Des armes françaises sont utilisées par l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis dans leur guerre contre les rebelles Houthis au Yémen. Les affrontements ont déjà fait plus de 10'000 morts, en majorité des civils : un massacre rendu en partie possible par le matériel militaire vendu par la France à ses alliés arabes.
Depuis le lancement de l’intervention saoudienne et émiratie au Yémen en mars 2015, les ventes d’armes françaises vers ces deux pays ont explosé selon un rapport d’Amnesty International et de l’Observatoire de l’armement. Les deux ONG précisent qu’en 2015 et 2016 seulement, la France a vendu pour 19 milliards d’euros de matériel militaire à l’Arabie Saoudite et 25,6 aux Emirats Arabes Unis. Silence, on tue !
Derrière le terme abstrait de « matériel de guerre », se découvre une réalité sanglante. 115 blindés de combat Aravis livrés à l’Arabie Saoudite. 500 fusils de précision. 29 missiles livrés aux Émirats en 2016. Sans parler des navires de guerre, des canons Caesar, des blindés Titus ou des munitions. La liste fait froid dans le dos. Elle n’est hélas pas exhaustive.
Pire encore, en octobre 2017, un exercice militaire commun entre la France et l’Arabie Saoudite, a été organisé pour former les soldats saoudiens à la pratique du combat en zone montagneuse. Ce sont des forces spéciales françaises qui se sont chargées de cette formation menée dans la région de Taëf sur des reliefs évoquant étrangement la situation topographique du nord du Yémen.
Car la réalité est bien là. C’est bien une guerre néo-coloniale que mènent l’Arabie Saoudite et son allié des Emirats Arabes Unis. Une ingérence dans les affaires du petit voisin yéménite qui a tout de même causé plus de 10 000 morts en trois ans de conflit. Le tout avec des armes vendues par la France pour mater une rébellion qui ne sied pas au roi d’Arabie Saoudite.
Amnesty International va plus loin sur le rôle de la France dans la répression des Houthis. Selon l’organisation, l’utilisation d’un certain nombre d’armes françaises est prouvée. C’est notamment le cas de Mirage 2000-9, fournis aux Emirats Arabes Unis, qui mènent des bombardements meurtriers. C’est le cas aussi de chars Leclerc, présents sur le théâtre d’opération, et des munitions utilisées par les forces saoudiennes et des Émirats.
Pour rappel, la vente d’armes par la France à des gouvernements étrangers est strictement encadrée. Aucun contrat ne peut être signé sans l’aval du président de la République. Mais les ventes d’armes représentent une affaire juteuse pour la France. Plus de 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et 165 000 emplois. De quoi fermer les yeux sur les massacres de civils ?