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Angela Davis : persévérer grâce à l’utopie

En visite au Pays Basque Sud du 4 au 8 février, Angela Davis n'aura pas pu rendre visite à Arnaldo Otegi. A 72 ans, l'icône n'est pas prête à abdiquer.

La militante révolutionnaire et féministe afro-américaine Angela Davis était l’invitée d’honneur du colloque organisé par le quotidien Gara, où elle a passé en revue ses différents combats. L’icône militante ne baisse pas les bras, et si elle note certaines avancées dans le combat féministe, le refus de sa visite à Arnaldo Otegi illustre la nécessité de poursuivre la lutte pour la libération des prisonniers politiques.

Dimanche 7 février, Angela Davis s’est vue refuser le droit de rendre visite au secrétaire de Sortu. Devant la prison de Logroño, elle a informé qu’elle se ferait le relais de ce déplorable déni auprès de l’ensemble des signataires de la déclaration Free Otegi, Free Them All. Elle a rappelé avoir elle-même reçu le soutien des détenus basques lors de son incarcération dans les années 70.

Elle était entourée du musicien Fermin Muguruza, qui a annoncé son souhait d’assister à la libération du secrétaire de Sortu, le 1er mars prochain, et d’Amaia Izko, porte-parole du parti. Pour cette dernière, cette visite ratée illustre les obstacles érigés par l’Etat espagnol pour brider la "normalisation politique" du Pays Basque.

Quelques heures plus tard, Angela Davis prenait place au musée Guggenheim pour le colloque organisé par Gara. Après des décennies de combat, l’intellectuelle militante persévère : "Je ne sais pas abdiquer, l’espoir m’anime toujours". L’occasion d’égrener ses combats, dont la lutte pour l’abolition des prisons, inextricablement liée à une certaine utopie. Car, "si nous n’y croyons plus, nous continuerons à vivre dans un monde que le capitalisme détruira."

Pour l’ancienne membre des Black Panthers, aucun réel changement ne serait intervenu dans la sphère économique depuis la rédaction du programme du mouvement révolutionnaire afro-américain, lui conférant ainsi toute son actualité. Mais les consciences se seraient tout de même acérées, la pensée, complexifiée. "Les nouvelles générations ont intériorisé ce que nous essayions d’expliquer" a-t-elle affirmé, en écho aux combats féministes.

Pour la création d’un nouvel internationalisme

Le combat est néanmoins loin d’être gagné : "il en coûte toujours autant au privilégié d’abandonner ses privilèges" a-t-elle ajouté. "Nous possédons aujourd’hui les instruments de communication nécessaires à la création d’un nouvel internationalisme, plus fort que celui d’il y a quarante ans. Mais l’influence du néolibéralisme semble freiner les volontés".

De la crise migratoire à la libération des prisonniers politiques, le néo-internationalisme devient indispensable. A 72 ans, Angelas Davis ne renonce pas et laisse entrevoir la possibilité d’un nouveau monde.

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Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au VietNam une tête coupée et un oeil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. [...]

Aimé Césaire

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