Le conseil National de Sécurité alimentaire et nutritionnel (CONSEA), espace de dialogue entre la société civile et le gouvernement, dont le rôle est dédié à la garantie de la souveraineté et à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et au droit humain à une alimentation adéquate et saine pour toute la population brésilienne, accomplit son rôle en intervenant publiquement à l’occasion de l’une des plus graves crises de l’histoire du Brésil. Nous sommes les témoins et les participants d’importantes conquêtes qui ont permis : d’éliminer la faim endémique au Brésil ; d’améliorer les conditions de production d’aliments pour les agriculteurs et agricultrices familiaux, les peuples indigènes, les quilombolas [1], les peuples traditionnels de racines africaines, et les autres communautés traditionnelles ; de construire des instruments de protection sociale dans des régions historiquement défavorisées comme le Semi-aride ; et bien d’autres avancés dans la progressive réalisation des droits humains.
Nous sommes en premier lieu le fruit de la redémocratisation du pays et l’exemple de l’ouverture à la société civile des processus de décision à l’intérieur de l’Etat Brésilien. Nous sommes engagés dans l’abandon des modèles technocratiques, de formulation et de mise en place de politiques publiques dédiées à une minorité, aussi bien que des actions sempiternelles et illusoires qui se présentent comme des solutions miracles ou salvatrice. Nous réaffirmons la valeur républicaine de la participation sociale des secteurs les plus divers de la société brésilienne dans les décisions de politiques et de programmes pour les citoyens et citoyennes face aux problèmes sociaux complexes. Nous sommes engagés dans la reconnaissance des droits des populations et dans l’affirmation de leurs identités, importante pour la construction de la citoyenneté d’une société pluriethnique, sans préjugés de genre et sans manifestation de racisme. Le chemin qu’il nous faut suivre est de ne pas revenir en arrière.
Pour toutes ces raisons, il nous incombe d’exprimer notre ferme engagement dans la légalité démocratique, l’Etat démocratique de droit et la citoyenneté, en rejetant avec véhémence les initiatives qui visent la déstabilisation politique du pays, l’incitation à la haine et à l’intolérance vis-à-vis des autres, y compris, la violence physique contre l’adversaire. La faillite morale des institutions et de la politique, quand bien même le prétexte serait de soigner les maux endémiques comme la corruption, ouvre la porte à l’imposition d’un agenda impopulaire avec, pour débouché quasi certain, la mise en place d’une société autoritaire. Au moment où l’on observe à l’échelle mondiale un retour des crises économiques et politiques de grande ampleur ayant des répercussions au Brésil, avec les conséquences visibles d’un intolérable niveau d’inégalités dans la majorité des pays, ce contexte a facilité au Brésil des initiatives qui prétendent remettre le patrimoine national dans les mains des grandes firmes et répondre ainsi aux exigences du capital financier. Dans le même temps, se met en place un ensemble de mesures de caractère antipopulaire intégrant des éléments comme la réduction de la majorité pénale, la suppression des quotas sociaux et des mesures de discrimination positive, le retrait des perspectives d’égalité raciale et de genre dans les plans d’éducation, la criminalisation de l’avortement et bien d’autres encore.
Nous nous exprimons, avec toute la responsabilité qu’implique le fait d’être un Conseil situé au sein même de la Présidence de la République, réunissant vingt ministères et quatre-vingt représentants des plus divers secteurs sociaux, en tant qu’espace conquis et valorisé avec le renforcement des organisations et mouvements sociaux, et comme expérience innovante bénéficiant d’une ample reconnaissance nationale et internationale.
Nous nous adressons, respectueusement, au Tribunal Fédéral dans sa mission d’assumer avec sérénité, mais fermeté, la fonction de gardien de notre Constitution. Nous craignons que la perte du droit d’égalité de traitement qui s’installe au Brésil, au cas où elle ne soit combattue avec fermeté et au regard de la Constitution Fédéral, n’entraine, entre autres conséquences, la flexibilisation des propres droits fondamentaux à la vie, au travail, à la terre et au territoire [2], et au droit humain à l’alimentation lui-même.
Organisations de la Société Civile composant le Consea National
Action de la citoyenneté
Agences de la Pastorale Noire
Coordination des Peuples Indigènes de la Région Sud (Arpinsul)
Coordination des Peuples Indigènes du Nordeste, Minas Gerais et Espírito Santo (Apoinme/ Aty Guaçu)
Coordination National de l’Agroecologie(ANA)
Coordination du Semi-aride Brésilien (ASA)
Association Brésilienne de l’Industrie d’Aliments (Abia)
Association Brésilienne de Nutrition (Asbran)
Association Brésilienne de Master en Santé Collective (Abrasco)
Association Brésilienne des Supermarchés (Abras)
Association des Aires d’Assentamento [3] de l’Etat du Maranhão (Assema)
Association Nationale d’Assistance au Diabétique (Anad)
Cáritas Bresilienne
Centrale Général des Travailleurs du Brésil (CGTB)
Centrale Unique des Travailleurs (CUT)
Commission Nationale du Réseau d’Eduction citoyenne
Confédération Nationale de l’Agriculture (CNA)
Confédération Nationale des Pécheurs et Aquaculteurs (CNPA)
Confédération Nationale des Travailleurs de l’Agriculture (Contag)
Conseil Fédéral des Nutritionnistes (CFN)
Conseil National des Populations Extractivistes
Coordination des Organisations Indigènes de l’Amazonie Brésilienne (Coiab)
Coordination Nationale des Communautés Noires rurales Quilombolas (Conaq)
Coordination Nationale des Pastorales Sociales
Fédération Nationale des Associations de Celiaticos [4] (Fenacelbra)
Fédération Nationale des Travailleurs et Travailleuses dans l’Agriculture Familiale du Brésil (Fetraf)
Força Sindical
Forum Brésilien d’Economie Solidaire
Forum Brésilien de Souveraineté et Sécurité Alimentaire et Nutritionnel (FBSSAN)
Forum National de Réforme Urbaine (FNRU)
Forum National de Sécurité Alimentaire et Nutritionnel des peuples de Terreiro [5]
Institut Alana