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Crise et progrès social

En cas de crise, qu’il s’agisse d’une guerre ou d’une peste, même les gouvernements capitalistes voient rapidement la nécessité de planifier la main-d’œuvre et font la différence entre les secteurs essentiels et non essentiels.

Dans ses conférences de presse, le Premier ministre (anglais NdT) utilise déjà des termes comme "guerre contre le virus" et "économie de guerre".

Historiquement, nous savons que les guerres, au cours du XXe siècle, ont forcé l’État à intervenir et à organiser directement l’économie pour des objectifs nationaux. Ces mesures pendant la guerre de 14-18 ont soumis la main-d’œuvre des puissances en conflit à la direction de l’État. Le recrutement de soldats et les pertes de vies humaines sur le front ont créé d’énormes pénuries de main-d’œuvre auxquelles les gouvernements ont répondu par la mobilisation massive de femmes dans des emplois qui étaient auparavant réservés aux hommes.

Assurer les approvisionnements essentiels est devenu le travail de l’État autant que celui du marché. Comme l’a fait remarquer Neurath, il est vite devenu évident que c’étaient les produits physiques, et non l’argent, qui étaient essentiels à la survie. Des secteurs entiers non essentiels furent dépouillés de leur force de travail.

La pandémie produit une prise de conscience similaire. Le gouvernement britannique est maintenant, après un certain retard, obligé d’imposer des mesures qui entraînent la fermeture effective de secteurs majeurs de l’économie : l’hôtellerie, le tourisme, le transport aérien. Ces secteurs sont fermés non pas parce qu’ils ne sont pas essentiels, mais en raison du risque de contagion. Mais en fermant les écoles, il a dû aller plus loin et les a fermées pour tous sauf pour les travailleurs des services essentiels : le National Health Service (Ndt : service publique universel de santé britannique), la logistique, la production et la distribution alimentaire, l’énergie et les infrastructures.

Ces exceptions sont à l’image des professions essentiels dont les membres n’ont pas été enrôlés dans la guerre.

Tout comme en temps de guerre, toute inquiétude immédiate concernant les contraintes budgétaires disparaît, le chancelier dépensera ce qu’il faut, tout en se rendant compte que le vrai problème n’est pas l’argent, mais les personnes et les ressources.

La première préoccupation est la fourniture d’équipements, de bâtiments et de personnel pour le National Health Service. Ce service joue le même rôle fonctionnel que les services armés en temps de guerre, - avec une priorité absolue en matière de ressources. On ordonne aux industries de se reconvertir pour fabriquer des machines de ventilation artificielles, non des spitfires (Ndt : avion de chasse britannique pendant la seconde guerre mondiale). Les réservistes - le personnel médical à la retraite sera appelé, les auxiliaires enrôlés. En tant que biographe de Churchill, le Premier ministre est très conscient des analogies.

Comme l’a souligné James Meadway, l’une des différences entre la situation actuelle et la guerre est que la tentative n’est pas de maximiser la production, mais de la réduire à l’essentiel nécessaire à la survie, tout en isolant le plus possible la population.

À ce stade précoce de l’épidémie, il n’est pas possible de prédire comment les choses vont se passer, si ce n’est que le bilan humain sera catastrophique. Le retard du gouvernement britannique, comme celui de l’Italie, à imposer les mesures que la Chine a introduites en janvier, signifie que le Royaume-Uni, comme l’Italie, risque de subir davantage de décès que la Chine. Et dans une situation de croissance exponentielle, davantage signifie exponentiellement davantage. Pas 50 % de plus, mais dix fois plus si nous avons de la chance, cent fois plus sinon.

Au fur et à mesure que la crise se développe, les relations entre l’État et l’économie civile vont changer de manière plus radicale. Les nationalisations forcées, les rachats par l’État d’entreprises en faillite, le rationnement certainement sous une forme de revenus de base.

Historiquement, la peste noire a transformé la relation entre le paysan et le seigneur, sapant le servage et augmentant drastiquement les salaires. Ce fléau a une mortalité plus faible, concentrée dans les groupes d’âge des non-travailleurs, mais le traumatisme psychologique d’un fléau comme celui de la guerre totale va transformer le champ idéologique dans lequel se joue la politique. Les gouvernements et la classe sociale tenus pour responsables du nombre de morts seront discrédités, et ne peuvent espérer échapper à ce discrédit.

»» http://jrcf.over-blog.org/2020/03/paul-cockshott-crise-et-progres-social.html
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