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A Paris, la nuit, "c’est l’immigration qui nettoie le métro" .


PARIS AFP, 2 ami 2006.


Les centaines d’ouvriers qui nettoient le métro la nuit à Paris sont quasiment tous des immigrés venus de Tunisie, du Maroc, du Portugal, du Mali ou du Sénégal, selon plusieurs sources syndicales.

"C’est l’immigration qui nettoie le métro !", témoigne l’un de ces agents d’entretien, alors que les députés doivent commencer mardi à examiner le projet de loi Sarkozy sur l’immigration.

Le quinquagénaire accepte de parler à condition qu’aucun détail susceptible de l’identifier ne soit mentionné.

Après 30 ans de travail nocturne, il perçoit tout juste 1.500 euros net mensuels, selon sa fiche de paie. "Je nettoie en moyenne 45 voitures par nuit, ça va, on n’est pas trop bousculés", juge-t-il, alors que "d’autres ouvriers, sur d’autres lignes" sont, selon lui, "harcelés".

En tout cas, "les Français ne veulent pas de ce travail-là , de 21H30 à 5H00, en 6/3", six jours de travail suivis de trois jours de repos.

Il est employé par l’une des quatre sociétés qui se partagent le marché du nettoyage du métro : Comatec, Onet propreté métro, Challancin, TEP métro.

"Tous les cinq ans environ, la RATP lance de nouveaux appels d’offre, explique-t-il. Pour proposer les prix les moins chers, le sous-traitant décide souvent de ne pas remplacer des employés : sur une ligne, c’est comme cela qu’il a été demandé de faire le même chantier avec 13 salariés en moins..."

Quand il entend Nicolas Sarkozy dire que la France doit pouvoir sélectionner ses immigrés, il pense : "c’est vrai, il y a des étrangers qui veulent venir coûte que coûte et qui, sans papiers, ne trouvent ni travail ni logement. Et puis il y a des bons et des mauvais partout. Mais il faut aussi parler du courage des immigrés qui ont construit la France, notamment les Portugais", souligne ce natif d’Afrique du Nord.

Certains de ses collègues cumulent deux emplois : "ils font huit heures dans le métro la nuit, puis trois heures ailleurs le matin. Ils sont un peu fatigués... D’autant plus qu’ils sont mal logés."

Quant à lui, il n’est pas touché directement par le projet de loi Sarkozy : il avait obtenu des papiers en 1975, trois ans après son arrivée. Il n’est pas non plus concerné par le durcissement annoncé des conditions du regroupement familial, puisqu’il n’a jamais voulu faire venir sa femme et ses enfants. Logé dans une chambre de 10 m2 qu’il a achetée à Paris, il rentre "chaque année au pays pendant deux ou trois mois, en prenant tous ses congés plus l’absence autorisée".

Une chose est sûre, conclut-il, "les patrons préfèrent embaucher des immigrés", des gens qui "ne regardent pas leur montre" et qui "ont très peur de faire grève comme s’ils allaient en mourir !"

En avril, plusieurs dizaines d’employés de Challancin ont cessé le travail durant plus d’une semaine, en demandant "l’augmentation des salaires", "des effectifs suffisants", "la suppression du travail à temps partiel de nuit"... Ils n’ont rien gagné, si ce n’est le rappel que "le respect mutuel doit être la règle de fonctionnement", selon le protocole d’accord de fin de conflit.

"C’est néanmoins un tour de force car, pour la première fois, la plupart des salariés d’une ligne ont surmonté leur peur et sont sortis la tête haute d’une grève", affirme Véronique Lion, syndicaliste Force ouvrière.

Aux prud’hommes de Paris, "un Marocain a récemment obtenu 7.000 euros de dédommagement et un Algérien 6.500 pour licenciement abusif", souligne aussi Sud Nettoyage.


 Source : http://fr.news.yahoo.com




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