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Entretien avec Georges Gastaud, porte-parole du PRCF à propos du « MOMENT ACTUEL »

Georges Gastaud, philosophe, syndicaliste, secrétaire national du PRCF tout juste de retour d’une fête de l’Humanité très réussie pour le PRCF, a répondu à quelques question d’Initiative Communiste. Explications, analyses et propositions au regard de la situation, du moment actuel.

Question des réfugiés et des immigrants, replacée dans le cadre de l’anti-impérialisme car c’est bien l’impérialisme qui est la cause première et fondamentale de ces événements (en pillant le Tiers-monde et en provoquant des guerres) ; leçons de l’affaire grecque qui ne fait que confirmer la stratégie proposée par le PRCF, appel à amplifier encore le débat autour des 4 sorties, sortie de l’UE, sortie de l’Euro, sortie de l’OTAN et sortie du capitalisme sont quelques un des principaux thèmes abordés.

Initiative Communiste : Comment le PRCF regarde-t-il ce que la grande presse appelle « la crise des migrants » ?

Derrière leur masque compassionnel, l’impérialisme et ses chiens de garde médiatiques battent actuellement de nouveaux records d’hypocrisie et de barbarie.

Prolongeant la politique hyper-agressive de G.W. Bush au Proche-Orient, les forces euro-atlantiques relayées sur place par le fascisant régime turc et par les féodaux saoudiens et qatari ont sciemment déstabilisé la Syrie, quitte à déchaîner contre Damas les pires fanatiques de la planète. Ils avaient déjà réalisé le même forfait de masse en Libye à l’époque de Sarkozy. L’impérialisme français déclinant est en pointe dans cette déstabilisation et il est à noter que le social-impérialiste Fabius (socialiste en paroles, belliciste en pratique) est d’autant plus arrogant contre les peuples de l’Est (Ukraine) et du Sud qu’il est plus veule face à l’impérialisme allemand en phase de revanche historique, sans parler des reptations élyséennes devant l’Oncle Sam et l’OTAN. Engels notait déjà, à propos des rapports entre l’Irlande opprimée et l’Empire britannique, qu’ « un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre » et c’est à la fois par anti-impérialisme et par patriotisme bien compris que nous combattons les entreprises néocoloniales de la France officielle : tout ce qui renforce ce néocolonialisme pseudo-français détruit notre pays car ce sont les mêmes forces sociales – l’oligarchie capitaliste appuyée par les « sarkoblicains » et par le PS pro-Maastricht – qui agressent d’autres peuples et qui démolissent la France issue du CNR : leurs victoires sont des défaites pour le peuple de France et il faut donc lier chaque lutte pour l’emploi et contre l’austérité à la dénonciation des guerres impérialistes, ce que les états-majors syndicaux euro-formatés ne font plus du tout.

En tout cas le résultat de cette stratégie de gouvernance mondiale par le chaos ne se sont pas fait attendre : des millions de Syriens fuient leur pays cassé. L’UE a d’abord traité la question par la barbarie pure et simple : des dizaines de milliers de noyés, surtout africains, en Méditerranée. Sous l’égide de l’impérialisme allemand, qui veut à la fois réinvestir politiquement le terrain proche-oriental et injecter sur son marché du travail des millions de salariés qualifiés prêts aux travaux sous-payés, l’UE feint de vouloir accueillir des millions de malheureux alors même que l’UE comporte des dizaines de millions de chômeurs, de précaires et de travailleurs pauvres. Bien entendu, il faut faire échec aux barbares du parti « républicain » et du FN qui cultivent la xénophobie la plus rance à l’encontre des migrants et des enfants en danger de mort. Mais la véritable ligne internationaliste n’est nullement pour autant de rallier le point de vue hypocrite des Guetta, BHL et autres donneurs de leçons humanistes. La solidarité vraie ne repose pas, contrairement à ceux que propagent l’UE, l’UMP, le PS... et le MEDEF, sur la « libre circulation des hommes, des marchandises, des capitaux et des services » : ça, c’est la « liberté » pour le capital d’exploser toutes les nations constituées, d’organiser les sous-enchères sociales, de précipiter l’usage de l’anglo-américain comme seule langue de travail, de dresser les peuples les uns contre les autres, d’attiser le racisme et les partis d’extrême droite, du FN aux néonazis allemands, du Vlaams Belang cher à la Le Pen aux xénophobes de la Ligue du Nord en Italie. La vraie revendication prolétarienne – et paysanne ! – c’est le droit pour chacun de vivre et de travailler au pays quitte, bien entendu, à co-planifier les échanges internationaux de biens, de ressources techniques et de main-d’œuvre à l’échelle continentale et mondiale : ce qui requiert une toute autre société, le socialisme et le communisme.

Bien entendu, tout travailleur doit être défendu contre l’extrême droite et le racisme d’État au nom de la solidarité de classe et de l’unité du prolétariat résidant sur notre sol : bas les pattes donc, Valls, Sarko et MLP, à l’encontre des travailleurs immigrés. Mais notre but ne peut pas être de vider la Libye, la Syrie, l’Irak, le Mali, etc. de tous leurs éléments qualifiés pour aider Merkel à détruire les garanties sociales du salariat allemand pendant que l’OTAN livre des pays entiers au chaos. Il faut avant tout accentuer la pression populaire, aujourd’hui honteusement faible suite à l’abandon des positions anti-impérialistes par les états-majors du mouvement ouvrier, pour combattre les guerres impérialistes, mettre au premier plan le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, exiger que les sommes folles investies pour précipiter la Syrie, l’Ukraine, etc. dans la guerre civile, soient récupérées, aux frais des transnationales des armes et du pétrole, pour reconstruire ces pays, permettre à leurs émigrants forcés d’y revenir librement, et pour parallèlement, reconstruire aussi notre pays cassé, fût-ce pour le moment à un degré bien moindre que ne le sont les pays du Sud, de l’Est et du Proche-Orient.

Encore un mot pour dire le dégoût quotidien que nous inspire un Bernard Guetta qui chaque jour sur France-Inter, dénigre le peuple français et exalte « l’Allemagne honneur de l’Europe ». Honte à Guetta, BHL et cie qui ont semé l’ingérence en Libye et en Syrie et qui maintenant appellent le petit peuple à « accueillir » les migrants alors que les villes riches ne font rien pour accueillir les travailleurs et construire un minimum de logements sociaux ! Rappelons aussi que c’est cette même RFA, unifiée aux dépens de la RDA annexée et des « Ossies » qui a écrasé la Grèce avec le renfort du tartuffe de l’Élysée. Bien sûr qu’il ne faut plus un seul noyé en Méditerranée, mais pour cela, il faut faire payer les profiteurs de la guerre et leurs serviteurs nantis des grands médias, pas les salariés, paysans et chômeurs qui vivent déjà mille difficultés à cause de l’euro-austérité et des ruineuses politiques de guerre pratiquées par l’UE/OTAN !

Bref la compassion vraie passe par l’engagement des vrais internationalistes contre le couple mortel que forment les fauteurs de guerres impérialistes et les défenseurs de l’euro-austérité.

Et bien entendu, cela implique la totale solidarité avec les travailleurs allemands qui mènent des luttes importantes dans la dernière période. Ce n’est pas l’Allemagne progressiste de Lessing, de Beethoven, de Marx, Zetkin, Luxemburg, Liebknecht ou Brecht que nous combattons, au contraire, personne d’autre que les fondateurs du PRCF n’a fait plus en France en 1990/2000 pour défendre les communistes est-allemands persécutés en masse comme nous l’a récemment écrit Margot Honecker dans un message émouvant ; c’est l’impérialisme « allemand » et son compère « français », héritier de Thiers et de Pétain, que nous dénonçons en appelant à reconstituer l’Axe rouge franco-allemand qui existait à l’époque où Thälmann et Thorez combattaient ensemble la montée de l’euro-fascisme !

I.C.- Où en est la lutte contre l’UE après le tragique dénouement de l’affaire grecque ?

Le peuple grec paie cher la stratégie euro-réformiste, d’ailleurs privée de tout contenu, de Syriza. Les forces euro-atlantiques ont profité de ces illusions pour « donner une leçon » à tous les peuples, italien, portugais, espagnol, voire français, qui seraient tentés de s’insurger contre l’euro-austérité qui découle à perpétuité de ces deux éléments indissociables : l’endettement structurel des Etats auto-vassalisés par rapport aux « marchés », et l’alignement non moins structurel de l’euro sur le Deutschemark, toujours secrètement présent ; dans un récent article d’Étincelles, j’ai montré que derrière le verbiage « libéral », l’euro est en fait un dispositif impérialiste mondial de facture crypto-protectionniste : il vise à protéger à la fois la prédominance mondiale mortifère du dollar et les intérêts de l’industrie monopolistique allemande (tout cela bien entendu avec la complicité parfaite de « notre » grande bourgeoisie plus parasitaire, financière, veule et rapace que jamais).

Mais à quelque chose malheur est bon : le roi Euro et ses courtisans, les dirigeants de l’Internationale « socialiste », du Parti de la Gauche Européenne et de la Confédération Européenne des Syndicats, bref, tous ceux qui ont chanté les louanges de l’ « Europe sociale, pacifique et démocratique », sont NUS et de plus en plus de gens s’en aperçoivent. L’analyse que le PRCF faisait, presque seul en 2004, à savoir que « pour s’en sortir, il faut sortir de l’euro, de l’UE, de l’OTAN (c’est la même chose au fond) pour rompre avec le capitalisme et reprendre le chemin du socialisme pour la France et de l’internationalisation des luttes en Europe », cette analyse est validée – j’allais dire hélas car nous souhaiterions plus souvent nous tromper sur le cours exterministe et fascisant du capitalisme « moderne » ! – par le cours accablant des évènements. En toute honnêteté, ceux qui il y a peu encore expliquaient que « l’euro n’est pas le problème », que sortir de l’euro et de l’UE ne servirait à rien si l’on ne sortait pas d’abord du capitalisme (comment ??? Que ces fins stratèges l’indiquent enfin !), se grandiraient à reconnaître qu’ils se sont trompés, comme ils se sont trompés en minorant la question nationale, en renvoyant l’indépendance nationale à l’après-socialisme au lieu de comprendre que le recouvrement par la gauche de l’indépendance nationale, la sortie de l’UE sur la base d’un programme fédérateur actualisant les principes impérissables du CNR, mèneraient à de grands affrontements de classe posant la question du socialisme, non dans les incantations au coin du feu, mais dans la pratique et à l’initiative de la classe travailleuse !

En tout cas, les choses bougent en Europe et les pompiers du PGE ont de plus en plus de mal à rabâcher leur conte de fées sur l’Europe sociale, démocratique et pacifique :

Europe sociale ? Mais partout les diktats européens portent l’austérité soutenue par toutes les bourgeoisies coalisées pour casser l’emploi industriel, liquider les protections sociales, le droit du travail, les services publics ; Qui ne voit que la loi Macron, inspirée par le MEDEF, a été entièrement cadrée par Moscovici dans ses directives (en anglais svp !) à Michel Sapin ?

Europe démocratique ? Mais qui ne voit désormais que dans cette Europe impériale, tout se joue à 28 et à la fin, l’Allemagne (capitaliste) – en co-pilotage plus ou moins conflictuel avec l’Oncle Sam – décide ?

Europe pacifique ? Mais il faut être aussi aveugle que M. Dartigolles* pour ne pas voir que l’UE est une Europe de la guerre larvée entre les peuples, qui sont sommés de se faire une guerre économique sans merci, qu’elle pave la voie des nazis et des fascistes en Europe de l’Est et du centre (Hongrie), qu’elle construit les conditions de la guerre avec la Russie en tentant d’étendre l’OTAN des pays baltes à Kiev, investi par les néonazis incendiaires du Parlement ! il est indispensable que toutes les forces de gauche qui sont à la fois antifascistes et 100% anti-UE, et dont le périmètre ne cesse de s’étendre dans le mouvement communiste international comme dans certains groupes progressistes, se concertent, agissent ensemble, se rendent plus visibles ; sans quoi l’inéluctable crise de l’UE profitera mécaniquement, non pas aux communistes et aux progressistes, mais à l’extrême droite dont le but n’est pas de démonter l’UE mais de verrouiller dans le sang le mouvement ouvrier tout en mettant en place une super-Europe blanche prête à toutes les croisades dans le cadre de la nouvelle « Union transatlantique » concoctée en secret par Obama, Merkel, Hollande et par le syndicat patronal européen.

En France, les discussions que nos militants ont menées sur la fête de l’Huma ont montré que les forces 100% euro-critiques ont le vent en poupe. On s’interroge de plus en plus dans le PG, dans le PCF, dans les syndicats CGT, Solidaires et FSU, même s’il ne faut pas se leurrer sur la capacité des appareil socialo-dépendants pour corseter les débats internes. Fidèle à sa stratégie de Front antifasciste, patriotique et populaire (FRAPP !) inspiré du meilleur de l’histoire du PCF et de l’Internationale communiste, le PRCF travaille à unir les communistes, à fédérer les syndicalistes de classe, à rassembler les patriotes antifascistes, pour les « quatre sorties » : euro, UE, OTAN, capitalisme, ces quatre sorties formant une totalité dynamique dans notre esprit. Il ne s’agit pas de copier platement le CNR de 1943/47, qui travaillait dans des conditions particulières, mais d’abord, de compléter les principes évoqués par « Les Jours heureux » en introduisant des préoccupations nouvelles : coopérations internationales portées par de nouveaux traités progressistes analogues à l’ALBA, égalité homme-femme, préoccupation centrale de l’environnement qui constitue un axe central de la lutte contre ce que nous nommons l’exterminisme capitaliste. Dans les conditions actuelles, il n’y a pas de muraille de Chine entre le « FRAPP » et la lutte pour la révolution socialiste. Aujourd’hui, l’impérialisme français collabo, qui demeure notre ennemi principal, vassalise et détruit notre pays, ses acquis sociaux, ses avancées démocratiques (communes, république une, laïque et indivisible, code du travail, etc.), son « produire en France » industriel et agricole, sa langue sacrifiée au tout-anglais « transatlantique ». Il s’ensuit que la classe ouvrière est la seule capable de porter à la fois le combat pour l’émancipation nationale et sociale et que cette lutte n’a rien d’un compromis de classe : objectivement, elle est révolutionnaire et a pour débouché stratégique le socialisme. Encore faut-il ne pas faire – grave erreur gauchiste qui ne peut qu’offrir au FN sur les couches populaires un plateau ! – du socialisme et du pouvoir populaire le PRÉALABLE au rassemblement populaire pour la démocratie, l’indépendance nationale, la paix mondiale en danger, le progrès social, la défense de l’environnement massacré par le tout-profit, etc. C’est au contraire dans le cadre de cette lutte de masse pour l’indépendance, la coopération internationale, la paix, les libertés démocratiques, que les masses, pilotées par la classe ouvrière (de loin la classe la plus anti-UE de France et de Navarre, on l’a vu lors des référendums de 92 et de 2005 !) se convaincront qu’il est impossible d’assurer la reconstruction de la nation dans le cadre du capitalisme, que le salut de la « France des travailleurs » nécessite que la classe travailleuse postule ouvertement au rôle de successeur de la bourgeoisie dans la conduite des affaires du pays.

C’est pourquoi il faut combattre sur deux fronts : le front le plus important et de loin est celui du patriotisme progressiste, de ce que nous nommons parfois pour faire image et l’opposer au rassemblement bleu marine, le « rassemblement Rouge Marianne »**. Il faut contrer à temps les intellectuels – si bien intentionnés que soient certains d’entre eux – qui rejettent la notion de « gauche » dans son principe (et cela en pleine droitisation et ultra-droitisation de l’UE et de l’arc politique hexagonal*** !) ; ils confondent en effet désastreusement la pitoyable GAUCHE ÉTABLIE, dirigeants du PGE et de la CES inclus – avec les aspirations séculaires de notre peuple à la paix, au progrès social, à l’égalité, à la laïcité, à la démocratie, à l’émancipation des femmes, à la fin des discriminations « raciales », bref avec tout ce qu’incarne, avec ses limites et ses grandes lumières, le nom de Jean Jaurès et que le rôle des communistes est de structurer politiquement en le refondant sur un contenu de classe pleinement conscient. En réalité, derrière le verbiage sur la « mort de la gauche », certains jettent le bébé avec l’eau sale et prennent (involontairement, nous ne faisons pas de procès d’intention !) le risque de faire sauter le verrou de la droitisation de la France, voire de la banalisation du FN. Car pendant que les uns disent « la gauche est morte et tant mieux ! », d’autres qui, il y a peu, ont beaucoup apporté sur le plan théorique, nous expliquent que le FN n’est plus infréquentable puisque selon eux, le vrai combat oppose tous les patriotes autoproclamés à tous les maastrichtiens patentés, et cela, indépendamment de tout contenu de classe et antifasciste ! Quelle erreur suicidaire alors que le FN est en position d’être présent au second tour des présidentielles et de gagner plusieurs régions*** ! En fait, il suffit de voir ses voisinages dans l’euro-groupe parlementaire : Marine Le Pen y fréquente les pires nostalgiques du Reich, notamment le Vlaams Belang qui veut casser la Belgique, chasser de la future Flandre « indépendante » les « rats français » (= les Wallons et autres francophones) et qui veut même annexer une partie du département du Nord, baptisé Flandre historique ! Quelle erreur suicidaire alors que le FN n’a jamais appelé à quitter l’UE et que sa proposition de « sortie concertée de l’euro » protège la monnaie unique puisqu’elle impliquerait le feu vert de Berlin pour revenir aux monnaies nationales ! En réalité, il y a là une sous-estimation grave du fait que la « construction » européenne pousse à la fascisation de l’UE et de la France, que les partis d’extrême droite ne sont pas des alternatives patriotiques au « système », comme ils le prétendent, mais l’une des mâchoires de l’étau oligarchique qui broient les peuples entre d’un côté le Parti Maastrichtien Unique (un sorte de PMU perdant-perdant pour le peuple qui est formé par les sociaux-libéraux et par la droite libéral-fascisante) et d’autre part, le rassemblement brun/Bleu marine. Si ce dernier parvenait au pouvoir au prix d’un renoncement du FN, non pas à la « préférence nationale » comme certains en rêvent naïvement, mais de ses timides critiques sur l’euro, ce serait une autre manière de TUER et de DÉSHONORER la France ; car qui doute que l’avènement élyséen de la « Marine » ne serait pas suivi d’intenses et déshonorants conflits inter-communautaires, voire interreligieux, vite conclus par la mise au pas du mouvement ouvrier et par le discrédit final de la France et de l’idée de nation auprès de tous les progressistes du monde ? En réalité, le FN est bien l’autre manière de tuer la nation, la République et le mouvement ouvrier organisé, l’autre manière pour le MEDEF de faire place nette de la nation comme y invite en filigranes le manifeste patronal « Besoin d’aire » (2011) ! alors oui, ouvrons les yeux et montons la garde contre cette banalisation du FN et tenons les deux bouts de la chaîne : nous n’avons pas besoin d’un « Front de libération nationale » allant de Chevènement à Philippot, comme le souhaite M. Dupont-Aignan, mais d’un Front antifasciste, patriotique et populaire brisant les deux mâchoires de l’étau qui broie la nation et le monde du travail, le « PMU » euro-atlantique et le rassemblement du FN et de la « droite forte ».

Rappelons en outre que contrairement au mythe répandu par certains sur la prétendue présence de l’extrême droite au sein du CNR, celui-ci excluait les forces organisées du nationalisme réactionnaire : l’extrême droite formait au contraire l’ossature de Vichy. Étrange « nationalisme » qui a toujours préféré les Occupants, de Bismarck à Hitler, à un peuple français jugé trop indocile. Au contraire, le CNR n’aurait jamais pu se former, malgré l’héroïsme de Jean Moulin, sans le poids largement dominant des FTP et des FTP-MOI dans la Résistance intérieure armée. Il convient donc, non pas de se tourner vers la droite et vers l’extrême droite pour « sauver la patrie » (symptomatiquement, ni l’UMP ni le FN ne font RIEN pour défendre la langue française en voie de relégation rapide sur notre sol : or que serait la France sans sa langue ?) mais de construire l’union combative des communistes anti-UE, d’aider le syndicalisme de classe à se coordonner pour bousculer les limites paralysantes des corporations et des appareils, de lier la lutte pour les « quatre sorties » à toutes les luttes émergentes (paysans, ouvriers, enseignants, etc.) ; en un mot, il faut cesser d’opposer, au seul avantage du « PMU » euro-atlantique ET des aventuriers bleus-marines, le drapeau tricolore de la nation au drapeau rouge frappé de l’emblème ouvrier et paysan.

C’est pourquoi il faut aussi avoir le courage politique de faire échec au gauchisme et aux résurgences trotskistes dans le mouvement ouvrier : ignorant tout du Front populaire et de la Résistance, où ces deux drapeaux unis ont permis à la classe ouvrière de se placer au cœur de la nation pour abattre le fascisme et pour mettre le patronat à la raison, le gauchisme méprise la nation et fait aux fascistes le royal cadeau du drapeau national et de la « Marseillaise »... avec le risque croissant de voir la partie la plus désemparée de la classe ouvrière, légitimement attachée au « produire en France » assassiné – se tourner suicidairement vers les fachos. Et pendant ce temps, ce n’est ni le drapeau rouge ni le drapeau tricolore, nés ensemble de la Révolution française que banalise l’idéologie bourgeoise et la grande consommation, mais le drapeau clérical de l’UE, le « stars and stripes » états-unien ou l’ « Union Jack » royaliste abhorré par nombre d’Écossais, de Gallois et d’Irlandais...

Alors évitons les deux erreurs symétriques : l’erreur gauchiste qui abandonne la nation à la réaction, et qui favorise à son insu, et avec la meilleure bonne conscience « internationaliste » du monde, la « cata » national-raciste qui tourne la nation contre le drapeau rouge des ouvriers !

Contre l’euro, l’UE, le MEDEF, l’OTAN, unissons nos deux drapeaux historiques, aidons ainsi la classe ouvrière à reconquérir son rôle central dans la lutte révolutionnaire, « FRAPPons » des deux côtés sur le PMU euro-atlantique et sur le bloc xénophobe, car c’est là frapper en réalité sur une seule tête, celle du grand capital destructeur de la « France des travailleurs » chantée par Jean Ferrat.

IC- Que penses-tu des récentes évolutions de Mélenchon et du P.G., où la tendance anti-euro marque des points et où certains parlent désormais de « plan B » tendant à extraire la France de la zone euro si les propositions pour adoucir l’UE ne marchent pas ?

Le PRCF milite depuis trop longtemps (depuis 10 ans nous avons par ex. collé des dizaines de milliers d’affiches et d’autocollants pour appeler aux 4 sorties !) pour mépriser tout pas en avant, fût-il insuffisant, voire entaché de nouvelles illusions. Nous sommes prêts à tout dialogue, mieux, à toute action commune sur la question de la rupture révolutionnaire avec l’euro même si pour nous l’idée d’un « plan B » – qui suppose la prééminence du plan A, c’est-à-dire la préférence mythique pour l’ « UE sociale » et « la réorientation progressiste de l’euro » n’est pas satisfaisante : elle suppose en effet la prééminence du plan A, c’est-à-dire la préférence mythique pour l’ « UE sociale » et « la réorientation progressiste de l’euro » et continue de laisser croire que l’UE serait amendable avec « un peu de bonne volonté » ; de telles positions laissent aussi la porte ouverte à une négociation avec Europe-Ecologie, qui est ouvertement eurofédéraliste, ce qui est une impasse totale.... Mélenchon est un social-démocrate de gauche et il serait donc téméraire de chercher en lui un substitut à la reconstruction du parti communiste qui reste notre objectif stratégique ; en même temps, nous avons bien vu sur la fête de l’Huma que les principaux porteurs de la paralysante illusion « euro-constructive » reste, sans surprise, l’état-major du PCF qui se confond avec celle du PGE en la personne de Pierre Laurent, président de la « Gauche européenne », chantre de Tsipras, étroitement lié au PS par nombre d’alliances locales. Nous constatons avec plaisir que des sections du PCF se prononcent désormais contre l’euro et l’UE. Pour nous, la plan A plan B sortie de l’UE europe PRCFquestion décisive est celle de l’action unie des communistes, des syndicalistes de lutte (assez de tabous visant à interdire la jonction entre syndicalistes rouges et militants franchement communistes, la question de l’indépendance syndicale se pose par rapport au MEDEF, à la direction jaunâtre de la CFDT et de la CES, pas par rapport aux travailleurs communistes !), des patriotes antifascistes et ce sont les contenus politiques et sociaux, bref, le programme, qui comptent bien plus que l’appartenance formelle au PCF ou pas. Ceux qui continuent de faire de l’appartenance au PCF un préalable à l’unité d’action et qui donc, enferment les vrais communistes encore membres du PCF-PGE dans un tête à tête perdu d’avance avec l’appareil, nuisent autant à la reconstruction du grand parti communiste que ceux qui, à l’inverse, s’autoproclament à quelques quarterons « LE » parti communiste révolutionnaire en refusant d’agir avec tout autre qu’eux. Après avoir largement contribué à la résistance interne aux dérives du PCF (j’ai moi-même combattu l’abandon du marxisme-léninisme dans les années 70, les deux participations ministérielles sans principes de 81 et de 97, tout ce qui a préparé la mutation social-européiste des années 90-2000), nous avons dû constater que les dérives du PCF étaient devenues telles que ce parti avait renié la totalité des principes sur lesquels il avait été constitué en 1920 à l’appel de Lénine, de Cachin et de Clara Zetkin, et cela soit dit en passant, bien avant le congrès de Martigues*****. Cela n’interdit en rien de coopérer avec les militants du PCF qui défendent des positions de classe, qui mènent le combat anti-UE, et que nous ne confondons pas évidemment avec le président du PGE.

Deux erreurs symétrique par conséquent : attendre que le PCF-PGE ait été miraculeusement « remis sur les rails du combat de classe » pour s’unir, alors que la nation laborieuse fond pendant ce temps à vue d’œil comme beurre au mois d’août, et affirmer d’autre part que les communistes restés au PCF sont pestiférés et indignes d’agir à nos côtés, nous les « purs et durs ». Quant au PRCF, il considère que qui peut le plus peut le moins : agissons ensemble, débattons des divergences, décidons et tenons ensemble ce qui a été décidé, et c’est sur la gauche, du côté des « rouges » que se constituera le rassemblement anti-UE, sans quoi tout partira de l’autre côté et nous discuterons un jour de nos divergences, non pas en réunion de cellule, mais en cellules de concentration !

En tout cas, le PRCF est fier, même s’il est fraternellement et égalitairement ouvert à des communistes encore cartés au PCF, de s’être constitué en organisation franchement communiste et 100% indépendante du PCF-PGE ; car sans cela il ne pourrait pas porter une ligne politique démocratiquement élaborée et un programme qui, en 2011, a été travaillé par des centaines de réunions départementales centralisées par une conférence nationale. Sans cette indépendance d’organisation, le PRCF ne pourrait pas non plus produire des milliers d’affiches et des centaines de milliers de tracts, ni publier un journal mensuel, trimestriellement une revue théorique trimestrielle, ni aider fraternellement le syndicalisme de classe, ni porter quand il le faut des rassemblements de centaines de personnes comme ce fut le cas en février 2013 pour commémorer Stalingrad, ni dialoguer avec près de 100 partis communistes et progressistes de l’étranger.

C’est pourquoi, tout en souhaitant bon vent aux communistes qui résistent au sein du PCF, et que nous aidons bien volontiers quand ils le demandent comme ils le font aussi fraternellement quand nous les sollicitons, j’appelle les communistes qui liront ceci à nous rejoindre ; car si modeste que soit notre organisation en pleine croissance, et dont la présence sur la fête de l’Huma a été un vrai succès politique, la présence du Pôle et des JRCF dans chaque lutte d’importance, à la porte d’un max d’entreprises et de services publics, dans un max d’espaces d’élaboration culturelle, dans un max de facs, de quartiers populaires, de communes rurales, ne peut nuire qu’à l’anticommunisme et ne peut profiter qu’à tous les communistes et à tous les progressistes auxquels nous tendons la main en permanence avec une seule exigence : la loyauté mutuelle ; car pour nous, dans l’expression « franchement communiste », l’adverbe compte presque autant que l’adjectif !

Georges Gastaud, philosophe, syndicaliste est secrétaire national du PRCF

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*Dans l’Écho du centre/Corrèze du 13 juillet, M. Dartigolles, porte-parole du PCF, ose déclarer sans rire que « l’Eurogroupe montre son vrai visage : il veut transformer l’Europe sociale en forteresse, en Europe disciplinaire. On veut évacuer Tsipras en lui imposant des mesures d’hyper-austérité. Il dérange car il veut faire ce qu’il a dit ». Quel tissu d’aberrations ! L’Eurogroupe n’a nul besoin de « transformer » l’Europe sociale, QUI N’A JAMAIS EXISTE QUE DANS LA TÊTE DE M. DARTIGOLLES, en « Europe disciplinaire » (comme si les critères « disciplinaires » de Maastricht n’existaient pas depuis 1992 !). Quant à l’escamoteur Tsipras, il est lamentable que la direction du PCF continue d’en faire la promotion alors que ce personnage a trahi le vote des Grecs et qu’il existe en Grèce un Parti communiste dont Dartigolles ne dit pas un seul mot...

**Le PC portugais se réclame quant à lui d’une « politique de gauche et patriotique ».

***La social-démocratisation du PCF à la fin des années 70 (« eurocommunisme ») a facilité involontairement la dérive libérale du PS – qui bien sûr ne demandait que ça ! – laquelle a aidé Sarkozy a tirer l’UMP vers l’ultra-droite et la xénophobie (là aussi, pas besoin de trop se forcer pour ce mouvement enclin au bonapartisme !). Faut-il s’étonner si tout cela aboutit à mettre le FN en position de réceptacle universel de toutes les dérives droitières de la société ? Quant le rouge vire au rose et le rose au blanc, faut-il s’étonner que le bleu vire au bleu marine et que celui-ci ne demande qu’à virer au noir ?

****Disant cela, nous ne préjugeons en rien de la position du PRCF aux régionales.

*****Pour ne prendre qu’un exemple, le 28ème congrès du PCF (1994) a rayé des statuts, rien que ça, les références à la classe ouvrière, au socialisme, à la socialisation des moyens de production, au centralisme démocratique et au marxisme. Les références fondatrices à la dictature du prolétariat, au marxisme-léninisme et à l’internationalisme prolétarien avaient été retirées des statuts en 1979. Un parti « communiste » privé de tout cela, et qui s’est lui-même purgé de ses cellules d’entreprise, est-il autre chose qu’un « couteau sans manche dont on a jeté la lame » ?

Georges Gastaud est l’auteur de différents livres, notamment Marxisme et Universalisme, classes, nations, humanité paru au printemps dernier aux éditions Delga

17 septembre 2015

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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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