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Brésil : l’incroyable histoire des patriotes qui voulaient un revolver et qui se sont retrouvés sans riz*

Le sac de cinq kilos de riz a atteint 25 reals (5 euros). Avec cela, le président de l’association des supermarchés a conseillé aux Brésiliens de manger des macaronis. L’insignifiante bouteille d’huile de soja, qui était autrefois un adjuvant commun dans les rayons des magasins et des gondoles, jouit aujourd’hui d’un statut de célébrité et est vendue pour huit reals.

C’est tellement étrange qu’on verra bientôt les vendeurs de petits patés se mettre à vendre du jus de pâté.

Le dollar, qui était jusqu’à récemment le passeport pour la consommation de biens importés, a explosé à 5,61 reals ces dernières semaines. Le peuple blagueur et sans complaisance, qui a maudit pour douze générations Dilma Rousseff lorsque le billet vert atteignait les 4,05 réals, regarde passivement la monnaie brésilienne fondre, tandis qu’il traque les dangereux communistes imaginaires et réclame à grands cris de la chloroquine contre le virus chinois.

Il n’est pas nécessaire de trop continuer cette prose, ni d’énumérer la succession d’humiliations qui nous sont imposées quotidiennement, pour dépeindre le scénario désolant et inimaginable dans lequel le foutoir de Jair Bolsonaro (que certains préfèrent appeler gouvernement) nous a entraînés.

Le Brésil s’est effondré.

Misère, chômage record, destruction généralisée de la machine publique, prix effrénés des produits de base, faim, disgrâce et isolement de la communauté internationale. Enfin, chaque semaine, nous arrivons au fond du puits, pour découvrir qu’il y a encore une trappe à cet endroit.

Comme le dit la poésie de Criolo (1), ici l’ascenseur ne sert que pour descendre.

Je continue à imaginer les pleurnicheries silencieuses d’un bolsonariste dans l’intimité humide de sa taie d’oreiller, allongé, la nuit. Ces gens médiocres qui rêvaient de parader dans une Opala 83 avec un pistolet à la ceinture, plein d’oseille dans leur portefeuille, de s’amuser avec les filles dans la rue et d’aller à l’église en costard le dimanche pour expier leurs péchés, et qui maintenant ne peuvent même pas acheter une boîte d’huile pour faire frire une boulette de riz.

Une boulette de riz ? Mais non, plus possible ! Le riz de Bolsonaro coûte le même prix que le jambon de Parme à l’époque Lula.

L’état de transe est si impressionnant qu’on n’en entend pas un bruit. Le pays s’effondre, la dignité s’effondre et les cris furieux finissent par se taire.

Mais pas tant que ça, hein ?

C’est que cette psychose doit être quelque chose de si délicieux, si orgasmique, le mec qui abandonne la viande et la bière pour manger un œuf dur, voir son salaire fondre, qui s’appauvrit à grands pas, mais qui ne pense pas à se révolter avec le discours enchanteur du glandeur et du farceur qui démolit le Brésil.

Folie ? Manque de perception ? Sociopathie ?

Peut-être... Mais je pense toujours qu’il y a beaucoup de gens qui ont honte. Ce sont... des gens embarrassés. Ça ne doit pas être facile d’assumer qu’on a été été complètement trompé par un type grossier et totalement ignorant qui, avec une demi-douzaine de courgettes (d’abrutis, quoi, mais le mot en portugais est tellement délicieux que je l’ai laissé NDT), a réussi à hypothéquer jusqu’à votre âme, en vous promettant de vous ramener un pays qui n’a jamais existé.

Oui, ça ne ne doit pas être facile de voir la misère approcher et de savoir que son idolâtrie pour un type profondément corrompu visait essentiellement (à détruire) l’honnêteté et l’abondance.

Les groupes qui ont mené la croisade Sebastianiste (Saint Sébastien, patron de Rio de Janeiro NDT) pour un nouveau Brésil, intègre et héroïque, peuplé de citoyens "de bien" avec leur chef si sage, ont déjà un dilemme : comment garantir les armes et les munitions tant désirées avant d’en arriver à devoir fouiller les poubelles à la recherche d’un déjeuner ?

Je ne peux que souhaiter qu’ils suivent avec force et convoitise cette quête du paradis armé ultra-conservateur, implacable avec les communistes qui infectent leur inconscient malade.

Quant à la situation actuelle, je crois qu’un passage de Cervantes, dans Don Quichotte de La Manche, servira à calmer les nerfs et à consoler l’âme, car après tout, "le rêve est le soulagement des misères de ceux qui les ont réveillées".

Mitoooo ! ("le mythe" est le surnom donné par tous ces abrutis à Bolsonaro NDT)

* Le Brésil connaît actuellement une importante pénurie de riz (aliment de base, avec les haricots) et les prix s’envolent...

(1) Kleber Cavalcante Gomes (né en 1975), connu sous le nom de Criolo, est un chanteur brésilien de Rap et de MBP (Musique Populaire Brésilienne).

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Si j’étais un milliardaire ou un agent du renseignement, je voudrais probablement perturber la gauche au point de faire croire que quelqu’un de "gauche" est celui qui ne conteste jamais l’impérialisme US, ou qui soutient activement l’impérialisme US pour "contrebalancer les oligarques étrangers".

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