système. Vous voyez aussi que la seconde est facile à résoudre.
Me Boga Doudou, qui est aujourd’hui décédé, avait trouvé une solution. On réduit le coût de la carte, on prolonge la validité et puis, comme ça, on ne fatigue plus les gens, ils sont tranquilles, ils peuvent travailler. Malheureusement, apparemment, ça n’a pas plu à beaucoup de gens.
Troisième raison, c’est ce que l’on reproche aux Ivoiriens, c’est leur code de la nationalité. Ca ne date pas d’aujourd’hui. Le code de la nationalité de Côte d’Ivoire date de 1961. Il a été modifié par la suite en 1962 et 1963. Mais le code ne date pas de 2000. Il n’a pas été fabriqué contre quelqu’un ou pour quelqu’un. Et le principe que l’on trouve dans ce code est le même que l’on trouve dans les codes de tous les pays voisins. Et ce principe est simple. Si vous êtes l’enfant d’un Ivoirien, vous êtes Ivoirien. Si vous n’êtes pas l’enfant d’un Ivoirien, papa ou maman, vous n’êtes pas Ivoirien. Si vous voulez devenir Ivoirien, vous vous naturalisez ou bien vous vous mariez à un Ivoirien. C’est l’un des codes les plus simples. Ou bien "papa est Ivoirien, donc je suis Ivoirien" ou bien "maman est Ivoirienne, donc je suis Ivoirien". Ou bien les deux, ou bien même si papa et maman ne sont pas Ivoiriens, moi si je veux, je vais à l’Imprimerie nationale, j’achète un papier et je demande à devenir Ivoirien, on signe un décret, on me donne, je deviens Ivoirien. Là , beaucoup de gens en Côte d’Ivoire n’ont pas compris que ce texte existait. Beaucoup ont pensé que le fait de vivre en Côte d’Ivoire depuis 40 ans, 50 ans donnait automatiquement droit à la nationalité ivoirienne. Or, aucun des codes des pays voisins ne prescrit que si des ressortissants de ces pays vivaient au bout de 40 ans à l’étranger, ils deviendraient automatiquement des ressortissants des pays d’accueil. Aucun des codes ne dit que si les populations des voisins quittaient et qu’elles allaient résider pendant un certain temps à l’étranger, elles perdaient automatiquement leur nationalité de pays d’origine. Alors si le code du voisin dit que quelqu’un de ce pays qui a un enfant est de ce pays-là et que nous, notre code dit que quelqu’un de chez nous qui a un enfant est de chez nous, si le voisin vient habiter chez nous, s’il fait 30 ans, 40 ans, s’il ne demande pas notre nationalité, nous ne pouvons pas la lui donner simplement comme ça. Malheureusement, tout le monde a le même problème, mais les Ivoiriens ont été accusés là aussi d’avoir un code qui n’est pas normal. On dit qu’il y a cinq, six, sept millions de gens vivant en Côte d’Ivoire depuis de longues années, 20, 30 ans, qui ont des enfants ici, les enfants ne savent plus où aller, ils n’ont plus de papier, donc il faut leur donner la nationalité ivoirienne automatiquement. C’est un argument fallacieux et il faut faire attention avec. L’argument est fallacieux parce que si Mamadou Koulibaly vient du Burkina Faso et s’installe à Azaguié, si Mamadou a un enfant et que l’enfant de Mamadou a un autre enfant, selon le code de la nationalité du Burkina Faso, Mamadou est Burkinabé, son enfant est Burkinabé et son petit-fils est Burkinabé parce qu’ils sont mes enfants (applaudissements du public). C’est le même code qui est appliqué dans tous les pays voisins. Alors pourquoi, brusquement, on dit à des personnes qui ont leur nationalité de la laisser tomber et de prendre la nationalité du pays d’accueil parce que ça fait trop, ils vivent là -bas, ils n’ont qu’à y rester en même temps. Ca s’appelle de l’exil forcé pour ces populations qui n’en veulent d’ailleurs pas. Les ressortissants de ces pays ne désirent pas devenir Ivoiriens sinon ceux qui le veulent ont fait la demande. Alors il ne faut pas les obliger, il ne faut pas les bousculer. Là aussi, le problème est relativement simple. Il suffit de l’expliquer au voisinage qu’on ne trouve nulle personne au monde qui puisse dire : "Je n’ai pas de pays". Mon pays, c’est le pays de mon papa. Le pays de mon papa, c’est le pays de son grand-père, sauf si je décide de changer ma nationalité.
Quatrième élément qui nous pose problème et qui justifie pour beaucoup cette guerre, c’est que notre code de la nationalité est tellement souple que si je suis Ivoirien lundi et puis mardi ça ne me plaît plus d’être Ivoirien, je décide de changer et de devenir Brésilien, je fais une demande ou bien même je m’en vais, je prends la nationalité brésilienne ce n’est pas bien grave. Mais, dès que j’ai pris la nationalité brésilienne, je perds la nationalité ivoirienne. Si le samedi, je ne veux plus être Brésilien, je veux redevenir Ivoirien, pas de problème. Le code de la nationalité m’autorise à le faire. Ca date de 1961. Je reviens, je fais une demande pour dire bon : "Je reviens dans mon pays", on fait un nouveau papier pour dire, il réintègre sa nationalité. Donc il y a cette possibilité, cette souplesse. Alors les rédacteurs de la Constitution au Plateau, en 2000, se sont dit : "Puisque le code de la nationalité est aussi souple avec chacun d’entre nous, je peux partir et revenir quand je veux". En rédigeant la Constitution, ils ont bien écrit qu’un Ivoirien qui fait ça une fois, qui va et qui revient, pas de problème. Mais il ne peut plus être président de la République de Côte d’Ivoire (applaudissements nourris). Les Ivoiriens ont écrit ça en 2000 et tout le monde a dit de voter et tout le monde a voté. Le référendum est passé, les élections ont suivi. Et malheureusement, jusqu’à présent, certains nous demandent d’enlever cette clause parce qu’elle manque de solidarité. Ce n’est pas bien. On peut aller et revenir et être président. Ils ont peut-être raison, mais peut-être qu’il faut qu’ils attendent que l’opinion ivoirienne finisse par accepter majoritairement cette option pour faire changer la Constitution. Certains d’entre eux ont pris les fusils, croyant pouvoir atteindre ce résultat difficile. Là aussi, en attendant que la majorité change, que cette perception change, les Ivoiriens sont solidaires à dire que la Constitution - en tout cas tant qu’on est vivant-, on ne la changera pas.
Cinquième élément important qui justifie cette guerre et qui pourrait vous rassurer Mesdames et Messieurs, c’est le code foncier. Puisque nous sommes à Agboville, les chefs de terre, de village le savent depuis l’indépendance, on a dit que la terre appartenait à l’État. Toutes les terres, c’est pour l’État. Mais l’État est prêt à donner la propriété de la terre à celui qui la met en valeur. Si j’arrive à Azaguié et que je trouve une brousse, j’y plante du cacao et je vais signaler au préfet, au sous-préfet et on fait les papiers et ça m’appartient parce que j’ai mis la terre en valeur. Ca créé beaucoup de problèmes un peu partout. Parce que chacun d’entre nous sait très bien que la terre en Côte d’Ivoire, n’appartient pas à l’État, mais c’est pour les familles, c’est pour les tributs, c’est pour les villageois. Quand on arrive à Azaguié et qu’on montre une terre, qu’on cherche, on trouve toujours la famille à laquelle cette terre appartient. Et la famille peut dire "Je l’ai loué, je l’ai cédée, je l’ai vendue à tel" mais a priori, l’État ivoirien ne reconnaissait pas ce type d’appropriation. En 1998, l’État de Côte d’Ivoire a décidé mettre de l’ordre parce que les problèmes fonciers créaient trop de palabres dans les brousses. les gens s’entre-tuaient. Il a fallu mettre de l’ordre. Un code a été adopté qui dit simplement aussi que ne peuvent être propriétaires de la terre en Côte d’Ivoire que les Ivoiriens. Ne peuvent avoir l’héritage de la terre en Côte d’Ivoire que les Ivoiriens. Si vous êtes étranger et que vous voulez la terre, il n’y a pas d’interdiction. Vous voyez celui qui est propriétaire, il vous la loue pour 99 ans, il vous la loue pour 20 ans mais vous signez un contrat sur un marché foncier où il y a le prix de la terre, vous payez les patentes et tous les timbres etc... Mais il y a un papier entre vous, pour dire qu’il vous a loué sa terre pour 99 ans. Tant que les 99 ans ne sont pas arrivés, il ne peut pas vous arracher la terre. Vous avez le temps de faire votre agriculture. Si vous êtes étranger et que vous voulez avoir la terre pour vous-même et que vous ne pouvez pas la louer, vous vous naturalisez ivoirien et puis vous allez acheter votre terre. C’est possible. Si vous êtes étranger et que vous avez déjà les titres fonciers de votre terre avant cette loi, personne ne vous embête, vous avez la terre et c’est pour vous.
Le jour où vous décidez parce que vous êtes étranger. Vos héritiers s’ils ne sont pas naturalisés, ne peuvent pas être propriétaires de cette terre. Vous êtes obligé de la vendre à un Ivoirien (Applaudissement). Mais vos héritiers ont la possibilité de se naturaliser entre-temps, la porte est ouverte. C’est possible. Malheureusement ici aussi le problème a été mal expliqué, mal compris et beaucoup de nos pays voisins se plaignent de ce que nous voulons exproprier leur population alors qu’il ne s’agit pas du tout de cela. Il s’agit de mettre de l’ordre dans les problèmes de terre pour que les paysans puissent avoir accès et qu’ils puissent financer l’agriculture pour être riches et prendre en charge leurs enfants et consolider dans le temps l’effort que l’UNICEF, l’OMS et les autres font.
Sixième élément que l’on ne comprend pas en Côte d’Ivoire et qui justifie cette guerre, quand on écoute les protagonistes là -bas à Korhogo, Bouaké, Katiola, et Lomé, ils disent que les Ivoiriens ont entamé un processus d’identification et que ce n’est pas normal, il faut arrêter. Parce que ça va permettre d’exclure certaines personnes qui sont présumées ivoiriennes. Là aussi, il faudrait que nous expliquons ensemble de quoi il s’agit. Excusez-moi je touche du bois, mais sur cette scène, ici des malfaiteurs peuvent arriver, nous tirer tous dessus, nous tuer, toucher ces micros, laisser les emprunts partout et partir. Si vous êtes en Europe, si vous êtes dans un pays organisé, la police vient, prend les empreintes et va les analyser en laboratoire et puis retrouve ceux qui sont passés ici et ont commis ces crimes. ça peut mettre une semaine, ça peut mettre deux mois, deux ans mais on finit toujours par les retrouver. Parce qu’on sait étudier les empreintes. Les empreintes sont parmi les dotations humaines ce qu’il y a d’unique. L’exclusif pour chacun d’entre nous. L’empreinte du doigt de Koulibaly, les petites traces qui sont dessus ne sont pas pareilles que l’empreinte du doigt du chef là -bas au de madame ici. Chacun à son empreinte. Donc si vous laissez une empreinte là et qu’on vous attrape, vous ne pouvez pas dire que c’est pas vous, c’est votre frère. Et c’est pour constituer ce type de base de donnée, pour la sécurité des Ivoiriens, pour la sécurité de tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire que la politique d’identification a été lancée. Que les députés de l’Assemblée nationale ont accepté de voter cette loi pour identifier chaque ivoirien. Savoir, qui a droit à quel papier, qui habite où. Et on ne dira plus pour venir chez moi, vous allez au carrefour et puis vous tournez à droite, à côté du gros manguier vous voyez, il y a une piste , vous la prenez, à la cinquième villa, vous descendez la cote et à gauche vous comptez la troisième maison là où il y a le papayer, j’habite là -bas (Applaudissement). C’est ce qu’il nous faut abandonner parce que ça créé une situation d’État informel. Or l’État ivoirien a décidé de se moderniser. Qu’on sache où habite les maires, combien d’enfants sont nés, qu’est-ce qu’il faut prévoir pour leur scolarisation, qu’est-ce qu’il faut prévoir pour leur santé là où ils sont nés. Pour éviter des disparités régionales, pour éviter que certaines villes aient tous les services et puis d’autres villes rien du tout. On a besoin de base de données, de base d’État civil, de base claire de sécurité là -aussi nos voisins, certaines populations ivoiriennes n’arrivent pas à comprendre. Ah ! c’est pas bon l’identification, ça va exclure les gens, c’est de la xénophobie. Et les Ivoiriens se font des complexes. Ah ! oui je suis ivoirien donc je suis xénophobe. Si c’est pour l’identification, si c’est pour la Constitution, si c’est pour le code de nationalité, si c’est pour le code foncier, alors il n’y a pas de xénophobie. Il y a remise en ordre de l’État civil, remise en ordre de la propriété de la terre, remise en ordre des fichiers de sécurité, remise en ordre des processus d’accession aux hautes fonctions de l’administration étatique. Désolé là aussi, il va falloir que vous expliquez. Il ne faut pas vous contenter de dire aux gens quittez là , on ne vous écoute pas, si vous faites, on va vous tuer, il faut les approcher, il faut leur expliquer point par point de quoi il s’agit Et je suis sûr qu’en expliquant ces différents points, chacun comprendra. Parce que c’est pareil dans tous les pays. A Banfora, au Burkina, chaque mois, chaque trimestre, il y a des bagarres entre les mossis qui descendent et les gbins et les sénoufos qui ont la terre parce que des problèmes fonciers les opposent et ils s’entre-tuent. Ca passe inaperçu à Tabou, il y a le même type de bagarre entre baoulé et Kroumen, entre bété et Kroumen, entre Sénoufo et Kroumen. Ca passe inaperçu. Mais quand une bagarre de ce genre intervient entre Burkinabé et Kroumen alors toute la communauté internationale est en émoi, les Ivoiriens se donnent profil bas. Il faut arrêter de vous donner profil bas, vous n’avez pas tord mais il faut expliquer. Il faut expliquer sans passion, tranquillement et tout doucement. Voilà Mesdames et Messieurs ce qui entre autres explique la situation de guerre dans les zones où les enfants ne pourront pas bénéficier de cette vaccination et dont la campagne est lancée aujourd’hui (Ndlr hier) Et j’espère que Lomé nous donnera suffisamment d’éléments d’espérance pour que le temps de finir la première tournée dans les zones non assiégées que vous puissiez vous organiser tout de suite après, pour aller dans les zones assiégées pour ces enfants de Boundiali, Tengrela, Katiola, Ferké, Mankono, Vavoua, puissent accéder à cette vaccination parce que l’avenir du pays en dépend. Des enfants solides, bien soignés peuvent avoir une bonne scolarité, les enfants qui ont une bonne scolarité peuvent devenir demain des ingénieurs, des ministres, des présidents de l’Assemblée, des présidents de la République de Côte d’Ivoire. Personne ne sait, il nous faut donc les protéger tous. Et ceux qui sont de l’autre côté là -bas, de l’autre côté du mur ont droit à cette protection (...). La guerre n’est pas que politique et militaire. Elle est aussi financière. Il y avait des gens qui ne voulaient pas que le cacao ivoirien arrive très vite au marché international parce que les cours allaient baisser. Peut être qu’ils ont pu bloquer le cacao à Daloa, Vavoua et puis comme ça les cours ont flambé jusqu’à 1500 livres la tonne. Ceux qui l’ont acheté à 600 livres la tonne, ont certainement engrangé des milliards de dollar de bénéfice au prix de tous ces morts qui sont à Bouaké, Sakassou, Korhogo et autres. Et les Ivoiriens, si jamais ils y avaient qui étaient complices, coupables de ce type de pratique, l’histoire les jugera mais peut être les Ivoiriens auront l’occasion de les juger. Il y a ceux qui reprochent à la Côte d’Ivoire d’appliquer les principes défendus par toutes les organisations internationales, la transparence dans les passations de marché, la bonne gouvernance, la bonne organisation de l’État, stop à la corruption, stop à ceci. Et l’État ivoirien a cru que c’était de vrais discours crédibles et qu’il fallait ne pas être corrompu, il fallait passer les marchés clairement. Mais apparemment les bruits courent que beaucoup de gens n’aiment pas ce type de pratique, de transparence.
Ce n’est pas ce qui va nous faire reculer (applaudissement) comme l’UNICEF, l’OMS, le Rotary, la Banque Mondiale, le FMI qui nous aident et nous conseillent cette politique, nous garderons le cap. Alors soyez rassurés, la solution est pour bientôt.
Faisons confiance à ce qui se passe à Lomé. Croissons les doigts pour que nous n’ayons pas à faire une guerre inutile. Il y a eu déjà trop de morts. Il n’est pas nécessaire qu’ici on investisse de l’argent pour sauver des vies et qu’à Bouaké, Sakassou, Korhogo, Katiola, on investisse de l’argent pour tuer des hommes. Cette contradiction ne doit pas se révéler trop forte sinon alors ce serait regrettable pour la Côte d’Ivoire (...) [1]