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1975 - 2020 Le Vietnam at home ou les 2 défaites des Etats-Unis

Une compagnie de fantassins américains vient d’arriver !
Si vous aviez été vietnamien :
Nous aurions pu brûler votre maison.
Nous aurions pu tuer votre chien.
Nous aurions pu vous tuer.
Nous aurions pu violer votre femme et votre fille.
Nous aurions pu vous livrer à votre gouvernement pour être torturé.
Nous aurions pu prendre vos biens,
Nous aurions pu tirer sur toutes vos affaires,
Nous aurions pu vous faire TOUTES ces choses, à vous et à toute votre VILLE.
Si cela ne vous dérange pas que des soldats américains fassent ces choses tous les jours à des Vietnamiens juste parce qu’ils sont des "gooks" (inférieurs, sous-hommes), alors imaginez-vous comme l’une des VICTIMES silencieuses.

Brochure de 1981 citée par Nick Turse, Tire sur tout ce qui bouge. La véritable guerre nord-americaine au Vietnam, Editorial Sexto Piso, Madrid, 2014, p. 282.

58 193 c’est le chiffre officiel des morts américains lors de la guerre du Vietnam, appelée guerre des dix mille jours, au cours de laquelle les États-Unis ont subi une défaite cuisante, mais ont laissé une marque indélébile d’horreur et de barbarie qui devrait faire honte à tout habitant de ce pays. Ce bilan vient d’être atteint à l’intérieur de l’empire le 28 avril dernier, non pas à cause d’une guerre mais à cause de l’action du coronavirus. Alors que le premier chiffre est établi depuis vingt ans, la pandémie s’est produite en 90 jours.

La coïncidence emblématique est presque parfaite avec la date de la défaite des Etats-Unis au Vietnam, le 30 avril 1975. Quarante-cinq ans après la fuite de Saïgon des représentants diplomatiques et militaires américains, comme un moment inoubliable de la débâcle politique et militaire en territoire vietnamien, il est bon de rappeler cette atroce guerre d’agression impérialiste contre un peuple de paysans et de la comparer à ce qui se passe dans les entrailles de l’empire. Ces deux symboles, le nombre de morts et la coïncidence chronologique, nous aident à réfléchir sur les deux guerres que les États-Unis ont perdues : la guerre du Vietnam et la guerre du coronavirus.

LES CRIMES des ÉTATS-UNIS EN ASIE DU SUD-EST (1945-1975).

En 1955, l’écrivain anglais Graham Greene publie son roman The Impassive American, dans lequel il raconte le début de l’intervention militaire des États-Unis au Vietnam, qui tentera de remplacer l’empire colonial français mourant, par une guerre prolongée qui durera jusqu’au 30 avril 1975. De manière prémonitoire, G. Greene montre la cruauté des Américains dans leur tentative d’empêcher la construction d’un pays indépendant et souverain, après la défaite des Français. Sévérité et criminalité accompagnent depuis le début la présence américaine en Indochine, comme le raconte l’écrivain anglais à petite échelle, en s’appuyant sur l’exemple d’un agent secret (de la CIA) qui agit pour saboter les tentatives d’indépendance du Vietnam.

Au cours des 20 années qui ont suivi la publication du livre de Greene, cette brutalité et cette criminalité ont atteint des niveaux de déshumanisation qui ont montré la pourriture morale de l’impérialisme américain. Pendant ce conflit, les États-Unis ont violé les règles fondamentales de la guerre et ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

Pour commencer, les États-Unis ont envoyé au Vietnam des milliers de soldats qui ne savaient même pas localiser ce pays sur une carte. Cette ignorance arrogante était fondée sur l’hypothèse que ce lointain territoire était un "petit pays de merde et que ce serait une victoire facile, du tout cuit. Mais eux savaient comment se battre et nous non. Le racisme et une prétendue supériorité de la part des États-Unis les a conduit au mépris des Vietnamiens, considérés comme des sous-hommes et presque des animaux qui devaient être exterminés, d’autant plus qu’ils étaient communistes, au point que le président Lyndon B. Johnson est allé jusqu’à dire que "le Vietnam n’était qu’un petit pays de quatrième classe. Entre 1962 et 1971, les États-Unis ont engagé trois millions de soldats dans la guerre du Vietnam et ont dépensé pendant toute la durée de la confrontation 200 milliards de dollars.

Les atrocités commises par les troupes d’occupation américaines et planifiées par les principaux commandants civils, militaires et d’entreprise de la première puissance mondiale, a atteint un niveau de perversion et de sadisme rarement égalé, tant en termes de fréquence que d’utilisation consciente et planifiée, car elles étaient utilisées pour produire le plus de dommages et de douleurs possibles.

Ce début d’ inventaire illustre à peine cette gravité criminelle :

➢ Entre 1962 et 1973, les États-Unis ont déversé huit millions de tonnes de
des bombes, trois fois la quantité utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale.
➢ Elle a pulvérisé au Sud-Vietnam 86 millions de litres de défoliants (dont du napalm et de l’Agent Orange), dans le but de priver les Vietcongs de nourriture et de les empêcher de se cacher dans la jungle.
➢ Deux tiers des villages du sud ont été détruits et cinq millions d’hectares de jungle rasées.
➢ La quantité moyenne de munitions tirées par chaque soldat américain au Vietnam était de 20 fois supérieure à celle utilisée par les soldats pendant la Seconde Guerre mondiale.
➢ Le Vietnam est le pays le plus bombardé de l’histoire, seulement entre 1965 et 1968 chaque heure a vu tomber deux tonnes d’explosifs dans le nord du territoire.
➢ 400 000 tonnes de napalm ont été larguées en Asie du Sud-Est sous une forme modifiée pour causer plus de dégâts, faite pour coller à la peau, aux vêtements, pour brûler plus intensément et plus longtemps.
➢ L’armée de l’air américaine a utilisé trois millions de fusées au phosphore blanc
tout au long de la guerre.
➢ Un seul bombardier B-52 transportant des bombes à goyave (ainsi nommé parce qu’il abritait centaines de petites bombes à dispersion), dans chaque action elle a arrosé dans un rayon de deux kilomètres carrés plus de sept millions et demi de billes d’acier mortelles.
➢ Au cours de la guerre, les Américains ont utilisé six millions de tonnes d’obus d’artillerie.
➢ En 1970, les États-Unis utilisaient 128 400 tonnes de munitions par mois.
➢ Des défoliants toxiques ont été déversés sur cinq millions d’êtres humains.
➢ Les bulldozers utilisés par l’armée américaine ont anéanti 2% de la
la végétation du sol vietnamien.
➢ Le taux de mortalité infantile à Saïgon au milieu des années 60 était de 36:2%, le plus grand du monde à l’époque.
➢ Aujourd’hui, au Vietnam, un million de personnes souffrent d’une forme de cancer causée par l’agent orange et une centaine de milliers de personnes souffrent de malformations congénitales.
➢ Parmi les membres de l’armée sud-vietnamienne, organisée et financée par les usa, il y a eu 224 000 morts et un million de blessés. Alors que les forces de Libération du Nord-Vietnam et du Vietcong ont compté 1,1 million de morts et 600 000 blessés. Deux millions de personnes sont mortes parmi les civils.

Les témoignages sur le génocide perpétré par les États-Unis sont éloquents, et il suffit de se souvenir de certains d’entre eux :

Meurtre d’enfants : "Un lieutenant a capturé deux enfants vietnamiens non armés et non identifiés, d’âges estimés entre deux et trois ans et sept et huit ans (...) et les a tués sans raison".

Les officiers ont dit aux soldats que "l’ennemi est tout ce qui a les yeux bridés et qui vit dans le village. Peu importe qu’ils soient une femme ou un enfant (...) ce sont tous des vietcongs où leurs aides ... On ne peut pas les convertir, seulement les tuer".

Traitement des prisonniers : "Lorsqu’ils amenaient des prisonniers vietcongs blessés, un policier militaire les surveillait et on ne s’en occupait pas jusqu’à la fin s’ils parvenaient à survivre. Une fois (...) ils ont apporté un Vietcong. Nous avons mis le brancard sur la table pour l’examiner, mais le médecin a pris un scalpel et l’a plongé dans sa poitrine. Il l’a ensuite retiré avant de partir (...) Dix minutes après le médecin discutait avec ses collègues comme si de rien n’était.

Déshumanisation et racisme : un vétéran de guerre se souvient de ce qu’on lui a appris sur la façon de se comporter avec les Vietnamiens, qui n’étaient pas considérés comme des êtres humains, mais comme des animaux, "on nous disait qu’ils ne devaient pas être traités avec une quelconque clémence (...). C’est ce qu’on nous gravait dans la tête. Cet instinct de tueur". (p. 40).

Utilisation du napalm et des défoliants chimiques : s’il y a bien une chose évidente dans cette guerre c’est bien l’utilisation par les États-Unis du napalm, de l’agent orange et d’autres produits chimiques qui ont été déversés sur la population. Chaque explosion, et il y en a eu des milliers sur le territoire vietnamien, a détruit l’équivalent de dix terrains de football et rasait tout ce qui était en travers de la route, les êtres humains, la biodiversité, il ne restait que des cratères et de la terre brûlée.

Son utilisation était si courante que même les chants de guerre des soldats attaquants l’exprimaient, tel ce chant composé par la Première Division de Cavalerie qui disait :

Nous avons tiré sur le malade, le jeune homme, le boiteux,
nous faisons tout ce que nous pouvons pour tuer et mutiler,
parce que tous les morts disent la même chose
Le napalm colle aux enfants.
Le char à bœuf avance le long de la route,
des paysans avec un lourd fardeau
Tous sont des vietcongs quand les bombes explosent
Le napalm colle aux enfants. (p. 65).

Expulsion aveugle des paysans de leurs villages : Un général de l’armée des États-Unis a exprimé leur doctrine militaire de cette manière : "Il faut vider la mer dans laquelle nagent les guérilleros - c’est-à-dire les paysans - et la meilleure façon d’y parvenir est de transformer leurs villages en enfer, pour qu’ils aillent dans nos camps de réfugiés. (p. 84).

Destruction de villages paysans : Un soldat se souvient qu’après le bombardement, ils cherchaient les maisons restées debout et ont procédé à l’incendie des huttes et des rizières : "En quelques jours nous avons brûlé tant de riz et tant de huttes que la nuit, on pouvait voir le parcours de la journée balisé par des dizaines de colonnes de fumée blanche, s’étendant d’une vallée silencieuse à l’autre". (p. 95).

Abattage d’animaux domestiques et sauvages : entre autres tactiques de guerre criminelle employés par les États-Unis on tuait les animaux domestiques que les fermiers avaient, d’abord les buffles d’eau, importants pour la culture du riz car ils jouaient le rôle des tracteurs vivants, dans le but de détruire les économies paysannes liées à la culture du riz.

Prostitution et tourisme sexuel promu par les États-Unis : vers la fin de la guerre, un demi-million de femmes avait recours à la prostitution comme moyen de survie et de nombreuses n’ayant d’autre choix que de servir l’appareil sexuel des Américains, seule possibilité d’emploi dans une économie destructrice, servant de compagnie divertissante dans les bars que les soldats avaient l’habitude de fréquenter. L’exploitation et la violence sexuelles prédominent en concordance directe avec le modèle patriarcal de la guerre (pour les "hommes") dans lequel "les femmes sont mauvaises". Ce sont des créatures de type communiste et à la peau jaune". (Cité à la p. 200).

Tortures : En 1965, un journaliste américain a présenté ce tableau du comportement "humanitaire" des troupes de son pays : il avait vu "des prisonniers la tête sous l’eau, lames de baïonnettes sur la gorge (...) Dans les cas plus extrême, les victimes avaient des échardes de bambou sous les ongles ou des fils de téléphone de campagne connectés aux bras, aux mamelons ou aux testicules. Une autre technique dont on parle est connue sous le nom de "long pas". L’idée est de mettre plusieurs prisonniers dans un hélicoptère et d’en jeter l’un d’entre eux pour délier la langue des autres". (Cité, p. 209).

Trophées de guerre humains : en rappel des pratiques méprisables des "guerres indiennes", "certains soldats coupent la tête des Vietnamiens et la gardent pour commercer ou l’échanger contre des récompenses offertes par les chefs. Beaucoup d’autres coupent les oreilles de leurs victimes, dans l’espoir que défigurer les morts effraierait l’ennemi. Certains de ces trophées étaient (...) conservés par des soldats qui les portaient sur des colliers ou les exposaient de différentes façons. Bien que les oreilles soient le souvenir le plus commun, ils aimaient aussi beaucoup les scalps, pénis, nez, seins, dents et doigts". (pp. 194-195).
"George Patton III, fils du célèbre général de la Seconde Guerre mondiale (...) était connu pour son attitude sanguinaire et les souvenirs macabres qu’il conservait, dont le crâne d’un Vietnamien posé sur son bureau" ... (p. 194).

Crâne humain d’un Vietnamien dans un camp de soldats américains.

Impunité absolue : Pour toute cette criminalité ait pu fonctionner pendant deux décennies, une dose d’impunité totale, opérant depuis les plus hauts niveaux de commandement, était indispensable ( depuis la présidence de la République jusqu’en bas), les commandants des forces armées, le système judiciaire et le silence complice d’une grande partie des gouvernements du monde et de la la presse et les médias de la désinformation. Cette impunité a rendu possible la logique de la guerre selon laquelle la quantité de sang répandu, et le nombre de morts (body count) étaient signes de victoire.

En résumé, "Pour les Vietnamiens, la guerre américaine a été une suite sans fin de calamités potentielles. Tué pour une récompense ou abattu dans une décharge, forcées à la prostitution ou violées par un groupe de soldats, renversés pour s’amuser sur une route, ou enfermés en prison pour être torturés sans procès, l’ampleur des malheurs était presque sans fin". (p. 229).

Bien sûr, la guerre du Vietnam a été encouragée par des "groupes de réflexion" (think tanks) des États-Unis, comme ce fut le cas du politologue Samuel Huntington qui a déclaré, dans un article secret de 1968 que des directives ont été fournies au haut commandement militaire, que l’urbanisation forcée du Sud-Vietnam a été un succès parce qu’il est devenu le meilleur moyen de prévenir et de vaincre ceux qui menaient la guerre de libération nationale, puisqu’en vidant les champs pour mettre de forçe les paysans en ville, on supprimait la base sociale des guérillas. C’est pourquoi il a recommandé la poursuite des bombardements sur la population paysanne du Vietnam.

IL N’Y A PAS DE PETIT ENNEMI

Malgré la terrible supériorité militaire et technologique des États-Unis, le Vietnam a remporté un grand triomphe en 1975. Certains militaires qui ont participé à cette victoire font valoir que cette guerre était comme un affrontement entre un moustique (le Vietnam) et un éléphant (les États-Unis), mais ce dernier a finalement été vaincu, par la volonté, la ténacité et le désir d’indépendance du peuple vietnamien. Vo Nguyen Giap, l’extraordinaire stratège militaire du Nord-Vietnam, l’a dit des années après la victoire de 1975 : "Nous avons gagné la guerre parce que nous préférons mourir plutôt que de vivre comme des esclaves. Notre histoire le prouve". Il a qualifié cette guerre d’agression de la plus atroce de l’histoire de l’humanité.

Le 30 avril 1975, le dernier hélicoptère fuyait la maison du chef de la station de la CIA au Vietnam, envoyant son dernier message de Saïgon... résumé laconique de ce qui est arrivé : "Ce fut une longue et dure lutte et nous avons perdu".

Ce jour-là, il y a 45 ans, la défaite militaire et morale des États-Unis a été scellée. Son souvenir doit être évoqué en plein milieu de la pandémie de Covid-19, car, comme l’a dit William Faulkner "Le passé ne meurt jamais, ce n’est même pas le passé." Sages paroles d’une grande actualité, car le passé apparemment disparu des 58 193 soldats américains morts au Vietnam (nombre relativement faible comparé aux plus de 3 millions de morts dans le pays agressé) réapparaît 45 ans plus tard, à la même date, ce 30 avril, anniversaire de la défaite de Saïgon. Aujourd’hui, le Saïgon de Donald Trump est à New York, et pas à cause de ce qui pourrait se passer dans les élections présidentielles de novembre, mais en raison de l’effondrement du "rêve américain", ravagé par une crise structurelle que le Covid-19 est venu dévoiler dans toute son ampleur.

La guerre du Vietnam a prouvé qu’il n’existe pas de petit ennemi et qu’il ne faut pas sous-estimer l’adversaire avec une dose supposée de supériorité raciale. La question de la taille est confirmée maintenant avec le coronavirus, un "ennemi microscopique" qui a déjà causé aux États-Unis plus de morts que la guerre du Vietnam. C’est une autre guerre que perd l’empire en décadence. En vérité, et pour être rigoureux, il ne s’agit pas d’ une guerre et il ne faudrait pas l’assumer comme telle, mais aux États-Unis, les milieux dominants supposent qu’il s’agit d’une confrontation belliqueuse de plus et c’est pourquoi nous parlons de guerre ici.

Une comparaison également symbolique avec la guerre du Vietnam réside dans la manière dont la pandémie aux États-Unis est liée aux sacs en plastique noirs. Il est fort révélateur que, début avril, le gouvernement de Donald Trump a commandé 100 000 sacs noirs à emballer les corps de ses concitoyens qui allaient mourir, et ils sont effectivement en train de mourir.

Les sacs noirs sont une coïncidence symbolique de grande importance, puisque pendant la guerre du Vietnam, les corps des soldats étaient conservés dans des sacs noirs et depuis lors, dans ce que Richard Nixon a nommé le syndrome du Vietnam, la hiérarchie militaire des États-Unis souffre d’une répulsion instinctive pour ces sacs, c’est-à-dire les morts américains résultat des guerres d’agressions permanentes de la première puissance mondiale envers d’autres pays. Pas parce que ça fait mal ces morts. Mais pour les effets négatifs qu’ils ont sur l’opinion publique, comme cela s’est produite dans les années 1960, lorsque l’arrivée des cadavres a suscité de grandes vagues de protestation dans les rues des villes américaines. Mais maintenant, ils n’ont plus à attendre que les morts viennent de l’extérieur, puisqu’ils viennent de l’intérieur, du cœur même de l’empire, de New York entre autres.

Si l’on regarde bien, ce n’est pas une guerre classique contre le coronavirus, mais on peut comprendre dans le contexte d’une guerre plus large et plus générale, qui n’est pas temporaire mais de longue durée : celle que les puissances dominantes mènent contre les pauvres aux États-Unis, dont les migrants.

Ce n’est pas par hasard que la plupart des personnes tuées par Covid-19 sont afro-américaines ou d’origine latino.

Et cette guerre contre les pauvres a surtout été menée contre les personnes âgées, dont la mort a été justifiée par le lieutenant-gouverneur du Texas, Dan Patrick, au motif que les grands-parents doivent se sacrifier pour assurer la pérennité du "rêve américain". Eh bien, pendant la guerre du ViêtNam on tuait et mourrait aussi pour apporter le "rêve américain" aux agriculteurs non évangélisés d’un lointain pays asiatique, comme le dénonce magistralement Graham Greene dans le roman mentionné au début de cet article.

Comme au Vietnam, une guerre chimique est actuellement menée contre les pauvres aux États-Unis, avec quelques traits particuliers, puisque Donald Trump lui-même a donné la meilleure façon de traiter la pandémie en consommant des désinfectants industriels et du chlore et de nombreux Américains ont fait dévoilant ainsi leur ignorance, autre volet facilitateur des guerres. Et il y a déjà plus d’une centaine d’Américains intoxiqués, doublement : au sens figuré par les mensonges de Trump, et de manière réelle par les désinfectants. Et, comme lors de la guerre du Vietnam, lorsque les produits chimiques ont "guéri" les paysans du communisme en les tuant, avec la recette de Trump les Américains prouvent que le chlore tue le coronavirus en même temps que le patient.

Trump et son entourage ont affronté le coronavirus comme si c’était une guerre, car ces États-Unis ne savent rien faire d’autre, et c’est pourquoi ils ont déclaré ennemi le virus à vaincre, pour prouver la grandeur du pays. La même chose a été dite il y a un demi-siècle à propos du Vietnam et ils ont dû s’enfuir avec la queue entre les jambes.

En outre, dans la logique dominante aux États-Unis, les guerres sont justifiées en raison du besoin de défendre contre les ennemis extérieurs. A l’époque du Vietnam, du communisme international, et maintenant au temps du coronavirus, un agent pathogène qui vient de Chine. Rien de ce qui s’est passé ne serait dû à la privatisation de la santé, ni à la transformation de la vie en une vulgaire marchandise, dont tirent profit les grandes entreprises médicales et pharmaceutiques. Rien à voir non plus avec un individualisme extrême, ni avec terrifiante industrie de la production de viande... Tout cela caractérise le capitalisme dans sa version américaine.

Bien entendu, les comparaisons avec ce qui s’est passé au Vietnam ne peuvent pas aller très loin, car Aux États-Unis, la population n’a pas supporté ne serait-ce qu’une petite partie des souffrances causées aux Vietnamiens, comme nous l’avons décrit précédemment. En outre, durant la guerre du Vietnam deux virus spirituels se sont imposés aux États-Unis : le virus du mensonge et le virus du déni. À cet égard, les souffrances indicibles du peuple vietnamien sont presque inimaginables, "comme il est inimaginable le fait que, pour une raison quelconque, aux États-Unis, toute cette souffrance vietnamienne a été plus ou moins ignorée lorsqu’elle s’est produite, puis effacée radicalement de l’histoire dans les décennies suivantes". (p. 229). Car aujourd’hui, le Vietnam est chez lui, ce qui fait revivre une partie des atrocités de cette guerre, au moins en ce qui concerne la figure emblématique de les 58 191 morts, un record macabre qui a déjà été battu par l’action d’un ennemi microscopique et invisible.

Ce bilan meurtrier est un indicateur de l’impact de la guerre interne contre les pauvres depuis décennies, dont les résultats criminels sont devenus visibles pour le monde entier au cours des dernières trois mois.

CONCLUSION

45 ans après la fin de la guerre du Vietnam et la défaite militaire et politique retentissante des États-Unis, à la date même où les représentants diplomatiques et militaires de cette puissance ont fui en hélicoptère, un nombre de morts plus élevé a été atteint par le Covid-19. La limite vietnamienne a été dépassée, signe du déclin moral de l’impérialisme américain.

Ce déclin est plus évident si l’on compare l’impact du Covid-19 sur les États-Unis le Vietnam, où il n’y a pas eu un seul décès jusqu’à présent malgré la longue frontière avec la Chine, à l’autre bout du monde.L’impérialisme américain.

Ce déclin est plus évident si l’on compare l’impact de Covid-19 sur les États-Unis États-Unis et au Vietnam, où il n’y a pas eu un seul décès jusqu’à présent même si elle a une longue frontière avec la Chine. A l’autre bout du monde, Les États-Unis récoltent 60 000 morts à ce jour. Cela a été le résultat d’une politique efficace et rapide pour fermer les frontières, interdire les vols commerciaux avec la Chine et dépister les malades, soumis à un traitement systématique par un système de santé publique, où les intérêts privés des marchands de vie et de mort ne prédominent pas.

Autre exemple de deux logiques différentes face à la vie : le gouvernement du Vietnam a envoyé aux États-Unis, un demi-million de combinaisons de protection pour les médecins qui affrontent le virus démunis à l’intérieur même de la première puissance du monde décadent. Telle est la "La revanche vietnamienne", avec une grande dose d’humanitarisme, envers les agresseurs qui ont détruit leurs champs et leurs villes et a tué des millions de paysans ! De telles manifestations d’humanisme n’arriveront jamais de la part des États-Unis qui, tout en souffrant d’une grave urgence sanitaire et du travail, augmente ses agressions dans plusieurs endroits du monde, dont Notre Amérique.

Ce qui s’est passé au Vietnam démontre que les pays s’en sortent bien mieux lorsque libérés de la tutelle criminelle de Washington et défendent contre vents et marées leur indépendance et leur autonomie. Le Vietnam en est le meilleur exemple historique.

Après tout, les morts aux États-Unis, en particulier à New York, nous le signalent, comme l’a dit lucidement Federico Garcia Lorca, que "si la réalité de New York est l’avenir il n’y a pas d’avenir possible" et dans ce cas, "l’avenir de l’humanité est la mort", en conséquence directe du modèle criminel qu’est le capitalisme, dont l’un des principaux symboles est Wall Street, où "l’or vient dans les rivières de toutes les parties de la terre et la mort vient avec lui". Cette mort, causée par cette machine de destruction qu’est le capitalisme impérialiste américain cause de tant de souffrances dans le monde entier se retrouve aujourd’hui chez lui, dans la même situation qu’il y a un demi-siècle au Vietnam. C’est pourquoi les fosses communes fleurissent à New York, où les pauvres meurent de Covid-19. C’est le joli visage du "cauchemar américain", qui confirme le visage cadavérique de la la mort qui a toujours accompagné l’histoire des États-Unis !

Renán Vega Cantor, historien et chercheur colombien, diplômé de Bogota et de plusieurs universités françaises

Fosse commune à New York, quand les images du Vietnam sont vécues dans le "paradis capitaliste".

publié en espagnol par rebelion.org
traduit avec l’aide de deepl.com/translator

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