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La pharmacie, une science ?

La connaissance du monde médical est devenu tellement caricaturale par certains aspects que se poser la question de savoir si la pharmacie est une science n’est plus une question déjantée.

On pourrait naturellement commencer par les agences et autorité sanitaires. Elles ont été crées par les pouvoirs publics pour contrôler et encadrer les dérives de l’industrie pharmaceutique. Elles ont longtemps été financée par de l’argent public, ce qui est normal puisqu’elles protégeaient les citoyens. Mais ce n’est plus le cas depuis 1992 au EU (puis dans le reste du monde) où les entreprises pharmaceutiques paient 50 % des frais d’évaluation des demandes d’AMM. Le patient n’a rien à gagner dans ce mélange des genres entre évaluateur et évalué.

Naguère la recherche biomédicale universitaire était nettement séparée de l’industrie pharmaceutique. Les produits de recherche universitaires étaient considérées comme faisant partie du domaine public et les chercheurs n’avaient aucun intérêt financier dans leur travail. Mais le fameux transfert technologique a vu les chercheurs se transformer en entrepreneurs brevetant à tour de bras, en quête de partenariat lucratifs avec l’industrie. Comme il fallait s’y attendre, l’argent s’est infiltré partout et a noyé toute recherche qui ne servirait pas les intérêts commerciaux. Contrairement aux dogmes libéraux, ceci n’est pas aller de pair avec une efficacité accrue.

Les médecins sont le centre d’une attention particulière. En France, les firmes pharmaceutiques consacrent 3 milliards d’euros par an en promotion médicale, dont trois quarts en visiteurs médicaux. Ces 23 000 visiteurs effectue 330 visites de 9 minutes par an et par généraliste. L’information médicale fournie durant ces visites n’est évidemment rien d’autre que du marketing déguisé en science. De tous cela, à peu près, tout le monde en convient.

Mais s’il existe bien un pilier incontestable des tests pharmaceutiques, ce sont les ERC (essais randomisé contrôlés) plus connu sous le nom d’essais en double aveugle. Pourtant il faut absolument le réduire à ce qu’ils représentent : du vent ou plutôt du marketing. Le paradoxe est que les essais cliniques avaient pour but initial d’empêcher les dérives du marketing pharmaceutiques. Alors comment cette épreuve très exigeante s’est-elle transformée entre les mains d’une gigantesque opération de quitus scientifique au bénéfice de big pharma ? Comment expliquer que ces méthodes « infaillibles » n’aient pas empêché l’avalanche de scandales sanitaires ? D’abord il faut savoir que les agences sanitaires n’exigent que deux essais cliniques probants pour accorder l’AMM. Il suffit aux firmes de multiplier les essais jusqu’à ce qu’elles obtiennent un doublet favorable en reléguant aux oubliettes les essais malchanceux, ce qui, en soi, consiste en un biais impressionnant. Les chercheurs signent des clauses de confidentialité leur interdisant de publier les résultats sans l’accord de la firme, ce qui a pour but de dissuader les lanceurs d’alerte. Pour réussir un ERC, des recettes simples s’imposent : Prendre des sujets jeunes en bonne santé. Commencer par donner un placebo à tout le monde et éliminer les placebo-répondeurs pour être sûr que votre médicament fasse mieux que le placebo (ce qui constitue la seule exigence « scientifique »), faire des essais aussi courts que possibles pour éviter l’apparition des effets secondaires. Si vous décidez de comparer votre médicament à un autre, celui ci sera donné à faible dose pour que vos effets soient supérieurs ou une forte dose pour montrer que sa toxicité est supérieure. Si votre médicament semble dépasser son concurrent, il faut arrêter le test tout de suite. Pour les sujets qui ne supporte pas les effets secondaires de votre médicament, décomptez-les du résultat final.

Dans les médicaments ayant une efficacité évidente (comme les antibiotiques), on n’a pas besoin de répéter l’expérience des milliers de fois pour s’assurer de son efficacité. En revanche, lorsque l’on cherche une preuve par défaut, les preuves probabilistes sont à considérer comme la seule panacée. L’ERC semble correspondre à la phrase qui recense les trois types de mensonges : les petits, les grands et les statistiques.

»» http://2016/07/pharmacie-est-elle-une-science.html
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Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary
HOCQUENGHEM, Guy
Préface de Serge Halimi : Avant de mourir, à 41 ans, Guy Hocquenghem a tiré un coup de pistolet dans la messe des reniements. Il fut un des premiers à nous signifier que, derrière la reptation des « repentis » socialistes et gauchistes vers le sommet de la pyramide, il n’y avait pas méprise, mais accomplissement, qu’un exercice prolongé du pouvoir les avait révélés davantage qu’il les avait trahis. On sait désormais de quel prix - chômage, restructurations sauvages, argent fou, dithyrambe (…)
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« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »

John Swinton, célèbre journaliste, le 25 septembre 1880, lors d’un banquet à New York quand on lui propose de porter un toast à la liberté de la presse

(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)

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