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Médecins du Monde : « A Gaza, nous avons affaire à de nouvelles armes très violentes ».


Liban. Régis Garrigues, responsable de la mission de Médecins du monde en Palestine :

« A Gaza, nous avons affaire à de nouvelles armes très violentes »



Libération, Lundi 24 juillet 2006.


Médecins du monde intervient dans les Territoires palestiniens depuis 1995 et travaille de manière permanente à Gaza depuis 2001. Responsable de la mission Palestine pour l’association, Régis Garrigues, urgentiste, mène à Gaza un travail d’évaluation médicale. Il explique les conséquences des incursions militaires israéliennes en Territoires palestiniens.


Vous avez noté une nette aggravation des blessures infligées au cours des dernières opérations israéliennes...

Après un tour complet des hôpitaux de Gaza pour voir les victimes de la dernière incursion israélienne, nous avons été très surpris de constater des lésions d’une gravité tout à fait inhabituelle. Sur 180 victimes civiles, 35 présentaient des amputations, essentiellement sur les membres inférieurs. La plupart de ces blessés, y compris des enfants, ont été mutilés par les bombes sur les lieux de l’attaque. A l’évidence, nous faisons face à l’utilisation de nouvelles armes extrêmement violentes. Ainsi, à Deir el-Balah, cinq des dix blessés d’un bombardement ont perdu une, voire deux jambes. En plus des lésions de criblage classiques dues aux éclats, les blessés présentent des brûlures associées à la tête et aux bras, sur les parties découvertes du corps. Enfin, les membres touchés sont très délabrés, comme s’ils avaient été déchiquetés par une mine. Tout cela ressemble à des effets de bombes à fragmentation tirées par drones avec des sous-munitions à retardement, des armes de guerre sophistiquées qui font de sacrés dégâts et qui ne devraient pas êtres employées contre des populations civiles.


Israël plaide le droit à l’autodéfense face à des organisations terroristes qui attaquent son territoire.

La convention de Genève exclut l’usage excessif et disproportionné de la force. Or, nous avons constaté l’usage d’armes aux effets très particuliers et violents sur la population civile. De plus, des ambulanciers du Croissant-Rouge ont été touchés en allant secourir des blessés. Dans le camp de réfugiés de Maghazi, quatre ambulanciers ont été blessés en trois jours. L’un d’eux a été amputé. Il nous a été confirmé par le Comité international de la Croix-Rouge qu’il leur était impossible de coordonner avec l’armée israélienne l’accès aux blessés, ainsi que la protection des ambulances pendant ses dernières incursions, courtes mais très violentes. Les militaires déclarent leurs zones d’opération fermées aux civils, et considèrent chaque personne du secteur comme un combattant. Le droit humanitaire impose pourtant la liberté d’accès et de travail, ainsi que la protection des soignants visibles, identifiés, comme les ambulanciers du Croissant-Rouge.


Vous êtes donc d’accord avec le coordinateur des programmes d’urgence de l’ONU qui dénonce une « violation du droit humanitaire » au Liban ?

On ne peut qu’abonder en ce sens. Mais une condamnation ne suffit pas. Il faut une action forte. Et si des couloirs humanitaires sont mis en place au Liban, ils devront l’être aussi à Gaza. Les manques d’eau, d’électricité, de nourriture, de médicaments sont les mêmes qu’au Liban. Si un bateau d’aide arrive au Liban, il peut faire un détour de 250 kilomètres vers le sud et accoster à Gaza. Il y a urgence que la communauté internationale se mobilise.

Didier François à Gaza.

 Source : Libération www.liberation.fr



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