Paris, le 22 octobre 2002
Lettre ouverte à Monsieur le Ministre des affaires étrangères
Ministère des affaires étrangères
37 quai d’Orsay
75 007 Paris
Copie :
Ministère des affaires étrangères
Direction des Français à l’étranger, et des étrangers en France
Sous-direction de la circulation des étrangers
BP 43 605
44 036 Nantes cedex 01
Monsieur le Ministre,
Nous tenons, au nom du comité de soutien constitué autour de la famille
d’Edouard Salumu Nsumbu, à vous exprimer notre indignation à propos des
conditions dans lesquelles la mère et les fils d’Edouard Salumu Nsumbu
ont fini par obtenir un visa pour assister à son enterrement.
Edouard Salumu Nsumbu, réfugié politique congolais est décédé le lundi
29 octobre 2001 au commissariat du 9ème arrondissement après un contrôle
d’identité place Clichy. Edouard Salumu Nsumbu a été maintenu de force à
terre pour être menotté, puis aspergé de gaz lacrimogène. Son décès a
été constaté 2 heures plus tard.
Les soeurs d’Edouard Salumu Nsumbu et le MRAP ont porté plainte avec
constitution de partie civile pour que la lumière soit faite sur les
circonstances de ce décès et sur les responsabilités de la police.
Le 19 octobre 2002, un an après les faits, les proches ont enterré
Salumu Nsumbu.
La famille de Salumu vivant au Congo avait effectué des demandes de visa
pour pouvoir assister à son enterrement dès le mois de mars.
Pendant plusieurs mois, la famille, l’avocat Maître Taîeb, le MRAP et le
comité de soutien multiplient les démarches pour que les visas soient
obtenus.
La commission de recours accepte enfin d’attribuer des visas à la mère
et aux deux fils de Salumu le mercredi 16 octobre, alors que la famille
a prévu un enterrement le samedi 19 octobre.
Le jeudi, les demandeurs se présentent à l’ambassade de Kinshasa, et
obtiennent pour toute réponse que leur dossier est incomplet. Ils
rapportent le document manquant, et il leur est dit alors de repasser le... lundi 21 octobre (après les obsèques).
L’avocat de la famille et le comité de soutien multiplient les relances
auprès des services consulaires pour que les visas soient enfin
délivrés. Les proches de la famille vivant au Congo manifestent devant
l’ambassade. Ils sont enfin reçus et obtiennent les visas en fin d’après
midi vendredi 18 octobre, mais il est alors trop tard pour obtenir les
billets annulés la veille, faute de visas.
Compte tenu de ces retards, la mère et les 2 fils de Salumu n’ont pu
arriver à temps, et n’ont pu participer aux cérémonies d’enterrement.
Alors que cette famille a subi le traumatisme de la disparition de
Salumu, alors qu’elle n’a toujours pas de réponse à propos des raisons
du décès, alors que les conditions de l’interpellation par les forces de
l’ordre sont probablement à l’origine de la mort d’Edouard Salumu
Nsumbu, la France, qui se targe aux yeux du monde d’être la patrie des
droits de l’homme, aurait du mettre tout en oeuvre pour que la famille
meurtrie puisse enterrer le défunt dignement.
Aucun représentant de l’état n’a été présent à ses côtés en cette
difficile épreuve : elle n’a fait que subir les tracasseries de
l’administration. Ceci est inacceptable.
Dans l’attente d’une réponse circonstanciée, et certains que vous êtes
sensible aux douleurs engendrées parc ces successions de faits,nous vous
présentons, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute
considération.
Pour le comité de soutien
Emmanuelle Le Chevallier
Présidente de la fédération de Paris du MRAP
Membre du bureau national
Comité de soutien autour de la famille d’Edouard Salumu Nsumbu.
AIDE Fédération - AJDC - ATMF - CGT Paris - Droits Devant- Ecole
Emancipée - FOPACK - GISTI - LCR - LDH fédération de Paris - Les
Alternatifs - Les Verts - MRAP - MANIEMA - PCF - Sud éducation -
Syndicat de la Magistrature.