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A Rosario, des quartiers revivent grâce aux potagers populaires.





Le Courrier, mardi 5 Septembre 2006.


Argentine - Plus de 10 000 familles précarisées de la banlieue de Rosario ont retrouvé un revenu grâce à l’agriculture urbaine et biologique.


Rosario, capitale du soja transgénique ? Encerclée d’étendues aussi vertes qu’OGM [1], la troisième ville d’Argentine héberge paradoxalement l’une des plus originales expériences d’agriculture écologique et sociale d’Amérique.

Mégapole de 1,3 million d’habitants, Rosario compte en effet quelque 600 potagers urbains qui font vivre plus de 10 000 familles. Les premiers jardins potagers urbains ont surgi il y a une quinzaine d’années en réponse au rétrécissement de la « ceinture verte » qui approvisionnait la ville avant l’expansion massive du soja. Mais c’est la brutale crise économique de 2001 qui a poussé des milliers de travailleurs sans emploi à se lancer dans la production agricole urbaine. Dans un premier réflexe de survie et de consommation. Puis, rapidement, pour la vente ou l’échange.

Dès 2002, la municipalité socialiste comprend le potentiel de ce mouvement et lance son Plan agriculture urbaine (PAU). Par dégrèvement fiscal, elle encourage la mise à disposition de terrains inutilisés. Abords de chemins de fer et terrains industriels sont aussi aménagés. La Ville recense les terres disponibles et s’occupe de la commercialisation. L’université apporte, elle, un soutien technique et fournit les semences de saison. D’abord familiaux, les potagers deviennent collectifs, mettant en commun savoir faire et moyens nouveaux.


Ecolo et social

Maraîchers urbains et fonctionnaires font peu à peu émerger un mouvement solidaire vertical et transversal à la fois qui caractérise cette « agriculture urbaine » nouvelle : solidarité parmi les travailleurs, entre ceux-ci et les institutions, entre la Ville et les propriétaires.

Condition sine qua non : une production 100% biologique. Un pied de nez à l’envahissement du soja OGM tout autour de la cité !


Six marchés municipaux

Démarré en février 2002, le PAU tient son premier marché en septembre de la même année. Quatre ans plus tard, les quelque 140 groupes de maraîchers qui travaillent dans le PAU vendent leur production sur six marchés couvrant la géographie municipale.

Toute la production n’y est pas écoulée. Outre l’autoconsommation, les maraîchers livrent également les cantines populaires mises sur pied par les collectifs de chômeurs dans les quartiers, ainsi que la Toma, un supermarché du centre-ville récupéré par ses travailleurs. Une distribution directe au consommateur doit démarrer sous peu.


Parcs jardins potagers

Complément indispensable : depuis mai 2003, une « entreprise agricole urbaine sociale » s’est installée dans un ancien entrepôt ferroviaire. Les légumes organiques y sont lavés, coupés et conditionnés en potage, en préparation pour tourtes ou en salades.

Cependant, tous les maraîchers ne travaillent pas dans le programme municipal. Sur les 600 jardins potagers existants, la majorité continue à travailler de façon indépendante, bien que collaborant occasionnellement avec le PAU.
Primé par l’ONU en 2004, lauréat du Prix Medellà­n 2005 pour le « transfert de bonnes pratiques », Rosario est désormais étudiée comme modèle par plusieurs villes colombiennes.

La municipalité n’entend toutefois pas s’arrêter là . Son nouvel objectif consiste à créer des « parcs jardins potagers », qui doivent faire coexister agriculture organique, plantes médicinales et espaces arborisés pour les activités récréatives et didactiques. Le but étant de résister à la pression immobilière et de préserver des espaces verts. Deux des quatre parcs prévus ont été inaugurés cette année.

Luis Ortolani Saavedra, Rosario.


 Source : Le Courrier de Genève www.lecourrier.ch

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 Photo : Kokopelli www.kokopelli.asso.fr


[1Note : Notre édition du 22 octobre 2005.


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