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Abaya : l’UFAL ne tourne pas autour du pot !

Tout comme, d’ailleurs, l’Arabie saoudite qui vient d’interdire l’abaya dans les salles d’examen.

Imaginons un enfant de culture chrétienne arrivant à l’école publique en costume de premier communiant (ou en robe de première communiante pour les filles). On aurait quelque peine à faire passer cela pour de la mode vestimentaire. (LGS)

Depuis dix ans, l’UFAL (Union des Familles Laïques) alerte sur le port, à l’école publique, de l’abaya — robe longue et couvrante destinée à afficher la religion musulmane des filles, les garçons arborant le qamis, chemise très longue. Le but est de contourner la loi du 15 mars 2004 « encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics » — appelée bien improprement « loi sur le voile ».

Il était temps que le ministre de l’Éducation nationale, après d’ailleurs son prédécesseur, vienne rappeler que le port de l’abaya était interdit aux élèves de l’école publique. Rappel à la laïcité devenu urgent depuis la rentrée 2021, face à la recrudescence du phénomène, orchestrée sur les réseaux sociaux. Il est certes permis de voir dans l’intervention du ministre un effet d’annonce, bien pratique pour masquer, derrière les controverses médiatiques qu’il suscite, le délabrement d’une institution scolaire qui n’arrive même plus à recruter des enseignants, et dont les deux présidences Macron portent une lourde responsabilité.

Néanmoins, l’offensive organisée contre la laïcité scolaire ne saurait être sous-estimée. À travers le maillon faible que constitue l’école, l’islamisme cherche à casser la neutralité de la sphère publique. L’objet de l’abaya est non seulement de faire reconnaître au premier coup d’œil comme musulmane celle qui la porte, mais de faire pression sur toutes celles qui ne la portent pas. Dimension prosélyte difficilement contestable, qui n’a pas sa place à l’école laïque.

Les arguties théologiques sur la nature religieuse ou non du vêtement sont vaines : la laïcité n’a pas à se prononcer en matière de culte. Ainsi l’art. L. 141-5-1 du code de l’éducation n’interdit pas « les signes religieux » à l’école publique, mais ceux qui « manifestent ostensiblement une appartenance religieuse ». Tel est objectivement le cas de l’abaya ou du qamis, revendiqués à ce titre par les intéressés : « l’élément intentionnel », comme disent les juristes, prévaut — et suffit.

On ne peut que déplorer les jérémiades clientélistes de certains sur une prétendue « police du vêtement ». S’il en existe une, c’est à Téhéran ou à Kaboul qu’il faut la dénoncer : à défaut de la solidarité avec les femmes opprimées de ces pays (entre autres), que tout défenseur des libertés devrait manifester, la plus élémentaire décence devrait interdire des raccourcis aussi indignes.

L’UFAL rappelle que la laïcité de l’école publique, principe constitutionnel, ne se discute ni ne se divise. Quelle que soit la religion qui en instrumentalise la contestation, elle doit être appliquée par l’administration, expliquée par les enseignants, respectée par les élèves et les familles.

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« Des Palestiniens s’expriment – Notre vision pour la libération » par Ilan Pappé et Ramzy Baroud
Palestine Chronicle
Cet ouvrage, disponible à présent en français, est composé d’une trentaine de contributions rédigées, à l’occasion de ce projet de publication, par des intellectuels, acteurs, responsables de la société civile palestinienne. La réunion de ces contributions a été faite par M. Ramzy Baroud, journaliste, analyste, chercheur, écrivain palestinien résidant aux Etats-Unis, ainsi que par M. Ilan Pappé, écrivain, chercheur, universitaire israélien résidant en Grande-Bretagne. Comme ces deux (…)
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Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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