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Brésil - Jeter la merde dans le ventilateur

Cette expression, popularisée par le cinéaste Glauber Rocha dans les années 70, caractérise particulièrement bien la campagne électorale pour le second tour des élections présidentielles au Brésil. Celle-ci se résume, ces jours-ci, à un lynchage médiatique du PT au pouvoir d'une violence rarement atteinte, renforcé opportunément par des « révélations » de personnages douteux sur un système de corruption lié à la Compagnie Petrobras, qui favoriserait le PT (1). Pour mieux envenimer la situation et rendre le débat plus nauséabond qu'il ne l'est déjà, l'ex-président de la République Fernando Henrique Cardoso (éminent sociologue dans le passé - sociologue ? - soutien du PSDB et de son candidat Aécio Neves), n'a rien trouvé de mieux que de qualifier les électeurs du PT de « mal informés » (2) et de « troglodytes » (vivant dans des « grotões » – dans les profondeurs des grottes NdT), ciblant, de ce fait, particulièrement la population du Nord et du Nord-est du Brésil, traditionnel soutien du PT (3). Cette sortie a provoqué dans les réseaux sociaux brésiliens (qui ne brillent pas par leur tempérance et leur savoir vivre, c'est le moins qu'on puisse dire) une véritable campagne de haine contre les « nordestinos » (4). Deux jours plus tard, le 8 octobre, l'anthropologue Roberto da Matta, qu'on a connu mieux inspiré, mais c'était il y a très longtemps (5), publia dans le journal O Globo une tribune dans laquelle, entre autres mots d'ordre, il appelait à « défenestrer le PT du pouvoir » (6). Dans le contexte de haine actuelle, utiliser une telle expression n'est pas loin de l'appel au meurtre. Marcio Valley, fonctionnaire public et blogueur brésilien, a publié une lettre ouverte éclaircissante en réponse à Roberto da Matta, qui est traduite ci-dessous.

UN COUP DE POING DANS L’ARROGANCE DE LA VISION SÉLECTIVE SOI-DISANT INTELLECTUELLE (OU LETTRE OUVERTE À L’ANTHROPOLOGUE ROBERTO DA MATTA,
par Marcio Valley.

J’ai lu hier (08/10/2014), Roberto Da Matta, ton texte « Un coup de poing dans la toute-puissance », où tu soutiens que le PT doit être « défenestré du pouvoir » et dans lequel tu révèles avoir senti ton angoisse diminuer en voyant Aécio arriver au deuxième tour des élections. Selon toi, Aécio, ayant « trouvé son rôle et son ton » et « par sa tranquillité », apportera au Brésil la « la découverte de l’entente pour tous et la continuité du progrès ».

J’ai ressenti une énorme tristesse à la fin de cette lecture. Je t’ai toujours respecté, toi et tes pensées. Ton texte a signifié pour moi, en fait, un coup de poing hautement destructeur, non pour la toute-puissance du PT, mais pour celle de l’anthropologue Roberto Da Matta, que je n’avais jamais imaginé pouvoir abdiquer de l’intelligence pour défendre une cause.

À part pour divulguer mes écrits, je participe peu de Facebook, car je me rends compte qu’il y a dans les réseaux sociaux une énorme pénurie de discussion intelligente et rationnelle en ce qui concerne les problèmes politiques brésiliens. Ce ne sont que des hurlements irrationnels, qui répètent des lieux communs, d’un contenu qui vole au raz des pâquerettes. Dans ces discussions où la dialectique est inexistante, le point de vue opposé est impossible, car il est immédiatement vu comme une offense. Le but y est donc seulement d’imposer sa propre vision et de repousser de manière agressive toute pensée qui est contraire à ce point de vue. Les expressions injurieuses les plus communément utilisées sont « petralhas » (pétraleries, ou canailles du PT – mélange de PT et de canalhas), « tucanalhas » (canailles tucanas ou tucanailleries – du toucan, symbole du PSDB), « privataria » (privaterie), « coxinha » (terme péjoratif : conservateur, politiquement correct, très préoccupé par son image (et par sa voiture), qui passe des heures à l’académie etc..., bref le jeune friqué complètement illettré qui voudrait bien diriger le Brésil NdT) et, ô surprise, « lulopétisme », la même expression que celle utilisée par toi, un intellectuel.

Dans les réseaux sociaux, je cherche à relever l’usage de ces slogans à tendance fondamentaliste qui poussent à la division et au conflit, parce que je ne suis pas insensible au fait que cette utilisation est généralement due au manque de possibilité d’accéder à une culture de discussion de haut niveau. Cependant, quand je me rends compte que ce même style « littéraire » est manipulé par des gens qui devraient être des phares en ce qui concerne l’intelligence et la raison, ça fait vraiment mal au cœur, et un sentiment d’impuissance grandit face au défit de la résolution des problèmes publics. De médiocres discussions conduisent généralement à de médiocres résultats.

Comment un intellectuel peut-il ainsi hurler avec les loups sur la corruption généralisée du PT ? Sans connaître la substantialité des causes ? Sans perspective historique ? Sans analyser le système légal qui rend possible de tels dévoiements ? Sans analyse comparative ? Sans se poser la question de savoir s’il existe ou non des actions de combat contre la corruption ? La corruption n’existait pas dans le Brésil pré-PT ou bien est-elle née avec ce parti ? La gouvernance malfaisante du Brésil – et ses enfants bien-aimés, le patronage et le « patrimonialisme » – est-elle une condition préalable à l’exercice du pouvoir, ou elle a été et sera uniquement pratiquée par le PT, et non par d’autres partis qui peuvent éventuellement arriver au pouvoir ? En d’autres termes, est-il possible pour un parti de gouverner sans céder aux appels et aux aspirations d’une base de soutien qui lui sera inexorablement nécessaire ?

Da Matta, la tristesse qui m’a pris, à la lecture de ton texte, m’a fait constater que même un formateur d’opinion comme toi, qui bénéficie d’une immense diffusion à travers des organisations géantes tels que « O Globo », qui, dans sa position d’intellectuel, dispose ou devrait disposer d’une capacité d’analyse critique des faits actuels (et qui à partir de cette capacité possède certainement une intuition de l’avenir que seuls quelques-uns peuvent se targuer de posséder), prend le risque de détruire sa réputation et son parcours, en écrivant des textes soi-disant d’analyse, mais dont le contenu est exclusivement pamphlétaire. On dirait un exercice simpliste et, je dirais même, d’un enfant qui prendrait ses désirs pour des réalités. En fait, tu m’excuseras, mais j’ai beaucoup de mal à admettre que tu croies à ce que tu as écrit.

Je sais que tu sais (ou que tu devrais savoir) que l’un des premiers actes de Fernando Henrique Cardoso (de ce PSDB que tu soutiens maintenant si chaleureusement), fut de signer, seulement dix-huit jours après sa prise de fonction, le décret n° 1376/1995 qui supprimait la Commission d’Enquête sur la Corruption qui avait été créée en 1993 par Itamar Franco.

Lula, le 1er janvier 2003, le premier jour de son administration, signa la MP (Mesure Provisoire NdT) n° 103/2003 (et ensuite la loi n ° 10683/2003), qui créait la Controladoria-Geral da União (Organe de Contrôle Général de l’Union), en conférant à son titulaire le titre de Ministre d’État pour le Contrôle et la Transparence, ce qui eut pour conséquence d’élever le statut administratif de ce poste, en montrant bien ainsi aux subalternes comment serait traité dorénavant le sujet.

Pendant les huit années du gouvernement PSDB de Fernando Henrique Cardoso, la police fédérale a mené un total de 48 (quarante-huit) opérations, c’est à dire une moyenne de six opérations par an.

Au cours des douze années du gouvernement du PT, ce nombre est passé à environ deux mille trois cents, ce qui donne une moyenne de plus de 190 (cent quatre vingt) opérations par an.

En assumant le gouvernement, le PT a trouvé environ une centaine de Cours de Justice Fédérales. Elles sont maintenant plus de de cinq cents.

Comme tu le sais, ou devrais savoir, ce sont les opérations de la Police Fédérale et les Cours de Justice Fédérales qui enquêtent, jugent et combattent les crimes de corruption.

Pendant le gouvernement du PSDB, il y avait Geraldo Brindeiro, « l’escamoteur en chef de la république ».

Pendant le gouvernement du PT, des enquêtes ont été menées sur des membres importants de ce même gouvernement, dénoncés par le Procureur Général (et non plus un « escamoteur »), jugés, condamnés et emprisonnés pour corruption. Tu peux ne pas apprécier la fameuse expression de Lula « Jamais auparavant dans l’histoire de ce pays » mais, quant à ce fait, peux-tu le contredire ? Quand et dans quelles circonstances cela s’était-il déjà produit auparavant ?

Comment, Da Matta, ces faits (que tu pourras facilement trouver sur des sites sérieux sur Internet) sont-ils conformes à ton affirmation de « corruption rampante du PT » ?

Da Matta, les gens ordinaires, dépourvus de ces mécanismes d’accès à l’information et à la connaissance, peuvent ne pas savoir, comme toi tu le sais, qu’aucun gouvernement, public ou privé, n’est à l’abri des pratiques illicites. Ce qui distingue une bonne administration d’une mauvaise est la manière avec laquelle elle traite les délinquants. Les institutions sont-elles libres actuellement de fonctionner, ou bien tout est-il balayé sous le tapis par des escamoteurs diligents ?
Si tu mets le pied dans la fourmilière, les fourmis apparaîtront. Tu le sais, c’est l’« effet de perception ». Conclure que si l’on ne voyait pas de fourmis avant, c’est qu’elles n’existaient pas, est l’exercice le plus stupide qui soit, excusable pour les ignorants, mais pas pour les personnes cultivées.

Da Matta, tout le préjudice supposé du Mensalão (scandale de la cooptation de groupes parlementaires par le PT – dessous de table à l’appui NdT), (je ne vais pas entrer dans le fond du procès et du crime, qui a déjà été jugé par la Cour suprême, mais tu sais qu’on se demande beaucoup si cet argent soi-disant « détourné » ne se trouve pas dans les coffres de la Globo, de la Folha (de São Paulo NdT), de l’Estadão (Estado de São Paulo) et d’autres médias, légalement, par le biais de contrats de publicité légitimes), n’atteint pas 75 (soixante-quinze) millions de reais. Sans remettre en cause la validité des privatisations menées par Fernando Henrique Cardoso, il y a des chercheurs des plus sérieux, qui font valoir que le préjudice causé par la vente d’entreprises publiques, à partir de l’usage de « titres dévalués » (titres négociés sur le marché à une valeur bien moindre que leur valeur nominale NdT) et autres « incitations » pourrait avoir atteint environ 2 (deux) milliards et 400 (quatre cents) millions de reais (solde entre ce que le gouvernement gagna effectivement – 85,2 milliards et ce qu’il dut débourser – 87,7 milliards, sans compter le manque à gagner de l’État sur leurs activités par la suite NdT). Et oui, nous avons bradé tout le patrimoine de l’État, et loin de réduire le déficit public, nous avons encore ajouté cette montagne d’argent à notre dette publique. Cependant, beaucoup de gens sont devenus multimillionnaires grâce aux privatisations du PSDB.

Cette valeur, Da Matta, correspondant à plus de trente-deux fois le montant du mensalão (sans tenir compte de l’actualisation de la monnaie, sinon elle dépasse facilement les cinquante fois). Bien sûr, dans ta perception, tu ne considères pas ça comme de la corruption, n’est-ce pas ?

Ou, qui sait, Da Matta, peut-être que tu as quelque chose à dire au sujet des privatisations tucanas (du PSDB NdT), ou sur les agissements de José Serra avec sa fille Veronica et son gendre Alexandre Burgeois, sur Daniel Dantas et sa fille, Veronica également, sur Ricardo Sérgio de Oliveira à la Banque du Brésil (agissant « à la limite de l’irresponsabilité »), à propos de André Lara Resende et les opérations de change, ou la famille Jeressaiti et l’acquisition de la Telemar, ou sur le Banestado (toutes ces personnes sont soupçonnées d’être impliquées dans ce qu’on a appelé « le scandale des privatisations », relaté par Amaury Ribeiro Jr. , ex-repórter de la revue Isto É e du quotidien O Globo, dans son livre A Privataria Tucana NdT).

Seul le Banestado (banque privatisée sous le gouvernement tucano NdT), Da Matta, qui a eu lieu en plein gouvernement de Fernando Henrique Cardoso, a causé une perte de plus de dix-neuf (19) milliards de dollars, qui ont été illégalement expédiés aux États-Unis.

Je commence à être d’accord avec toi, Da Matta, que les pétistas sont incompétents, au moins dans la catégorie « détournement de l’argent public ».
Quoi qu’il en soit, revenons à la question que j’ai posée ci-dessus : la corruption est-elle une caractéristique du PT ? Si non, où sont les condamnés pour corruption de la période du PSDB au gouvernement fédéral ?

Et Aécio, Da Matta ? Est-il libre d’indices de corruption lors de son passage au gouvernement de l’État du Minas Gerais ? Tu sais bien que le Minas Gerais, avec le PSDB, a été le berceau du mensalão tucano, géré par le même individu (que pour le mensalão du PT NdT), le publiciste Marcos Valerio, dont les tentacules se propagent aussi en direction du gouvernement du gouvernement fédéral du PT. En outre, tu sais qu’Aécio est poursuivi en justice, accusé d’improbité administrative, dans une Action Civile publique conduite par le Ministère Public du Minas Gerais, en raison du détournement de quatre (4) milliards et 300 (trois cents) millions de dollars du secteur de la santé dans le Minas ? Tu ne le sais pas ? Et l’aéroport construit avec l’argent public dans une zone expropriée d’une partie de la ferme de son oncle, dans la région de Minas, tu en as entendu parler ?

Bon, tout ça je te le raconte, Da Matta, en raison de ta vision étroite et sélective sur la corruption du PT, oubliant (à dessein ?) la corruption qui vient du cadre tucano. En principe, cela ne me semble pas digne d’un intellectuel. Passable encore de la part d’une personne commune, ou de quelqu’un qui écrit sur Facebook, ce point de vue réductionniste est, à mon avis, honteux pour un érudit.

Je peux encore comprendre qu’il y ait des gens dans les médias « experts » (substituts de seconde zone des vrais intellectuels) qui vendent leurs fausses expertises en solde, et pour tous les goûts, mais je ne crois pas que ce soit ton cas. Je préfère croire à un acte moins pensé, un soutien passionné, voire passionnel, peut-être le résultat d’un aspect personnel que je ne connais pas comme, par exemple, avoir été personnellement lésé par le PT, ou bien avoir des relations étroites avec quelqu’un du PSDB. Mais même ainsi, il n’y a aucune justification à la publication d’un pamphlet aussi sommaire, tant au goût de la Globo, de la Folha, de l’Estado ou du magazine Veja. Toi, Da Matta, un intellectuel qui à définitivement perdu mon respect, à cause d’un dérapage qui te met au niveau d’un Reinaldo Azevedo ou d’un Augusto Nunes. Tu es devenu un Jabor (tous trois journalistes, caractérisés par leur haine du PT, et particulièrement de Lula. Le dernier, Arnaldo Jabor, à été, lui aussi il y a très très longtemps, un bon réalisateur de cinéma NdT). Si tu insistes sur cette ligne, et j’espère que ça n’arrivera pas, tu tomberas au niveau d’un Merval Pereira, un de ces immortels de l’œuvre unique (Merval Pereira, journaliste à Globo News, à CBN et au quotidien O Globo, est membre de l’Académie Brésilienne des Lettres – Márcio Valley commet ici une petite erreur, car cet immense journaliste a publié deux livres à ce jour, et non un seul NdT)

Retourne à la raison intellectuelle, Da Matta. On ne te demande pas un soutien sans faille du PT, mais si tu t’opposes à la ligne économique du gouvernement actuel, ou à la manière dont il traite les questions sociales, ou encore à la politique étrangère défendue par Itamaraty (Ministère des Affaires Étrangères – du nom de l’ancien Ministère, le très beau Palácio do Itamaraty, à Rio de Janeiro, auparavant capitale du pays NdT), ou pour tout autre raison que tu auras librement considérée, en tant que citoyen, comme non appropriée à ta pensée, rejette au moins ces raisons pour des motifs logiques et rationnels corrects.

On ne peut pas traiter le PT de « propriétaire exclusif d’un Brésil qui nous appartient à tous », un slogan qui ne recherche que les applaudissements faciles. Ou parler d’« appareil d’État », un mantra qui peut plaire à ceux qui ignorent la façon dont les processus politiques se matérialisent, mais qui devient franchement ridicule quand il est prononcé par un intellectuel, qui sait que l’« appareil d’État » est partie intégrante du processus démocratique, puisque chaque parti qui arrive au pouvoir remplit les espaces politiques existants dans le gouvernement, justement pour fournir aux électeurs la direction politique qu’ils ont choisie par des élections libres. Ou alors toi, Da Matta, tu penses que le PSDB n’a pas mis en place d’« appareil d’État » quand il était au gouvernement fédéral, ou bien encore qu’il n’a pas nommé l’un des siens à presque tous les postes politiques de l’État de São Paulo, qu’il administre depuis vingt ans (tu as quelque chose à dire au sujet de la « perpétuation du pouvoir » à São Paulo ?).

Tenons-nous en, par conséquent, à la discussion politique. Parlons d’économie, de santé, de sécurité publique, d’éducation et de ceux que nous considérons comme les plus susceptibles de faire face à ces énormes défis. Parce qu’en matière de corruption, Da Matta, et j’affirme quelque chose que tu sais depuis longtemps, il faut toujours commencer par balayer devant sa porte.

Ne descends pas aux niveau des tabloïds. Tu es plus grand qu’eux. Je crois encore en toi et je te soutiens.

Ton lecteur, Marcio Valley.

http://marciovalley.blogspot.com.br/2014/10/um-soco-na-arrogancia-da-visao-seletiva.html

Traduit et commenté par Lucien pour Si le Brésil m’était traduit...

»» http://lebresilentraduction.tumblr....

Notes du traducteur :

(1) Paulo Roberto Costa, ancien directeur de la Petrobras, et Alberto Yousseff, « doleiro » (qui pratique illégalement le change, et qui envoie de l’argent à l’étranger sans passer par les circuits légaux), tous deux accusés dans un procès de corruption lié à la Petrobras, ont passé un accord avec la justice, qui prévoit la diminution de leur peine en échange d’informations. Ce procès est censé se dérouler dans le secret de la procédure mais, comme par hasard, en pleine campagne électorale, des « informations » sans le moindre début de preuve, accablantes pour le PT au pouvoir, ont été transmises aux journaux. Selon le Juge Sérgio Moro, la procédure est secrète, mais les auditions restent publiques ! Pour les lusophones, on est ici en pleine rhétorique du sabe o que que é... (c’est que, en fait, je t’explique...), entourloupe verbale en général pratiquée par les picaretas de seconde zone, dans des justifications emberlificotées qui font beaucoup rire quand elles ne portent pas à conséquence, mais qui, dans ce cas, montée au sommet du pouvoir judiciaire, est atterrante.

(2) Ici, on doit donner raison à l’ancien président, car la population la plus pauvre, qui n’a pas les moyens d’accéder à internet ou au câble, ne regarde que les chaînes hertziennes, principalement la TV Globo et, dans une moindre mesure, les chaînes évangélistes ; elle est, de ce fait, effectivement très mal informée.

(3) Interview de Fernando Henrique Cardoso (en portugais) http://eleicoes.uol.com.br/2014/noticias/2014/10/06/fhc-pt-cresceu-nos-grotoes-porque-tem-voto-dos-pobres-menos-informados.htm

(4) On ne peut s’empêcher, devant cette haine des nordestinos, de penser à l’apport des états du nord et du nord-est du Brésil à la culture brésilienne. En effet, il se trouve que l’écrasante majorité des intellectuels et des écrivains brésiliens, dont plusieurs sont de véritables génies, sont natifs de ces régions. En voici une liste non-exhaustive : Maranhão : l’immense traducteur de Virgile et d’Homère Odorico Mendes et les trois poètes Gonçalves Dias, Sousândrade et Ferreira Gullar ; Ceará : le romancier José de Alencar ; Alagoas : le romancier Graciliano Ramos ; Paraiba : le dramaturge Ariano Suassuna ; Bahia : le cinéaste Glauber Rocha, le juriste et politicien Ruy Barbosa, le romancier Jorge Amado, sans oublier les musiciens et chanteurs Caími, Caetano Veloso, Gilberto Gil ; Pernambouc : l’ethnologue Gilberto Freire et le poète João Cabral de Melo Neto, ainsi que, pour finir sur un pseudonyme doux à l’ouïe et à l’âme : (le musicien) Lenine. Conclusion : lisez ces auteurs si vous en trouvez les traductions, ou mieux : apprenez le portugais !

(5) le traducteur avoue avoir apprécié, à l’époque, son essai Carnaval, bandits et héros.

(6) http://oglobo.globo.com/opiniao/um-soco-na-onipotencia-14174717


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C’est amusant comme le commun des mortels s’imagine que nous sommes sans cesse affairés à leur mettre des idées dans la tête, alors que c’est en empêchant certaines pensées d’y pénétrer que nous faisons le mieux notre travail.

C.S. Lewis, 1942

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