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Ces boat people qui inquiètent l’Europe

Le drame de la mer a encore frappé en Méditerranée où plus de 800 personnes sont mortes lundi dernier, dans le renversement de leur embarcation.

Selon les statistiques de l’OIM (Organisation internationale des migrations) et du HCR (Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés), le nombre des victimes de la mer au premier trimestre 2015, a augmenté de plus de 30 fois que celui de la même période en 2014.

Pourquoi ces morts, comment cela a-t-il été possible ? Analystes, observateurs et hommes politiques n’ont vu que l’effet, dramatique de ces tentatives de rejoindre l’Europe, occultant les causes réelles de ces migrations forcées et plurielles. On pointe du doigt les passeurs clandestins – qui, certes, profitent des situations instables et chaotiques, notamment en Libye et en Syrie, qui ont fait exploser les demandes – quand on fait le silence sur d’une part, la responsabilité directe de l’Europe dans les aggravations des situations en Libye et en Syrie, d’autre part, sur la fermeture du territoire européen aux étrangers. Faut-il noter que nombre de candidats à l’immigration ne sont pas Syriens ou Libyens qui viennent également de pays limitrophes tout aussi mal lotis. Toutefois, si les arrivées de migrants prennent les proportions d’une invasion – nonobstant les drames qui l’accompagnent – c’est bien du fait de l’absence d’Etat (en Libye) ou que celui-ci ait été mis dans l’incapacité d’assumer ses responsabilités, le contrôle du transit à ses frontières.

Si les côtes libyennes et syriennes sont devenues des passoires, l’Occident d’une manière générale, l’Union européenne en particulier, n’y sont pas étrangers qui ont détruit la Libye en tant qu’Etat et soutenu une rébellion multiforme contre le pouvoir légal en Syrie ouvrant la porte au chaos dans ces deux pays. Les Européens – en particulier les Français qui parlent haut et fort – doivent faire leur introspection et se dire s’ils ne sont pas quelque part coupables de la dégradation des conditions vie en Syrie et en Libye qui voit leurs peuples livrés à la guerre, à la mort, à la famine, à la déchéance. Les Européens qui ont fait de l’Union européenne une forteresse inexpugnable, sont allés porter la bonne parole à coups de canons chez les Libyens et les Syriens. Ces boat people – qui tentent d’accoster les côtes européennes dans des bateaux de fortune, surchargés et sans sécurité – devenus le cauchemar des autorités européennes sont en fait une création de l’Europe elle-même qui a allumé dans le Monde arabe les feux de la discorde. C’est facile de donner des leçons aux peuples de l’hémisphère Sud de la Grande Bleue. Mais où sont donc ceux qui, étendard au vent, ont fondu sur la Libye ? Qui ont armé et formé les rebelles contre le gouvernement de Syrie ? N’est-ce pas le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui disait : « Al Nosra fait du bon travail » auquel des fusils Famas ont été parachutés, à propos du groupe jihadiste (affilié à Al Qaîda) qui combat le régime de Damas ?

Le résultat tangible de ce « bon » travail ? Ce sont ces milliers de Syriens déstructurés bravant les écueils de la mer qui cherchent refuge chez ceux-là qui sont la cause de leurs malheurs. Les drames affreux – comme celui de dimanche au large des côtes libyennes – de ces migrants jetés à la mer, sont subséquemment la résultante directe des interventions étrangères, trop bien intentionnées, au Moyen-Orient et au Maghreb. Alors trêve d’hypocrisie et regardez en face votre oeuvre, vous qui voulez nous « démocratiser » et nous apporter, dites- vous, la « civilisation » à coups de frappes aériennes et d’aides aux insurrections. On pleure aujourd’hui des larmes fourbes sur le sort des émigrants touchés par les tragédies de la mer, directement induites par les guerres imposées à la Libye et à la Syrie, tout en faisant l’impasse sur les raisons qui ont mené à cette déferlante asiatique et africaine sur les côtes européennes. Ainsi, l’Europe – jalouse de son confort et ayant verrouillé ses frontières à triple tour – qui a semé la division dans les pays arabes voulait « libérer » ses peuples en y semant la haine, les guerres fratricides et la désolation. Restée impunie des crimes de génocide, de crimes contre l’humanité commis en Afrique, en Asie, en Amérique latine, dans les Caraïbes, l’Europe – autoproclamée mère de la civilisation humaine – perpétue ces crimes dans les pays arabes dont les peuples en font les frais. Ce qu’il faut clamer haut et fort est que les tragédies en Méditerranée sont d’abord, l’oeuvre d’arrogants Etats européens qui ne connaissent pas de limites à leur prétention de réaménager le monde et à mettre les peuples sous leur joug.

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Point de non-retour
Andre VLTCHEK
LE LIVRE : Karel est correspondant de guerre. Il va là où nous ne sommes pas, pour être nos yeux et nos oreilles. Témoin privilégié des soubresauts de notre époque, à la fois engagé et désinvolte, amateur de femmes et assoiffé d’ivresses, le narrateur nous entraîne des salles de rédaction de New York aux poussières de Gaza, en passant par Lima, Le Caire, Bali et la Pampa. Toujours en équilibre précaire, jusqu’au basculement final. Il devra choisir entre l’ironie de celui qui a tout vu et (…)
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« Nous pouvons faire sauter un navire américain et en rejeter la faute sur les Cubains. La publication des listes des victimes dans les journaux américains accroîtrait encore l’indignation. Nous pouvons aussi détourner des avions. Dans des endroits bien choisis où l’impact serait énorme, nous pourrions poser des charges de plastic. Nous pourrions également repeindre des B26 ou C46 de nos forces aériennes aux couleurs cubaines et nous en servir pour abattre un avion de la République dominicaine. Nous pourrions faire en sorte qu’un prétendu appareil de combat cubain abatte un avion de ligne américain. Les passagers pourraient être un groupe de jeunes étudiants ou de vacanciers. »

Général Lyman LEMNITZER (1899 – 1988)
Chef d’état-major des armées (1960-62) et Supreme Allied Commander de l’Otan (1963-1969)

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