RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Syriens-Libanais : Riches en générosité, par Rafqa Farah.





Nous publions un récit de Rafqa Farah, psychologue, de retour d’un séjour chez elle, en Syrie, où elle a accompagné dans leurs visites ses amis qui organisent la solidarité avec les réfugiés libanais, à Damas.




Marseille 28 août 2006.


Partis sans pouvoir parfois emporter leurs papiers, les libanais entrent en Syrie sans qu’ils aient à payer de taxe ou à justifier de leur identité. Sous la menace des frappes aériennes israéliennes, ce qu’importe pour les douanes syriennes est de mettre à l’abri les personnes.

La population syrienne s’organise tant bien que mal pour les accueillir. Universités, écoles et différents centres de l’état leur ouvrent leurs portes. Des particuliers, qu’ils soient riches ou pauvres, les reçoivent dans leurs maisons ou dans leurs hôtels. Les prix pratiqués, quand ce n’est pas gratuit, ce sont des prix habituellement proposés aux syriens. Les taxis refusent d’accepter un paiement. Des collectes d’argent ou de certains matériels sont organisées à travers le pays.

Des volontaires de tous bords participent de manière spontanée. Parmi eux, une amie qui m’avait contactée pour des dons que j’ai pu collecter à Marseille à l’aide de quelques amis et sous l’égide de Santé Sans Frontière, m’invite pour l’accompagner avec d’autres volontaires dans une nouvelle mission. Elle m’explique que jusqu’à ce jour, ils ont aidé les réfugiés accueillis dans les écoles. Ils ont été appelés la veille pour soutenir les familles qui accueillent des réfugiés. C’est ainsi que le premier soir de mon arrivée à Damas, le 30/07/2006, je vais à Al-Hseinieh, une banlieue des plus pauvres de la ville (Damas). Un endroit très mal desservi car construit sans l’autorisation nécessaire.

Le choc de voir le peu de choses que possèdent ces gens, laisse rapidement place à la générosité et à la bonté qu’ils dégagent. Une veuve possèdant un petit magasin qui tient sur l’un des murs de l’entrée de sa maison large d’un mètre cinquante, accueille trois familles libanaises dans la seule pièce qu’elle possède pour elle et ses deux enfants. La pièce est meublée par un tapis en plastique et quelques matelas fins et étroits, posés par terre. La maîtresse de maison, d’origine palestinienne, dit savoir ce que c’est de ne pas avoir de toit. On dit "beit el-diq bi-saa alf sdiq" ce qui veut dire : "la maison, même étroite, elle peut contenir mille amis".

Les libanais qui ont des proches en Syrie, sont venus accompagnés par leurs voisins. C’est pourquoi on peut trouver dix familles réfugiées dans une seule maison.

Abou Niddal qui nous guide pour rencontrer les familles, nous explique que les gens viennent mettre leurs noms et adresses chez lui en tant que candidats à l’accueil. Ensuite, les réfugiés qui arrivent sont répartis chez ces candidats.

Très efficace, l’équipe de bénévoles recense les besoins de la moitié des familles d’accueil. Dans chaque maison, Maha, Oumaïma et Rim se réunissent avec les mères présentes pour leur demander ce dont elles ont besoin, les tailles des enfants et s’il y a des malades parmi eux.
Ce soir nous quittons Al-Hseinieh à minuit.

Je parle du soir car les bénévoles entament le travail du soutien aux libanais après leur journée de travail. Maha, ingénieur informaticienne, travaille à l’Institut français des études arabes à Damas. Oumaïma, ingénieur informaticienne, travaille au journal syrien Tichrin. Rim est sociologue et, par ailleurs, styliste, elle vient avec son mari, Samer, qui est philosophe. Rami, ingénieur civil, nous accompagne ce premier soir.

Ahmed, ingénieur civil, nous prête sa voiture pour nous y rendre le lendemain soir. Niddal fait le chauffeur. L’équipe termine le recensement des besoins et promet de livrer les familles le jeudi suivant. Maha m’explique que c’est juste le temps de faire les achats, de les répartir par famille dans des cartons et puis les livrer. Les maisons des bénévoles sont devenues des dépôts pour les achats effectués avant qu’ils soient distribués.

Je suis reconnaissante aux bénévoles, aux familles d’accueil et aux familles libanaises qui m’ont laissé ce souvenir d’une bouffée d’humanité que cette région de la terre transpire encore. J’ai appris les effets de leur force d’espoir sur leurs enfants et sur moi-même qui partais les rencontrer avec le coeur plein de tristesse et de désespoir. J’étais témoin d’une solidarité unique qui a peu à voir avec le matériel, qui a à voir avec ce qui n’est pas mesurable chez l’homme. C’est une humanité qui ne fait pas rentrer en ligne de compte les calculs d’un homme raisonnable qui veut accueillir raisonnablement. C’est partager le peu que l’on a.
Là est la vraie résistance contre la guerre, c’est l’ouverture à l’autre sans calcul et donc sans peur.

Rafqa Farah
Transmis par Marie-ange Patrizio









Liban : La salutaire leçon des barbares du 21ème siècle, par Sadek Hadjerès.






URL de cet article 4072
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

La rose assassinée
Loic RAMIREZ
Vieilles de plus de 50 ans, souvent qualifiées par les médias de narco-terroristes, les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), restent avant tout une organisation politique avec des objectifs bien précis. La persistance de la voie armée comme expression ne peut se comprendre qu’à la lumière de l’Histoire du groupe insurgé. En 1985, s’appuyant sur un cessez-le-feu accordé avec le gouvernement, et avec le soutien du Parti Communiste Colombien, les FARC lancent un nouveau parti politique : (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’affaire Julian Assange aurait été réglée en quelques mois si nous avions une presse agressive et indépendante qui aurait mis une claque aux autorités américaines et britanniques pour leur persécution criminelle d’un journaliste qui a révélé des crimes de guerre.

Stefania Maurizi

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.