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Jean-Pierre Denis, «  bonnet rouge  » ou «  gros bonnet  »  ?

Le patron d’Arkéa, l’une des filiales régionales du Crédit Mutuel, entend se séparer de sa maison-mère. S’il clame qu’il agit pour préserver les intérêts bretons, les véritables motivations qui entourent le projet séparatiste de Jean-Pierre Denis interpellent : ces dernières semblent plus personnelles que désintéressées…

Le Crédit Mutuel est en ébullition depuis que l’une de ses fédérations locales exprime ses velléités de départ. En janvier dernier, la branche bretonne, Arkéa, annonçait effectivement son intention de se désarrimer du groupe français, provoquant une petite secousse dans le monde mutualiste tricolore. Jusqu’à mi-avril, quelque 3 600 administrateurs locaux doivent ainsi se prononcer sur le principe du divorce, avant qu’un nouveau vote, à l’automne, ne vienne entériner – ou non – la séparation.

Derrière ce projet, un homme : Jean-Pierre Denis, inspecteur des finances et ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée sous Jacques Chirac, passé par le monde des affaires, chez Vivendi puis Oséo. Et finalement débarqué dans le milieu vaste et complexe de la mutualité dont il entend faire bouger les fondations. Ceci à contre-courant de l’élan européen, davantage à la consolidation et au regroupement qu’aux scissions.

Pour justifier son opération, Jean-Pierre Denis, le «  bonnet rouge  » de la finance comme il se présente, affiche volontiers un tropisme breton ; à l’en croire, demeurer au sein du Crédit Mutuel n’est pas une bonne chose pour l’avenir d’Arkéa, de ses salariés, ni pour celui des Bretons. La preuve, ces derniers le soutiennent, estime-t-il. Le patron d’Arkéa a, certes, l’aval de certains patrons bretons, mais concernant le «  peuple breton  », la réalité est tout autre. La sécession d’Arkéa n’entraînera pas forcément la Bretagne vers des jours meilleurs.

« Bataille d’égos »

Les syndicats l’ont très bien compris. En janvier 2018, ces derniers écrivaient aux administrateurs du groupe afin de les alerter sur les dangers de la scission. «  En notre qualité de représentants des salariés, nous vous alertons sur l’avenir de notre groupe mutualiste et la pérennité de nos emplois. En effet, cette entreprise est aussi la nôtre, nous l’avons construite ensemble et, tout comme vous, nous y sommes attachés  », ont-ils fait savoir.

«  Le président a pris le contre-pied de toutes ses annonces précédentes en déclarant que l’autonomie était désormais plus importante que la conservation de la marque Crédit Mutuel  ; cette annonce a aussi surpris et troublé nombre d’administrateurs  », poursuivaient-ils. Pour les syndicats, pas de doute : «  l’autonomie du Crédit Mutuel Arkéa ne semble plus la finalité. L’objectif semble désormais l’indépendance hors de la Confédération nationale du Crédit Mutuel  », ce qui jetterait la branche bretonne et ses salariés dans l’incertitude la plus totale.

Philanthrope et désintéressé, Jean-Pierre Denis  ? Davantage «  gros bonnet  » de la finance que «  bonnet rouge  », son but ultime ne serait-il pas plutôt d’avoir sa propre structure financière, décrochée de toute maison-mère encombrante à qui il doit rendre des comptes  ?

C’est en tout cas ce que pensent les signataires d’une pétition lancée par un collectif de mutualiste qui s’inquiètent d’un départ d’Arkéa. Parmi eux, Jean-Claude Stephan, responsable de formation au Crédit Mutuel Arkéa, et pour qui le but caché de Jean-Pierre Denis est de «  démutualiser Arkéa [...] au nom d’un pouvoir absolu et de rémunérations plus exorbitantes  ». D’autres dénoncent quant à eux «  une aberration » ou encore une «  opération de détournement de richesses  ».

«  J’aime les mots “coopératif et mutualiste”, je crains que nous soyons en train de les perdre  ! J’aime aussi les notions de liberté et d’indépendance. Mais pas quand elles sont là pour servir de paravent à une simple opération financière, ou, ce qui serait aussi grave, à une bataille d’égos sur le dos des sociétaires  », confiait pour sa part, l’ancien député du Morbihan et sociétaire du Crédit Mutuel depuis plus de 30 ans, Philippe Noguès, le 18 mars dernier sur son site Internet.

Serait-ce les années passées au côté de Jean-Marie Messier, quand ce dernier était à la présidence de Vivendi, qui ont donné à Jean-Pierre Denis un goût prononcé pour les aventures médiatiques et lucratives  ? Est-ce le fait de ne pas avoir été appelé à la présidence du Crédit Mutuel qui pousse M. Denis à vouloir s’en détacher à tout prix, au risque que le Crédit Mutuel Arkéa soit trop petit pour les ambitions qu’il nourrit ? La sauvegarde des intérêts bretons semble, finalement, n’être qu’un écran de fumée derrière lequel se cachent des motivations moins nobles.

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Avec une animosité obstinée, certains dénigrent encore cette époque - ceux qui savent que pour tuer l’histoire, il faut d’abord lui arracher le moment le plus lumineux et le plus prometteur. C’est ainsi que sont les choses, et c’est ainsi qu’elles ont toujours été : pour ou contre les années 60.

Ricardo Alarcon,
président de l’Assemblée Nationale de Cuba
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