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Soulèvement en Équateur, par Altim Leon.





4 avril 2006,


L’Équateur vit ces jours-ci une véritable crise nationale, alors que l’ensemble des nations amérindiennes du pays sont mobilisées contre la négociation d’un accord de libre-échange (ALE) avec les États-Unis.

Les principales routes de la région andine ont été bloquées, et des heurts avec les forces de l’ordre ont fait une trentaine de blessés et conduit à une centaine d’arrestations, dont celles de représentants d’organisations non gouvernementales européennes soupçonnées de « financer la révolte amérindienne », selon les termes de la police nationale. Le président provisoire, Alfredo Palacio, a décrété l’état d’urgence dans cinq provinces, tandis que les organismes de défense des droits de la personne appellent au dialogue national.

Alors que les pays voisins, le Pérou et la Colombie, viennent de parapher un accord commercial semblable, l’Équateur, petit État de 13 millions d’habitants dépendant de sa rente pétrolière (l’Équateur est le cinquième producteur latino-américain), sent la pression monter. Les organisations amérindiennes, maintenant soutenues par un nombre grandissant d’organisations de la société civile (syndicats, étudiants, radios communautaires, administrations universitaires, etc.), ont mobilisé leurs communautés autour de deux revendications.


Un référendum sur le libre-échange

La première est que l’Équateur ne signe pas d’ALE avec les États-Unis sans auparavant soumettre le projet d’accord à l’approbation populaire au moyen d’un référendum. A ce sujet, le nouveau ministre du gouvernement (l’équivalent d’un premier ministre, le quatrième depuis un an), M. Felipe Vega, qui a pris ses fonctions en pleine crise, s’est déclaré ouvert à la consultation populaire dans la mesure où les organisations autochtones rassemblent le nombre de signatures prévues par la Constitution, soit 8"ˆ% de l’électorat inscrit (environ 700 000 personnes). M. Vega omet cependant de préciser que l’autre partie intéressée par l’accord, Washington, a posé comme condition préalable aux négociations que celles-ci demeurent secrètes jusqu’à leur terme.

Une pétition exigeant un tel référendum, initiée par la puissante Confédération des nations autochtones indigènes de l’Équateur (CONAIE), avait été retirée l’an dernier lors de la chute de l’ex-président Lucio Gutiérrez. Son successeur, Alfredo Palacio, s’était engagé à interrompre la négociation de l’ALE et à organiser une assemblée constituante pour redéfinir les institutions du pays. Or, ni l’une ni l’autre de ces promesses n’ont été tenues. La colère de la rue, qui a mené à la chute de Gutiérrez en avril 2005, était, entre autres, due à sa décision d’initier les négociations pour la signature d’un ALE entre les États-Unis et la Communauté andine des nations qui regroupe l’Équateur, la Bolivie, le Pérou, la Colombie et le Venezuela. La population équatorienne, majoritairement rurale, avait exprimé des craintes légitimes à propos des dossiers agricole et des droits de propriété intellectuelle. Sujets sur lesquels, un an plus tard, les questions demeurent toujours sans réponse. Les millions de personnes dépendantes de l’agriculture ne savent toujours pas à quoi s’en tenir face à la possibilité que l’immense machine agricole américaine déverse ses produits subventionnés sur leur petit marché.

Par ailleurs, les questions relatives à la propriété intellectuelle, fer de lance de Washington, suscitent l’inquiétude de bien des secteurs. Les échanges de semences entre agriculteurs, les politiques publiques en matière de médicaments génériques, ou encore l’usage et la protection de l’immense biodiversité du pays - convoitée par plusieurs compagnies pharmaceutiques américaines -, autant d’enjeux dissimulés dans le secret des négociations actuelles.


Rejet des multinationales du pétrole

La seconde revendication est que la compagnie américaine Occidental Oil and Gas Corp soit boutée hors du pays par la résiliation du contrat qui la lie à l’État pour l’exploitation de champs pétrolifères en Amazonie équatorienne. Cette compagnie, aussi appelée Oxy, extrait environ 20 % de la production quotidienne du pays. Elle est actuellement accusée d’avoir violé son contrat en vendant 40 % des parts de sa filiale locale à l’entreprise canadienne EnCana.

Mais à lire les quotidiens nationaux on comprend bien qu’il ne s’agit là que d’un prétexte de circonstance pour résilier le contrat. L’enjeu, plus large, porte évidemment sur les redevances versées au pays par les multinationales du pétrole. Environ 60 % du pétrole équatorien est extrait par des compagnies étrangères qui, depuis l’augmentation phénoménale du prix du baril ces dernières années, sont accusées de ne pas verser au pays sa juste part de la manne pétrolière. Pour un pays dont plus du tiers du budget national dépend des dividendes sur la vente du pétrole, l’enjeu est vital.

Plusieurs observateurs s’inquiètent d’une fragmentation ou d’une décomposition larvée de l’Équateur. Dans son dernier numéro, la prestigieuse revue colombienne Semana s’inquiétait de voir apparaître à ses frontières un failed state. Des mots un peu durs venant d’un pays que la revue Foreign Policy vient de classer au 14e rang de sa liste des États faibles ou décomposés - loin devant l’Équateur, au 46e rang. Cela étant, les divisions régionales, ethniques et corporatives semblent s’additionner et s’alimenter mutuellement dans ce pays qui n’arrive pas à sortir d’une crise de gouvernance majeure depuis le premier grand soulèvement autochtone en 1990.

Atim Leon


 Source : www.alternatives.ca/article2458.html


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 Photo :
AGP.org


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Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis "de gauche" en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impressionnent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C’est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh, pas forcément une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum.

Ibrahim
Cuba, un soir lors d’une conversation inoubliable.

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